RÉGIONALES – Iels expliquent pourquoi iels votent

TÉMOIGNAGE – Le second tour des élections régionales, c’est demain!  Le Front National a remporté 6 des 13 régions dimanche dernier avec un taux d’abstention global de 48% . Certain.e.s nous ont écrit en quoi selon elleux , il est important de se rendre dans les bureaux de vote.

Johanna, 24 ans : « Ne pas voter, c’est sous-estimer son potentiel d’influence. »

Johanna

« Élections régionales ou présidentielles, pour moi, il est important d’aller voter. Ne pas voter, c’est laisser aux autres le soin de décider de l’avenir de sa ville, de son quartier, de son pays et des services publics dont nous avons besoin au quotidien. Ne pas voter, c’est sous-estimer son rôle, réduire à néant son potentiel d’influence.

Le but de ce dernier scrutin, c’est d’élire les conseillers régionaux, à savoir les personnes qui vont influer sur mon quotidien pour les six prochaines années. Elles jouent un rôle de premier plan dans la formation professionnelle, des différents transports (routiers, scolaires, ferroviaires, aéroports.). Elles interviennent aussi dans de nombreux secteurs, notamment l’enseignement et la culture. Je suis étudiante en master Édition et de l’Audiovisuel  (MEA) à la Sorbonne. Je prends tous les jours les transports en commun et j’aime beaucoup voyager à l’étranger. Il est donc important pour moi de voter pour un conseiller régional qui me correspond et s’investit dans ma région. Enfin, les élections régionales n’ont pas certes le pouvoir de changer les lois votées par le Parlement mais elles disposent d’un levier puissant pour infléchir certaines politiques nationales. Voter, c’est influencer! »


 

Jean, 23 ans : « Il faut voter par respect pour ceux qui ne peuvent pas le faire. »

Jean_Fall_vote

« Voter, c’est un devoir en tant que citoyen. Pendant une période de ma vie, plus jeune, j’étais en contradiction avec les politiques mises en place, je ne me reconnaissais entièrement dans aucun parti, mais je pense avoir gagné en « maturité » politique aujourd’hui.La politique ne se résume pas aux élections présidentielles. La vraie politique se joue localement, d’où l’importance des autres élections délaissées (municipales, cantonales, régionales). Les élus que vous n’entendez pas, ceux qui siègent au Sénat et à l’Assemblée nationale, votent chaque jour nos lois. Tous les dispositifs de financements, de soutien culturel, de démocratie locale et j’en passe, dépendent de ces structures et non pas du président ou du gouvernement directement. Si vous avez la chance d’accueillir un festival de musique dans votre ville, c’est grâce aux élus locaux. Si vos hôpitaux fonctionnent dans votre région, c’est la même chose. Ce sont eux qu’il faut vraiment choisir.L’abstentionnisme d’aujourd’hui nous montre quelque chose d’important : le manque d’informations sur le fonctionnement de nos institutions politiques. Je me demande si les citoyens qui ne vont pas voter sont réellement au courant de l’impact du vote. Chacun semble réfléchir dans sa bulle avec ses propres problèmes et réalités en pensant qu’ils ne sont pas concernés par le scrutin. Il y a aussi les mécontents qui se plaignent de ne pas voir les mesures qu’ils auraient souhaité voir être appliquées par un candidat pour lequel ils n’ont pas voté.

D’autre part, je voudrais insister sur la notion de devoir. Oui, les « pères fondateurs » de notre chère République se sont battus pour nous accorder ces droits. C’était il y a plus de 200 ans et il y a eu presque 100 ans avant que la démocratie soit effective et encore plus pour que les hommes et les femmes puissent voter. Bref, c’est très récent! Mais sans aller aussi loin dans le temps, je demande à tous nos citoyens d’avoir la décence de s’informer car dans d’autres pays, les gens n’ont pas le droit de voter, des gens meurent tous les jours pour pouvoir simplement mettre un papier dans une urne et faire valoir leur opinion. Nous avons le devoir de les respecter. Au pays des droits de l’Homme, les hommes doivent faire respecter ces droits ! Ce n’est pas tout le temps la faute de l’Etat!

