RÉACTIONS – Si le blackface énerve les Noir.e.s du monde entier, -ou presque-, L’Afro a décidé de demander ce qu’en pensaient les personnes blanches. Récit d’une entreprise complexe.
On parle beaucoup du blackface, pratique créée par Thomas Rice pour le théâtre dans les années 1820 consistant à se couvrir le visage de noir et les lèvres de rose ; Rice signait l’acte de naissance de la caricature de l’archétype de l’esclave appelé Jim Crow, qui donna aussi son nom aux lois ségrégationnistes aux États-Unis.
Si tou.te.s les Noir.e.s ne connaissent pas bien cette pratique, une poignée d’entre eux condamnent la survivance de cette pratique indigne et raciste, en écrivant, en militant contre, en France et ailleurs dans le monde.
Et les Blanc.he.s ? On s’est dit qu’on voulait les entendre, les trouvant rares à évoquer le sujet. Non pas pour qu’ils s’expliquent, se justifient. Plutôt pour qu’ils s’expriment, simplement, puisque le sujet, s’il peut intéresser tout le monde, les concerne également au premier chef.
On a lancé des appels à témoin, pensant que ce serait simple d’avoir des réactions, des avis, des réponses à cette question : « Pour vous, c’est quoi le blackface ? ». C’est vrai qu’on voulait enregistrer les propos comme on l’a déjà fait ici et là ; pour beaucoup de personnes contactées, logistiquement, c’était compliqué. Les difficultés pour recueillir les témoignages ont été importantes.
- Auprès de celleux qui ne savaient pas
En demandant à notre entourage, en lançant des appels sur les réseaux sociaux, le constat s’est fait rapidement : le blackface est souvent méconnu. Bon nombre des personnes que l’on a approché ont déclaré ne jamais en avoir entendu parler, malgré le récent tollé créé par le blackface de la journaliste Jeanne Deroo, les soirées « négro » de policiers du Kremlin-Bicêtre et des articles publiés sur des sites d’info grand public décryptant le phénomène, dont celui-ci plutôt bien fait et accessible.
Quand nous leur avons proposé de les interroger à ce sujet, elles s’y sont intéressées et se sont renseignées sur internet pour mieux appréhender l’histoire de cette pratique. Mais en quelques minutes, difficile d’avoir tous les clés pour mûrir une réflexion complète, sans se poser encore de nombreuses autres questions…
Theo, 24 ans : « Je ne connaissais pas… »
2. Celleux qui savent mais ne veulent pas en parler
Ou la majorité silencieuse. La plupart des personnes que nous avons contacté ont refusé de s’exprimer, ne s’estimant pas légitimes car blanc.he.s.
D’autres, parfaitement renseignées, fréquentant des cercles plutôt militants, et ayant un avis étayé sur le sujet, mais le jugeant « délicat », plutôt sensibles au combat mené par les militants, n’ont toutefois pas voulu l’évoquer, opposant le fait qu’on leur ait trop souvent renvoyé leur illégitimité à en parler.
Nous avons également contacté des personnes ayant eu recours au blackface ; cela s’est su et a suscité des réactions sur les réseaux sociaux. Là encore, ces personnes, ayant « appris de ces événements » ont dit « préféré ne pas remuer le couteau dans leur plaie ».
3. Celleux qui savent et condamnent cet acte
Parmi les rares personnes qui ont accepté tous les préalables pour témoigner dans ce post, une jeune femme, Morgane… féministe. Pour cette dernière, sensibilisée suite à la polémique suscitée par le blackface de la journaliste Jeanne Deroo, entendre la parole de Noir.e.s jugeant cette pratique dérangeante et inconcevable parce que raciste est primordiale, cette parole n’ayant pas à être remise en cause, mais devant juste être acceptée.
Morgane, 26 ans : « Il est évident que c’est quelque chose d’offensant. »
Faut-il être « conscientisé.e » ou « militant.e » pour avoir envie de s’informer sur le sujet et comprendre le caractère offensant du blackface ?