PORTRAIT – La nuit d’…Andy 4000, la -pas si- discrète DJ qui découpe les soirées trap parisiennes

SOIREE – Andy 4000 est l’une des DJ qui monte sur la scène parisienne hip-hop / trap. Les organisateurs du festival Hip-Hop is Red, qui a lieu du 25 au 27 février ne s’y sont pas trompés ; ils l’ont engagée comme présentatrice de l’événement et programmée comme DJ. Rencontre.
Andy4000 nous donne rendez-vous au Poly, nouveau bar parisien musical du 10e arrondissement, « tenu par des potes », qu’elle croise, mais qui est encore fermé. On atterrit finalement dans le café d’en face. Difficile de préparer et d’engager cette interview : il n’y a presque rien sur cette jeune femme, DJ, qui fait de plus en plus parler d’elle sur Internet et dans le milieu de la nuit parisienne. Cela tient à sa discrétion et sa relative nouvelle arrivée dans le deejaying.
Ce qui suit va tenter de rattraper cela.

 « Je peux dire mon nom car j’suis pas une reusta ! Je m’appelle Andrée, j’ai 24 ans. On m’a connu sous le nom d’Andrée 4000 pendant une bonne année, car je faisais partie du collectif Girls Do It Better avec Yamiko Chan et Kendra Yukiji. Mon nom de scène c’est Andy4000 depuis peu.


J’ai créé un duo ShadowGsquad, « les meufs de l’ombre », créé avec une amie à moi, Emma. Moi je suis centrée sur le hip-hop 90s, la trap et de l’afrobeat. Elle diffuse plutôt du future sounds, de la techno house, de l’électro. Je suis 100% parisienne, mais j’ai des origines guinéennes. J’y retourne de temps à autre. Je suis peu la scène africaine, à part Wizkid qui est en train de tout plier.

La musique a toujours fait partie de ma vie. J’ai fait dix ans de danse hip-hop, jazz, contemporaine – et ça se voit pendant ses sets ;), ndlr-,  j’ai toujours écouté beaucoup de sons. Dans mon entourage, y a pas mal de producteurs, de musicien.ne.s comme DJ Lo’, Yann Ichon, les gars de Grande Ville studios, que je respecte. J’ai toujours été celle qui mettait la musique dans les soirées, qui prenait le contrôle de l’ambiance musicale pendant quelques heures. À force, tout le monde a fini par me demander pourquoi je ne faisais pas DJ. J’ai confiance en ce que je peux proposer, mes goûts musicaux. Tout cela n’est pas arrivé par hasard.


J’ai commencé à mixer il y a un an et demi, grâce à Karima et Guillaume, des ami.e.s qui tiennent le bar l’Isolé – devenu le Kabukichô, ndlrb– à Pigalle, dans le 9e arrondissement de Paris. On m’a mise derrière les platines, on m’a montré vite fait comment m’en servir et on m’a dit : « Débrouille-toi ! ». J’ai dû apprendre à développer ma technique, à travailler seule jusqu’à ce que je trouve que mes sélections et mes transitions rendent bien.
« J’étais un public exigeant ; je propose des sets exigeants ! »
Je suis plus présente sur la scène parisienne des bars, car j’ai de bons contacts avec certains D.A. mais comme je débute, je ne fais pas de gros clubs, même si j’ai déjà mixé au feu Social Club, qui est devenu le Salò, ou encore au Nouveau Casino. Grâce à la team Hip-Hop is red, je vais pouvoir mixer au New Morning, qui est une grosse scène, et présenter l’événement, deux premières. Ils me font confiance et c’est rare à Paris. J’ai sauté sur l’occasion, et si jamais je me rate, par avance : pardon le public (rires) !

Ma ride idéale, ça peut commencer au Poly ou au Jeune et ça finit à 2h du matin. En semaine, on peut me retrouver au Pompon, au Macumba ou à la Favela Chic. Ce sont mes spots du moment.


On m’a traité de wannabe DJ, parce que je ne scratche pas, que je ne mixe pas sur platines. Je n’ai pas de vinyles à la maison. Je prends mon temps : ça fait un an et demi que je mixe, quatre mois que je le fais sérieusement et qu’on me voit programmée dans pas mal de soirées !  La technicité viendra avec le matériel : ça fait un mois que j’ai un contrôleur à la maison. En tout cas, je suis souvent spectatrice et pour moi un DJ doit être pointilleux, proposer une sélection où il défriche et fait découvrir de nouveaux sons au public.
Un DJ, à la base c’est un jukebox, un meuble. Si je deviens productrice, j’essaierai de placer mes sons, c’est sûr, mais pour le moment, je me vois comme une sélecta. Alors, oui, il faut faire plaisir au public, mais faire un set commercial, avec les mêmes sons qu’il peut écouter dans sa chambre, ça ne m’intéresse pas plus que ça.
J’aime digger. Faire 100 000 vues sur Youtube, ça ne veut pas dire grand-chose ; ce qui fait la différence, à mes yeux, c’est le talent. Avec les sons que je passe, je vise un public pointu, mais le public généraliste peut aussi s’y retrouver.


Être une femme noire dans ce milieu est un plus. On est à Paris, des djs et des djettes, c’est comme des champignons, y en a partout ! Des djs noir.e.s qui mixent du hip-hop, finalement pas tant que ça. J’ai mixé au Comptoir Général, et quelqu’un est venu me voir et m’a dit qu’il était étonné car vu ma sélection, il pensait que j’étais un mec ! Malgré les préjugés, je suis contente de montrer que je suis une femme qui joue des sons qui bastonnent.
Je n’ai jamais eu de mauvaise expérience, sauf une fois avec les Girls Do It Better. On était au Mans et musicalement, le public n’était pas dedans alors que je passais de l’afrobeat, désormais plus facile d’accès et, démocratisé grâce à MHD et à l’afro-trap. D’ailleurs pour moi, le premiers qui ont réussi à faire péter l’afrobeat en France, ce sont les Magic System. Quand c’est sorti en France, moi j’écoutais ça depuis trois-quatre ans dans ma chambre.


Je ne suis pas trop réseaux sociaux. Je n’ai pas de plateforme, pas de matière pour me vendre : je  n’ai même pas de Soundcloud ! Je marche à la confiance : tu m’as vue, ce que je fais t’intéresse, booke-moi si tu veux.  En tout cas je poste peu de choses sur moi… t’as vu mon Insta ! Je ne veux pas briller et montrer trop ma tête. Je suis une hippie ; comme l’indique le nom de mon crew, je suis tranquille.

Pour suivre toutes les soirées et projets d’Andy 4000, vous pouvez passer une tête dans les lieux qu’elle préfère en ce moment ou aller simplement sur sa page Facebook.
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