En ce qui concerne le vote blanc,si l’on veut qu’il soit pris en compte, nous devrons justement exprimer notre voix pour cela. Mais après? On va tous voter blanc et refaire sans cesse des élections ? Il n’y a pas de candidat parfait, comme il n’y a pas d’homme parfait.Si vous n’êtes pas d’accord, prenez l’initiative de vous informer et essayez de changer les choses par des actions concrètes, mais au moins faites un choix réel, car le non-vote par conviction n’est pas un choix. Nous sommes à l’aube d’un changement politique majeur où un parti d’extrême-droite va certainement devenir majoritaire. Et ce que ce parti a réussi à faire, c’est justement de convaincre ses électeurs de voter ! Donc si vous ne voulez pas que le FN monte et que des élus stupides comme Florian Philippot arrivent aux plus hautes instances de notre pays, alors allez voter. »


Elisabeth, 30 ans : « Naturalisée à 24 ans, le droit  de vote a une valeur particulière pour moi. »

Elisabeth

« Voter représente pour moi un acte citoyen qui me semble important d’accomplir car il nous permet d’exprimer nos choix et nos attentes à travers le bulletin de vote.  S’intéresser à la vie politique du pays et y participer me parait essentiel pour envisager une évolution de notre société. Cela peut également s’apparenter à un acte militant (comme on a pu le constater en 2002 par exemple), pour affirmer son opposition à un courant politique. Voter est un droit, un devoir, mais plus encore un pouvoir selon moi, nous permettant  de faire part de notre opinion. De plus, je trouve que de ne pas voter enlève une certaine légitimité face à la critique ou la plainte du régime politique en place. Nous sommes en effet les premiers concernés et sollicités pour élire ceux qui nous gouvernerons demain.

Au-delà de ce que cela représente,  pouvoir voter prend une dimension particulière du fait de mon parcours personnel. Arrivée en France à un an, je n’ai obtenu la nationalité française qu’à l’âge de 24 ans et n’ai donc pas eu le droit de voter dès ma majorité . Ma voix ne correspondait pas à un vote blanc ou nul, elle n’existait tout simplement pas et n’importait pas. C’est ainsi que je le ressentais.

Cela était assez frustrant dans le sens où ayant grandi, effectué mes études et travaillé en France, je me sentais française à part entière et vivait mal cette exclusion du système électoral (entre autres). Pour moi, c’était comme si on reniait mon appartenance à  la société française en tant que citoyenne, alors que j’y ai toujours évolué et m’y sentais y appartenir comme toute autre personne, si ce n’est davantage. Voilà pourquoi il me semble nécessaire de se rendre dans les urnes pour « faire entendre » sa voix. »


 

Tiphanie, 21 ans : « Voter est un acte de liberté et de souveraineté »

Tiphanie

« Pour être tout à fait honnête, les paroles des politiques ne m’inspirent rien, la bataille partisane à laquelle ils se livrent me semble tout à fait puérile et n’a quasiment rien à voir, selon moi, avec la politique au sens fort du terme. D’ailleurs fait-on encore de la politique ? Aujourd’hui, les objectifs phares des programmes sont « le retour de la croissance» et « la baisse du chômage » ! Pourquoi le politikos se réduit-il désormais uniquement à l’oikos ?! En tout cas, l’absence de philosophie politique ou tout simplement d’idée réellement politique m’ennuie.

Alors pourquoi choisir tout de même entre la peste et le choléra ? Tout simplement car c’est l’acte qui compte. L’acte de voter se suffit pour exprimer notre liberté et notre souveraineté. Cette décision, entre tel ou tel programme, fait de nous des citoyens car nous devenons responsables, non seulement de notre petite personne mais de l’ensemble de notre communauté de citoyens.

Lors des élections présidentielles de 2012, je n’avais que 17 ans et ne pouvais donc pas voter. Quelle frustration ! Quel affreux sentiment d’impuissance ! Etre citoyen est définitivement une chance considérable et insuffisamment considérée. En être privé pour x raison est assez révélateur. Voter c’est exister socialement, que certaines personnes le veuillent ou non. Le droit de vote arraché par les Afro-américains après la guerre de Sécession en est un bel exemple : suite à la victoire de l’Union, les Sudistes ont essayé par tous les moyens d’empêcher les anciens esclaves de voter : intimidation, menaces, mesures administratives, violences … Cependant, la résistance des Afro-américains a été exceptionnelle. Ces derniers, jusqu’à l’établissement du système ségrégationniste, ont bravé ces dangers pour se déplacer massivement aux urnes.

Cas extrême, certes. Mais cet exemple vous explique la raison pour laquelle je suis révoltée par les non-votants. Encore si cela s’expliquait par fidélité à l’idée politique d’anarchie ! Cela couvrirait cette absence d’action d’une aura romantique et passionnée mais il faut bien l’avouer, aujourd’hui, si les gens ne votent pas c’est avant tout parce qu’ils sont englués dans la passivité ou parce qu’ils sont dénués de tout sens du « commun » en raison de la progression de l’individualisme. Sans oublier qu’en bons Français, ces derniers seront les premiers à se plaindre à l’annonce des résultats… »

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