FOCUS – Renée Greusard, Kareen Guiock, Kady Adoum-Douass… : Cinq journalistes noires à suivre 

Vous les lisez, écoutez peut-être. Ou vous allumez votre télé exprès pour les voir. Renée Greusard, Julie Martin, Kareen Guiock, Aline Afanoukoé ou encore Kady Adoum Douass parlent de musique, de sexe, de faits de société, font de l’info en somme. L’Afro vous les présente.

Aline Afanoukoé, la pile électrique

Sa référence suprême, c’est Oprah Winfrey comme elle le disait à Télérama en 2013. Son truc, c’est la culture et la musique, aussi bien à la radio qu’à la télé. Aline Afanoukoé a débuté sa carrière chez Radio Nova et y prend ses quartiers pendant une bonne dizaine d’années, jusqu’en 2011. Elle reste encore aujourd’hui une figure emblématique de l’antenne, avec pour marques de fabrique sa voix cassée et sa large et éclectique culture musicale. Puis, hyperactive, elle ne cesse de tenter de nouvelles choses en passant par Europe 1 pour présenter Le Top d’Aline,  France 2 avec le magazine L’Oeil en coulisse  mais aussi chez France 5 puis France Ô -où elle a pu animer deux émissions : Aline aux pays des merveilles et Le Ring –  et actuellement France Inter.

Julia Martin, valeur sûre d’Europe 1

Sa carrière débute en 2005 lorsque Jean-Pierre Elkabbach, à la tête de la radio Europe 1, et Muriel Hees, à la direction des programmes, la recrutent. Julia Martin remplace  Julie Leclerc durant les étés 2007 et 2008 dans l’émission A contre-courant aux côtés de Maud Fontenoy. Pendant un an (de 2012 à 2013), elle passe à la télé sur le plateau de NRJ12 pour l’émission de Jean-Marc Morandini Vous êtes en direct en tant que chroniqueuse tout en continuant d’intervenir régulièrement auprès de Laurent Ruquier, Patrick Cohen ou encore Jacques Pradel sur Europe 1. Julia Martin s’installe durablement sur la station dès 2012 où elle anime son émission musicale, Campus, trois étés de suite jusqu’en 2015. Depuis septembre 2015, la journaliste est aux commandes de l’émission La playlist Europe 1 pour parler musique, toujours.

Kady Adoum Douass, l’internationale


Depuis 2008, Kady Adoum Douass n’a pas arrêté de travailler pour la radio ou encore la télévision. Elle a notamment officié sur les plateaux de France 24 ou encore d’i-Télé, à la présentation des journaux. Elle a été notamment à l’antenne dans la matinale de Canal + lors de la réélection de Barack Obama en novembre 2012. Depuis janvier 2015, Kady Adoum Douass, présente le journal d’Arte, en alternance avec Marie Laborit, l’un des visages de la chaîne franco-allemande.

Renée Greusard, passion : intime

La journaliste franco-sénégalaise, co-fondatrice d’un blog pour raconter Dakar, a travaillé de manière indépendante pour Le Monde ou Slate, avant de devenir l’un des piliers du site Rue89. Elle a précisément rejoint le pure-player afin de s’occuper de la rubrique Rue69, centrée sur le sexe, après le départ de l’anonyme et agenré.e Camille. « Féminisme, santé, sexe et MANGER (sic) » : les obsessions de Renée Greusard comme elle le dit dans sa bio Twitter sont autant de sujets pour ses articles. Celle qui dit aussi vivre dans un film de Jacques Demy, a écrit entre autres sur l’avortement, de nombreux articles dans la géniale rubrique Vie de baise, où des personnes parlent de leurs sexualités, d’Azealia Banks, sur son rapport à son identité, ou encore sur la course à pied, dont elle a même tiré un livre.

Kareen Guiock, à 12h45 précises

Dans son parcours, il y a de la musique,-elle est auteure-compositrice-interprète-, et des voitures. Son expertise automobile a longtemps fait mouche dans l’émission Turbo sur W9, où elle avait une chronique.  Kareen Guiock s’illustre depuis 2011, dans la présentation des JT sur M6. Titulaire du 12.45 depuis  le départ d’Aïda Touhiri,  en 2012, la présentatrice ne cesse de casser son propre record d’audience, faisant de son journal de la mi-journée, l’un des plus suivis par les téléspectateur.ice.s de moins de 50 ans.

MEDIAS – Quatre fois où Rokhaya Diallo a été attaquée publiquement

POLEMIQUES – Prendre des positions quand on est un personnage public, c’est s’exposer à de violentes réactions de la part de ses détracteurs, qu’ils soient connus ou anonymes. Dans le cas de Rokhaya Diallo, ça fait presque 10 ans. Bref rappel, qu’on peut être réduite à son enveloppe et ses attributs féminins, parce qu’on défend ses opinions.

