« Dans le cinéma, on m’a aussi dit qu’on avait du mal à me définir, que je devais essayer de faire plus « racaille » pour avoir une chance de trouver des rôles qui me correspondent… »
Théâtre – Maroussia Pourpoint, 26 ans, fraîchement sortie du prestigieux Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique -CNSAD-, a déjà présenté trois pièces de théâtre écrites par ses soins au public. La première –Jo’- imaginant une Joséphine Baker vivant à notre époque, la seconde –Connected- se posant la question de la limite de l’être humain lorsqu’il est en quête de popularité, la troisième –Radiation– est un récit d’anticipation. On l’a incluse dans notre liste de femmes à suivre parce qu’elle questionne la société, les rapports humains, l’identité. Aussi parce qu’elle a une furieuse envie de transmettre. Mais ça, elle l’explique mieux que nous.
Comment définissez-vous votre travail ?
Me demander de définir ce que je fais ou même me définir est toujours un problème pour moi. Je n’arrive jamais vraiment à répondre à cette question. Cela dépend de tellement de variables, des rencontres que je fais, des jours… Si je devais répondre à cette question aujourd’hui, je dirais qu’à travers le théâtre, j’interroge le monde dans lequel nous vivons et j’essaie d’en partager ma vision. Mais ma réponse sera probablement différente demain.
A-t-on essayé de vous décourager ou vous êtes-vous sentie encouragée, portée , confortée dans votre entreprise ?
Un jour, un professeur m’a demandé ce que je voulais faire plus tard.
Moi « Du théâtre ».
Lui « C’est bien beau, mais il va falloir arrêter de rêver. »
Y a-t-il pire chose que de dire à un enfant d’arrêter de rêver ?
Je lui ai demandé en retour : « Et vous monsieur, vous n’avez jamais eu de rêves ? »
Lui « Si, je voulais être astronaute. »
Tout ça pour dire que les tentatives de découragement que j’ai subi, car c’est loin d’être la seule, ne sont rien face au véritable désir que j’éprouve de faire du théâtre. Si on attend la bénédiction des autres pour se lancer, on ne va pas très loin. Dans le cinéma, on m’a aussi dit qu’on avait du mal à me définir, que je devais essayer de faire plus « racaille » pour avoir une chance de trouver des rôles qui me correspondent…

Quand vous êtes-vous sentie pleinement comédienne et metteuse en scène ?
Je ne me sens pas pleinement comédienne, ni pleinement metteuse en scène. En revanche, là où j’ai eu le plus de plaisir en tant que comédienne, c’est en interprétant des textes d’Aimé Césaire. En tant que metteuse en scène, je dirai au moment de constituer l’équipe avec laquelle je vais travailler. Ce qui me plaît dans la création théâtrale, c’est qu’elle peut réunir des personnes de milieux complètement différents autour d’un même projet et mon rôle est de trouver ces personnes et de les associer.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Je mets en scène la dernière pièce que j’ai écrite Radiation, que je présenterai le 30 septembre -déjà complet mais il y a une liste d’attente- au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. C’est un spectacle qui questionne le réel par le biais d’un récit d’anticipation.
Quelle est votre principale source d’inspiration ?
Aimé Césaire est l’une de mes grandes inspirations. Ma rencontre avec cet auteur a été décisive dans mon parcours de comédienne; il m’a fait prendre conscience du pouvoir des mots. C’est toujours un bonheur de le lire. Il y a aussi les rencontres que je fais, les voyages, mais aussi le contexte dans lequel nous vivons. Je m’intéresse également beaucoup à la jeunesse, je suis très soucieuse de sa perception du monde ; après tout, c’est à elle que je m’adresse en priorité quand j’écris.
(Crédits photo : Noellal)