(RE)DECOUVERTE – Aïssé N’Diaye a créé la marque Afrikanista, reflétant son intérêt pour l’Afrique et la mode. Actuellement au Comptoir Général pour vendre ses vêtements, on l’a rencontrée.
Aïssé N’Diaye, c’est la jeune femme de 35 ans, derrière la marque Afrikanista. Afrofrançaise -franco-mauritanienne-, banlieusarde, cette ancienne visual merchandiser se consacre tout entière à sa petite entreprise. Celleux qui la connaissent déjà n’apprendront rien mais ne l’en aimeront que mieux, celleux qui ne comprennent pas pourquoi ses créations, des t-shirts, des sacs et des pochettes ont peu de wax et beaucoup de messages devraient avoir envie de les approcher de plus près.
Un déclic : une photo de sa mère
« Ma mère figurait sur une photo avec ma tante, qu’elle avait ramené d’un voyage de Mauritanie, le pays où elle a grandi. La photo, que j’ai vu par hasard il y a quatre ou cinq ans a été prise à Dakar dans les années 70 ; c’est la première fois que je découvrais ma mère petite. J’ai pris conscience que c’était un bien commun mais sous-exploité : on a tous des photos de famille, la photographie africaine reste mal connue. J’ai commencé à m’y intéresser, à faire des recherches sur Seydou Keïta, Malick Sidibé. L’idée de mêler vintage, -j’aime les objets anciens, le style des chanteuses années 70-80-90- et l’Afrique dans un concept a commencé à germer. »
Une pièce phare : les épaulettes
« Les épaulettes sont inspirées de Beyoncé. Dans les clips de Diva et Run The World, il y a un côté très féministe et girl power qui m’a influencé pour créer le concept de la « Funky Diva », une femme fière de ce qu’elle est, entreprenante, confiante en elle et en son style. Si mes collections ont plutôt attiré les femmes, les hommes qui aiment la mode achètent avec les épaulettes. »
Des opportunités : Le Comptoir Général, Merci
« La première fois que j’ai présenté mes pièces au grand public c’était lors du festival Art’Press Yourself, organisé par Laetitia N’Goto, en novembre 2015. J’ai pu montrer mes collections chez Merci en mars 2016. Grâce à une de mes followeuses sur Instagram, on m’a contacté pour participer à cette édition So Wax. »
Aïssé N’Diaye propose ses créations au Comptoir Général jusqu’au 30 avril 2016.
Des territoires : l’Afrique, Clichy-sous-bois
« Difficile de me positionner en tant que Française. Je ne me reconnaissais pas dans ce que je voyais à la télé, je me sentais marginalisée : j’ai grandi dans un quartier populaire à Paris, j’ai vécu à Clichy, point de départ des émeutes. Les proverbes africains m’ont toujours influencé, comme « Tant que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur » ; il résume selon moi l’histoire des Noir.e.s. J’ai été seulement deux fois dans le pays de mes parents ; petite, ce n’était pas évident d’y aller plus. Si j’avais 18 ans lors de mon dernier séjour, je connais la Mauritanie surtout à travers ce qu’en racontent mes parents qui y vont souvent, les photos. Je suis passionnée par l’Egypte antique, je trouvais important de parler de ce pan de l’histoire falsifiée à travers ma marque, qui veut qu’on oublie que les Egyptien.ne.s étaient noir.e.s.. Le logo d’Afrikanista fait référence à l’oeil d’Horus, un dieu égyptien, l’oeil étant une amulette symbolisant la protection. »
Une ambition : se développer à l’international
« Je veux prendre des leçons de stylisme, ne pas me limiter à la sérigraphie et pouvoir dessiner des collections en wax, fidèles à mon esprit. J’aimerai également ouvrir des points de vente, en France et à l’étranger. Je prépare un projet lié à Afrikanista, mais dont je ne peux pas encore parler. »