Editorialiste, auteure d’essais, d’une BD, d’un livre sur les personnalités qui portent le cheveu afro, militante et co-fondatrice de l’association Les Indivisibles, réalisatrice de films documentaires, conférencière, animatrice sur BET, mais aussi passionnée de mangas et  doubleuse de mangas, productrice, blogueuse lifestyle, égérie d’une marque de bijoux éthiques… Rokhaya Diallo est un personnage public, devenu incontournable, qui multiplie les activités dont les engagements et les prises de paroles anti-racistes, féministes, pro-sexe dans la presse et sur les réseaux dérangent. L’Afro rappelle quatre moments, -mais ils sont plus nombreux- où elle a dû faire face à des agressions au cours de débats ou sur Internet.


Quand Eric Zemmour la renvoyait à sa « race noire »

Bien avant Nadine Morano, Eric Zemmour parlait de race blanche à la télé. En 2008, alors qu’il débat avec Rokhaya Diallo sur le plateau de l’émission d’Isabelle Giordano, Paris-Berlin, à la « race noire » de R. Diallo, le polémiste lui oppose sa « race blanche », validant leurs existences du fait que cela se voit, à l’issue d’un débat où il déplorait l’effacement des « hiérarchies entre les cultures », comme le retranscrit le site acrimed. Présent, Vincent Cespedes a également rappelé que « les races » n’existaient pas pour les scientifiques.

Quand Caroline Fourest a mal pris son Y a Bon Awards

Des heurts et des prises de bec idéologiques entre Caroline Fourest et Rokhaya Diallo, il y en a eu beaucoup. La militante, co-fondatrice des Indivisibles est aussi l’organisatrice des Y a Bon Awards, une cérémonie satirique qui récompense les phrases racistes prononcées par des personnalités publiques. En 2012, pas contente d’avoir reçu un prix pour avoir parlé « des associations qui demandent des gymnases pour organiser des tournois de basket réservés aux femmes, voilées, pour en plus lever des fonds pour le Hamas », Caroline Fourest s’était exprimée longuement dans un billet sur son blog pour dénoncer Rokhaya Diallo dont « le but (…) et de son association (Les Indivisibles) n’est pas de militer contre le racisme… Mais de combattre les antiracistes ayant le tort, à leurs yeux, de défendre la laïcité. » Suite à sa volonté de porter plainte contre l’association pour injures et diffamation, d’autres personnalités telles l’écrivaine Leonora Miano, la chercheuse Christine Delphy, la cinéaste Claire Denis, le rappeur Akhenaton, ou encore le producteur Kader Aoun ont signé une pétition de soutien aux Indivisibles.

Quand un internaute a appelé à son viol sur Twitter

« Il faut violer cette conne de rokaya comme ça fini le racisme » (sic). C’est ce message qu’a adressé sur Twitter un homme, travailleur au statut d’handicapé, qui dira à son audience avoir voulu « attirer l’attention ». Un message qu’avait retweeté Rokhaya Diallo, qui ne voulait « pas garder ça sous silence ! Quand on est une femme et qu’on prend la parole, on subit ce genre de réactions sur les réseaux sociaux ». Mardi 22 décembre 2015, LCP a rediffusé Les Réseaux de la haine, le documentaire de l’éditorialiste, qui retraçait son action en justice contre ce jeune homme dénommé Samir. Streetpress avait assisté à l’audience, marquée par le moment hallucinant où l’avocate de l’accusé s’est mise à pleurer à l’évocation de la situation et de la vie difficiles de son client. Si Rokhaya Diallo a admis comprendre sa détresse, mais pas pourquoi elle est devenue sa cible, elle a tenu à rappeler qu’elle était la victime. Le 24 janvier 2014, Samir a été condamné à 2.000 euros d’amende, dont 1.400 avec sursis et 1.000 euros de dommages et intérêts, contre les 520 000 euros demandés à l’origine.

Quand Ivan Rioufol demande à Rokhaya Diallo de se désolidariser des attentats contre Charlie Hebdo

En sa qualité d’éditorialiste, Rokhaya Diallo est une habituée de On Refait le monde sur RTL. Elle intervenait dans l’émission animée par Marc-Olivier Fogiel le 8 janvier 2015, au lendemain des attentats perpétrés contre Charlie Hebdo, comme Ivan Rioufol. Ce dernier l’a sommé de se désolidariser de ces actes meurtriers, elle ainsi que tous les musulmans qu’il invite à manifester, de manière insistante, analysant une « société submergée par l’islam radical ». Laurence Parisot n’a pas apprécié qu’il sous-entende que les musulmans, « nécessairement pas solidaires » puissent adhérer à l’horreur terroriste et aient à s’en désolidariser. « Vous vous exprimez en tant que chrétien vous ? », « Vous mettez de l’huile sur le feu de manière indigne », a-t-elle notamment dit. Marc-Olivier Fogiel a dû également recadrer Ivan Rioufol, « en colère » et qui avait du mal à se contenir. « Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n’ai rien à voir avec ça ? » a dit Rokhaya Diallo, entre autres, scandalisée par un débat houleux et blessée d’avoir été prise à parti au point de  pleurer.