Les Vikings, Victor Hugo, les Mérovingiens, Montesquieu, … voilà un petit pot-pourri de souvenirs de mes cours d’histoire et de littérature. Et là, je me demande quelle place pour les Noir.e.s dans tout ça ?
C’est au collège que le problème a véritablement commencé à se faire sentir. Quand une professeure d’histoire-géo ose dire que la colonisation a eu des bienfaits -vous savez bien, les routes, l’électricité, etc – là, ça tique.

Quand on étudie les guerres mondiales, encore, et encore, et encore…(un petit dépoussiérage des programmes s’imposent mais ça, c’est une autre histoire) et qu’on se retrouve avec un petit paragraphe de rien du tout avec une illustration encore moins grande au-dessus représentant des esclaves noirs enchaînés les uns aux autres pour faire un cours – ou plutôt une mention- sur ce qu’était la traite négrière, il y a un léger souci.
Quand au lycée on étudie des textes des génies du siècle des Lumières, qui ont la bonté de vouloir éclairer les lanternes des petites gens de leur époque et sont censés aujourd’hui susciter notre admiration voire nous faire lâcher une larme, alors que certains étaient eux-mêmes des esclavagistes, ça devient un poil plus compliqué.

Même chose pour ceux arrivés plus tard, au XIXème, avec cette fibre humaniste dans le but de dénoncer des injustices parmi la population alors qu’ils partagent la conviction de Jules Ferry selon laquelle la « mission civilisatrice » des « sauvages » est le chemin, ça n’a aucun de sens. Comme si les Noir.e.s n’existaient pas en France, comme s’il n’y avait jamais rien établi pour ne pas dire qu’iels ne sont « pas assez rentré.e.s dans l’histoire » pour citer quelqu’un que l’on connait bien.
Enfin, en cours d’anglais, on me parle de Martin Luther King, de Malcolm X, de Rosa Parks (oui, toujours les mêmes et c’est déjà très bien !), ça aiguise ma curiosité et un champ des possibles s’ouvre à moi. Et je finis par me demander s’il existe de telles figures en France.
L’éducation purement scolaire n’a pas été suffisante. Il aura fallu chercher en-dehors. Je ne pense pas que l’école doive tout nous apprendre mais plutôt nous donner des pistes de réflexion. Sauf que ces pistes en question ont brillé par leur absence.
Oublier de parler des rébellions et luttes qui ont été menées par des esclaves pour sortir de leur état de servitude en précisant que certaines ont même abouti à des victoires comme dans le cas d’Haïti (qui en paie encore cher le prix aujourd’hui) ? Et les indépendances africaines qui, à en croire les manuels scolaires et les professeurs de mon temps du moins, se seraient toutes faites dans la joie et la bonne humeur ? (A l’exception de l’Algérie bien sûr, la pilule aurait été un peu trop grosse à faire passer…) Parce que oui, tout ça fait bien partie de l’histoire française.

Des exemples de femmes et d’hommes ayant leur place dans l’histoire de France et se trouvant être afrodescendant.e.s, il y en a pourtant.
Aujourd’hui, on enseigne un peu de Césaire, c’est déjà un premier pas. En tant que poète surtout mais pas tellement en tant qu’homme politique, lui qui est resté maire de Fort-de-France pendant 56 ans !
Un « Black History Month » en France, une bonne idée ? J’en vois déjà venir et sortir le mot qui fait peur : « communautarisme ». Dans un monde idéal, on parlerait, par exemple, de Paulette Nardal, première femme noire d’origine martiniquaise à avoir étudié à la Sorbonne, instigatrice du mouvement de la négritude et qui, avec sa soeur Andrée et Léo Sajous, ont lancé leur propre journal, « La Revue du Monde Noir ».

On expliquerait que les tirailleurs sénégalais -qui n’étaient pas tous sénégalais !- étaient bel et bien présents lors de la libération de Paris à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Et on pourrait dire une fois pour toute que choisir Gérard Depardieu pour incarner Alexandre Dumas alors qu’il était métis, est un choix qui peut laisser perplexe.
Quand on remettra les Noirs de France à leur place dans les chapitres de l’histoire, on aura sûrement plus besoin de se poser la question.
Adiaratou Diarrassouba