Les Filles de Illighadad : Et le blues touareg se conjugue enfin au féminin

Le groupe sera sur la scène du Hasard Ludique jeudi 9 novembre.

Jusqu’à il y a peu, elles étaient encore trois. Pour créer, et surtout voyager, depuis novembre 2016, où leur carrière a pris un tour international.

Les Filles de Illighadad sont en France -pour la quatrième fois- depuis quatre jours au moment où on les interviewe pour présenter leur premier album Eghass Malan sorti le 29 octobre 2017. Preuve que leur renommée s’accroît, Fatou Seidi Ghali et Alamnou Akrouni viennent de jouer en Israël et au Maroc, en Afrique « où il est important que notre musique soit plus connue ». En attendant, le duo ne montre pas de signes de lassitude de la longue journée passée à promouvoir leur opus.
« On est contentes de pouvoir faire entendre ce que l’on fait, de voyager, de revoir Paris », explique Fatou qui s’exprime en tamasheq, l’une des langues parlées au Niger. Ahmoudou Madassane, membre informel du groupe traduit leurs réponses courtes, parfois ponctuées d’un sourire.
Hormis Zara Moussa, une des rappeuses engagées du pays, en Occident, la musique du Niger est souvent associée au blues touareg. Popularisé par des groupes tels Tinariwen, Bombino et bien d’autres, il est rarement incarné au féminin. Le son singulier des cordes, surmontées des voix des chanteuses donnent naissance à des morceaux lancinants.

Outre la dimension féminine de leur formation, les Filles d’Illighadad se démarquent par le jeu de guitare, qui sonne comme le takamba, qu’on appelle aussi n’goni. « J’ai appris à jouer en regardant mon grand frère », souligne Fatou.  Leurs textes sont également des évocations de leur vie quotidienne. De la direction artistique au choix des titres, les Filles imposent leur style, -sauf le nom qu’on leur a choisi. N’en déplaisent à ceux qui ont encore du mal à envisager qu’une femme puisse jouer d’un instrument, notamment tradit, malgré le talent des musiciennes en Afrique de l’Ouest. « Ce sont surtout les anciens qui tiquent. La nouvelle génération n’a pas de problème avec ça ! », assure Fatou. Pour une femme, il reste compliqué d’être autorisée à composer. « Au Niger, il reste compliqué d’aller librement si on est une femme et qu’on n’est pas mariée », complète Ahmoudou. Fatou Seidi Ghali et Alamnou Akrouni, là encore, dérogent à la règle.