#unjouruneactriceafrofrançaise #26 : Gigi Ledron

TROMBINOSCOPE – Parce qu’on n’en peut plus d’entendre que les comédien.ne.s noir.e.s en France sont invisibles, qu’on n’en connaît peu, que si, que là… on a décidé d’en présenter un, brièvement, tous les jours. Aujourd’hui : Gigi Ledron.

Invisibles, les comédien.ne.s afrofrançais.e.s ? Pendant que nous nous demandons si nous sommes capables d’en citer plus de cinq, ces artistes s’affairent sur les plateaux de cinéma, les planches.

Loin de nier la ligne de couleur qui règne au théâtre, au cinéma, à la télévision et malgré des améliorations, nous voulons les mettre en valeur, à la suite d’autres, justement parce qu’il peut être difficile de savoir où et quand illes jouent.

Vous trouverez ici chaque semaine le nom et la photo d’un.e comédien.ne noir.e, sa date de naissance, son premier film, les films marquants dans lesquels ille a joué, son dernier rôle.  Aujourd’hui : Gigi Ledron.

Gigi-Ledron
Gigi Ledron (Source photo : Agence Parat)

Gigi Ledron est née le .

Elle chante et débute sa carrière en faisant du théâtre musical autour notamment des oeuvres de Molière dans Si les syllabes m’étaient contées par Sarah Eigerman (2002), de Boris Vian dans Trompette bonbon, les Négropolitains chantent Boris Vian (2003) ou de la vie de Joséphine Baker dans la pièce du même nom(2005). Elle joue également le rôle de Bintou, une abidjanaise dans la comédie Men !!! (2005-2006), Jeanne Duval, muse de Baudelaire dans Maudite soit la nuit (2009) ou encore Mamie Till dans la pièce Dans les rivières du Delta (2011).

Au cinéma, elle joue dans La valse des gros derrières aux côtés de Diouc Koma et Mata Gabin (2000), Mama Aloko de Jean Odoutan avec Laurentine Milébo et Stéphane Soo Mongo (2002),  Paris de Cédric Klapisch (2008), Le nom des gens de Michel Leclerc (2010), Carlos d’Olivier Assayas (2010), La stratégie de la poussette de Clément Michel (2011)

Gigi Ledron fait également des apparitions sur le petit écran dans les séries Mafiosa, Alice Nevers, Joséphine ange gardien, Les mystères de l’amour, Engrenages ou encore Q.I.

En 2016, on a pu la retrouver au théâtre dans la pièce Un mariage est si vite arrivé de Laurence Dru, dans la web-série Persuasif de Harold Varango co-produite pas Arte Creative, qui a été récemment diffusé sur BET France.

Cette année, elle a incarné le rôle d’une femme flic dans le téléfilm Noir Enigma de Manuel Boursinhac et Gianguido Spinelli et elle vient d’achever le tournage du long métrage Deux fils de Felix Moati avec Vincent Lacoste et Benoît Poolvoerde.

MODE – Afrikanista, le manifeste afrofrançais entre traditions et modernité d’Aïssé N’Diaye

(RE)DECOUVERTE – Aïssé N’Diaye a créé la marque Afrikanista, reflétant son intérêt pour l’Afrique et la mode. Actuellement au Comptoir Général pour vendre ses vêtements, on l’a rencontrée.

Aïssé N’Diaye, c’est la jeune femme de 35 ans, derrière la marque Afrikanista. Afrofrançaise -franco-mauritanienne-, banlieusarde, cette ancienne visual merchandiser se consacre tout entière à sa petite entreprise. Celleux qui la connaissent déjà n’apprendront rien mais ne l’en aimeront que mieux, celleux qui ne comprennent pas pourquoi ses créations, des t-shirts, des sacs et des pochettes ont peu de wax et beaucoup de messages devraient avoir envie de les approcher de plus près.

Un déclic : une photo de sa mère 

« Ma mère figurait sur une photo avec ma tante, qu’elle avait ramené d’un voyage de Mauritanie, le pays où elle a grandi. La photo, que j’ai vu par hasard il y a quatre ou cinq ans a été prise à Dakar dans les années 70 ; c’est la première fois que je découvrais ma mère petite. J’ai pris conscience que c’était un bien commun mais sous-exploité : on a tous des photos de famille, la photographie africaine reste mal connue. J’ai commencé à m’y intéresser, à faire des recherches sur Seydou Keïta, Malick Sidibé. L’idée de mêler vintage, -j’aime les objets anciens, le style des chanteuses années 70-80-90- et l’Afrique dans un concept a commencé à germer. »

Une pièce phare : les épaulettes 

« Les épaulettes sont inspirées de Beyoncé. Dans les clips de Diva et Run The World, il y a un côté très féministe et girl power qui m’a influencé pour créer le concept de la « Funky Diva », une femme fière de ce qu’elle est, entreprenante, confiante en elle et en son style. Si mes collections ont plutôt attiré les femmes, les hommes qui aiment la mode achètent avec les épaulettes. »

Des opportunités : Le Comptoir Général, Merci 

« La première fois que j’ai présenté mes pièces au grand public c’était lors du festival Art’Press Yourself, organisé par Laetitia N’Goto, en novembre 2015. J’ai pu montrer mes collections chez Merci en mars 2016. Grâce à une de mes followeuses sur Instagram, on m’a contacté pour participer à cette édition So Wax. »
Aïssé N’Diaye propose ses créations au Comptoir Général jusqu’au 30 avril 2016.

Des territoires : l’Afrique, Clichy-sous-bois

« Difficile de me positionner en tant que Française. Je ne me reconnaissais pas dans ce que je voyais à la télé, je me sentais marginalisée : j’ai grandi dans un quartier populaire à Paris, j’ai vécu à Clichy, point de départ des émeutes. Les proverbes africains m’ont toujours influencé, comme « Tant que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur » ; il résume selon moi l’histoire des Noir.e.s. J’ai été seulement deux fois dans le pays de mes parents  ; petite, ce n’était pas évident d’y aller plus. Si j’avais 18 ans lors de mon dernier séjour, je connais la Mauritanie surtout à travers ce qu’en racontent mes parents qui y vont souvent, les photos. Je suis passionnée par l’Egypte antique, je trouvais important de parler de ce pan de l’histoire falsifiée à travers ma marque, qui veut qu’on oublie que les Egyptien.ne.s étaient noir.e.s.. Le logo d’Afrikanista fait référence à l’oeil d’Horus, un dieu égyptien, l’oeil étant une amulette symbolisant la protection. »

Une ambition : se développer à l’international 

« Je veux prendre des leçons de stylisme, ne pas me limiter à la sérigraphie et pouvoir dessiner des collections en wax, fidèles à mon esprit. J’aimerai également ouvrir des points de vente, en France et à l’étranger. Je prépare un projet lié à Afrikanista, mais dont je ne peux pas encore parler. »