Oui, on a Chocolat et Adama, un film grand public sur un artiste noir majeur du siècle dernier et de l’animation sur le sujet politique et douloureux des tirailleurs sénégalais. On veut encore d’autres films qui racontent la France noire.
On pourra dire ce qu’on veut : le film Chocolat, sorti dans les salles ce mercredi 2 février, a le mérite de raconter l’histoire dudit « oublié » clown Rafael Padilla de son nom de naissance. La mise en scène classique et plutôt réussie de Roschdy Zem, acteur qui signe sa quatrième réalisation, retrace l’ascension de l’artiste, né à Cuba dans les fers, et incarné par Omar Sy, devenu la coqueluche d’un Paris raciste qui s’éveillait peu à peu aux attraits des saltimbanques venus d’ailleurs, pour résumer.
Les décideurs disaient souvent que le public n’était pas prêt, pour voir enfin d’autres choses. La question peut se poser : Chocolat est-il le signe que d’autres projets d’envergure, pour le grand public sont à l’oeuvre ? Des oeuvres pas tièdes, actuelles, qui évoqueront des personnalités importantes afrodescendantes, -afrofrançaises et africaines surtout ?-, qui raconteront d’autres histoires, adaptées ou pas d’ouvrages marquants ? De purs témoignages sur la complexité, la beauté de la vie en France, du monde ? Des regards francs et parfois sacrément noirs ? Ces oeuvres-là sont en préparation.
Documentaires, fictions, séries télé… L’Afro vous présente trois projets pensés, écrits, réalisés ou encore produits par des Afrodescendant.e.s qu’il lui tarde de voir sur les écrans.
Une si longue lettre de Mariama Bâ réalisé par Angèle Diabang
Angèle Diabang est la première à avoir consacré un documentaire sur le Dr Mukwege, le médecin congolais qui soigne les femmes victimes de viols en RDC. L’ancienne élève de la Fémis s’est depuis attelée à un nouveau projet : celui d’adapter d’Une si longue lettre, le beau et fort roman de l’écrivaine sénégalaise Mariama Bâ publié en 1979, influence importante pour de nombreux.se.s auteur.se.s. De nombreuses questions y sont abordées, l’intime, le mariage, la polygamie, mais Angèle Diabang ne retient pas particulièrement cette dernière thématique comme centrale dans le roman.
La réalisatrice, qui écrit également le scénario, s’est dit particulièrement inspirée par cette histoire d’amitié forte entre les deux héroïnes, Rama et Aïssatou, à qui est adressée la si longue lettre du titre. Elle a confié qu’elle allait planter l’intrigue dans « le Sénégal de ces dix dernières années » ; c’est peu de le dire qu’on l’attend de pied ferme.
Ouvrir la voix d’Amandine Gay
La comédienne, militante, tient un des comptes les plus suivis de la twittosphère afroféministe. Quand elle n’écrit pas seule des articles parlant de l’occultation de la blanchité dans le débat public, ou du problème de manque de représentation des acteur.ice.s non-blanc.he.s, qu’elle ne tient pas son blog ou cosigne des tribunes, ni ne rédige des préfaces à des ouvrages de référence du black feminism, tels le Ne Suis-je pas une femme de Bell Hooks récemment traduit en français, Amandine Gay fait des documentaires.
Elle travaille actuellement sur Ouvrir la voix, un film « sur les femmes noires issues de l’histoire coloniale européenne en Afrique et aux Antilles (…) centré sur l’expérience de la différence en tant que femme noire et des clichés spécifiques liés [à cela] », comme l’explique un mot de la réalisatrice sur la page Facebook du documentaire.
Il y sera « notamment question des intersections de discriminations (racisme, sexisme, homophobie, identité de genre, islamophobie, validisme, etc.) ». Pour préparer l’arrivée du documentaire sur les écrans et popularisé un peu plus les thématiques abordées, Amandine Gay avait organisé une conférence, avec quelques-unes des personnes qui figurent dans le film, à voir ci-dessous.
Le Rêve français produit par France Zobda
La comédienne et productrice française France Zobda, dans une interview pour ce blog, avait évoqué le projet d’une saga centrée sur le BUMIDOM. Elle avait justifié la création de ce 2 x90, destiné à la télévision, par le besoin que tous les Français.e.s ont de connaître toute l’histoire de France et notamment celle de ce bureau créé en 1963 par Michel Debré, sous De Gaulle, spécialement pour permettre l’immigration des Français d’Outre-mer vers la France métropolitaine. L’un des scénaristes est Alain Agat, qui avait déjà co-écrit le film Neg Marron.
On s’est permis d’y ajouter deux propositions ; à l’heure où l’on parle, il se peut que les notes d’intention soient déjà sur des bureaux de boîtes de productions…
Un film sur les révoltes urbaines de 2005
Ladj Li, entre autres a réalisé un documentaire au plus près des événements survenus lors de nuits qui ont vu de nombreux véhicules brûler suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, tué par des policiers à Clichy-sous-Bois en 2005.
Il n’y aura jamais trop d’initiatives pour raconter cette partie de l’histoire.
Un film sur le Paris Noir des années 20-30-40
Paulette Nardal, Aimé Césaire, l’arrivée de Présence Africaine, le congrès des écrivains noirs… On est sûres qu’un film historique, une série, une saga, bref une fiction avec une bonne intrigue, de beaux costumes pour rappeler le rôle fondateur des femmes, montrer la face cachée et un peu plus humaine des acteur.ice.s de ces périodes fondatrices pour penser la politique, les idées, la place des noir.e.s dans l’art, en France, dans le monde remporterait tous les suffrages.
On a encore plein d’idées, et vous ?
Neg’ Marron n’est pas vraiment un film que j’ai aimé, donc j’émets des réserves, même si le sujet du Bumidom m’intéresse beaucoup. Quand j’ai vu la Première étoile, je me suis demandée si Lucien Jean-Baptiste utilisait des images d’archives dans son intro.
Il y a le Gang des Antillais de Jean-Claude Flamand Barny dont le tournage est fini (je crois qu’il est sur le projet depuis au moins cinq ans) mais il n’y a toujours pas de date de sortie annoncée aux dernières nouvelles… Mais bon, c’est le réalisateur de Neg’ Marron, donc là encore… Je suis un peu plus dans la réserve. Mais de toute façon, au point où on en est, je dis oui à tout film quelque soit la période de l’histoire, de la science-fiction, du Moyen-Âge, je dis oui à tout. Moi je voudrais bien un biopic sur Darling Légitimus, par exemple. C’est clair qu’il y a des tas d’histoires à raconter, les gens avec le talent pour le faire… Ce sont les structures favorables pour mener les projets à bien qui manquent 😦
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Oui on attend Evidemment le gang des antillais mais on a voulu mettre en avant des projets de femmes 😉 c’est interessant on verra si la fameuse saga sur le BUMIDOM vaudra le coup. Le biopic sur Darling Legitimus serait plus que bienvenue c’est sur !!! Et sur tant d’autres…
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