Foxy Brown, Menace II Society, Daughters of the dust, Get out… des classiques et des exclusivités françaises au menu du cycle « le livre noir du cinéma américain » présenté dès le 19 novembre à Nantes.
Cinéphiles ou simple curieux.ses, si vous vous trouvez à Nantes du 19 au 26 novembre, on a un bon plan pour vous. Pendant ces quelques jours aura lieu la 41ème édition du Festival des 3 continents dédié aux cinémas d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Cette année, une rétrospective axée sur la représentation des afro-américains en présence de certain.es cinéastes. L’Afro vous fait gagner des places pour une des séances!
les projections de Medea (1973) de Ben Caldwell et de As above, so below (1973) de Larry Clark en présence des réalisateurs dimanche 24 novembre à 20h et mardi 26 novembre à 17h
les séances de courts métrages en présence de la réalisatrice Fronza Woods vendredi 22 novembre à 16h et dimanche 24 novembre à 15h45
les projections de The horse (1973) et Killer of sheep (1978) de Charles Burnett en sa présence dimanche 24 novembre à 14h et lundi 25 novembre à 19h15
la soirée au Stereolux sous le signe de la soul avec le documentaire Wattstax (1972) de Mel Stuart autour du « Woodstock noir », réunissant des artistes cultes du fameux label Stax (Isaac Hayes, Rufus Thomas, The Bar-Kays…) en hommage aux 34 morts lors des révoltes du quartier Watts en 1965, où la population exprimait sa colère face à la quotidienne violence policière. Le film donne également la parole à ses habitant.es. Il a été nommé au Golden Globes en 1974. La séance sera suivie d’un concert de l’artiste Bilal, l’un de celleux qui a repris le flambeau musical avec brio. ça se passe lundi 25 novembre à 20h30 et on vous fait gagner 6×1 places pour cet événement ! Pour participer et tenter votre chance au tirage au sort, répondez à cette question : quel est le nom du dernier album de Bilal ? Vous avez jusqu’au mercredi 20 novembre 20h pour jouer en nous envoyant un mail à l.afrolesite@gmail.com avec comme objet « jeu concours Wattstax x Bilal ». Bon courage !
TROMBINOSCOPE – Parce qu’on n’en peut plus d’entendre que les comédien.ne.s noir.e.s en France sont invisibles, qu’on n’en connaît peu, que si, que là… on a décidé d’en présenter un, brièvement, tous les jours. Aujourd’hui : Jean-Michel Martial.
Invisibles, les comédien.ne.s afrofrançais.e.s ? Pendant que nous nous demandons si nous sommes capables d’en citer plus de cinq, les artistes s’affairent dans les écoles de formation, les bureaux de casting, sur les plateaux de cinéma, les planches.
Loin de nier la ligne de couleur qui règne au théâtre, au cinéma, à la télévision et malgré des améliorations, nous voulons les mettre en valeur, comme d’autres avant nous, justement parce qu’il peut être difficile de savoir où /quand on peut les voir.
Vous trouverez ici chaque semaine le nom et la photo d’un.e comédien.ne noir.e, sa date de naissance, les productions marquantes dans lesquelles ille a joué, son dernier rôle. Aujourd’hui : Jean-Michel Martial.
Jean-Michel Martial est né en 1952 et décédé le 18 octobre 2019.
Il débute sa carrière au cinéma en 1986 en jouant dans le film Un amour de trop de Franck Landron. On le retrouve plus tard dans Siméon d’Euzhan Palcy (1992), L’homme sur les quais de Raoul Peck (1993), Antilles sur Seine de Pascal Légitimus (2000), 1802 l’épopée guadeloupéenne de Christian Lara avec Luc Saint-Eloy (2006).
L’acteur est également bien présent sur les petits écrans, dans des séries populaires comme Cordier juge et flic, Tropiques amers aux côtés de Fatou N’Diaye, Jacky Ido et Aïssatou Thiam (2006), Braquo (2011), Platane de et avec Eric Judor (2013) et Profilage (depuis 2008) mais aussi dans des téléfilms comme Rose et le Soldat avec Zita Hanrot, Jocelyne Béroard, Yann Gael et Fred Testot (2015). Il apparaît aussi dans la série Netflix Plan Coeur, une nouvelle fois avec l’actrice Zita Hanrot (2018).
Le comédien prête sa voix notamment au personnage de M. Perkins dans le film d’animation Moi, moche et méchant (2011). Dans South Park, il incarne Chef.
Il participe aussi à la narration de la série documentaire Les routes de l’esclavage accompagné de Gaël Faye, Aïssa Maïga, Alex Descas, Edouard Montoute, Gaël Kamilindi et bien d’autres.
Jean-Michel Martial s’illustre aussi sur les planches dans Miss Daisy et son chauffeur d’Alfred Uhry pour lequel il obtient une nomination aux Molières dans la catégorie Meilleur second rôle en 2014. En 2016, on le retrouve dans la pièce Edmond d’Alexis Michalik mais aussi dans son adaptation pour le cinéma sortie en salles en janvier 2019.
Il a également mis des pièces en scène comme Liens de sang d’Athol Fughard (1998), Le psychiatre noir de Lewis Nkosi (1999) ou encore Martin Luther King Jr, la force d’aimer.
ENTRETIEN- Mati Diop fait fort. Avec Atlantique, son premier long-métrage, elle rafle le Grand Prix du Jury du festival de Cannes en mai dernier. Elle a accepté de revenir sur ce grand moment et de nous en dire plus sur sa démarche et la façon dont elle a choisi de traiter sous forme de fiction et loin du miserabilisme un sujet très présent dans les médias : la tragédie des départs en mer.
Vous n’y verrez pas de bateaux naufragés, ni de corps sans vie mais des esprits qui hantent les êtres qui les ont aimés. Loin de l’actualité devenue tristement banale à coup de décomptes quasi-quotidiens, Mati Diop narre l’histoire des disparus qui reprennent vie à travers les femmes restées au Sénégal sans les oublier. Il s’agit avant tout d’une histoire d’amour, de lutte et d’émancipation à travers celle d’Ada dont la famille a arrangé un mariage alors qu’elle est éprise de Souleiman. Le tout mettant en scène un cast charismatique. La réalisatrice Mati Diop s’est confiée sur ses inspirations, sa vision du cinéma et son rapport au Sénégal.
Que représente le Grand prix du Jury du festival de Cannes que vous avez reçu cette année ?
C’est énorme et avec le recul,
j’arrive à mieux le digérer.
D’une part, il y a le côté
impressionnant avec le dispositif, le cadre, la compétition, le côté
institutionnel, qui sont un peu écrasant. Mais si on revient à
l’essentiel, au final, c’est un groupe de personnes qui a été
touché par ce film.
Un film est choisi pour un ensemble de
bonnes et de mauvaises raisons.
Je pense que c’est en partie lié au fait que je sois une femme, que je ne sois pas blanche, métisse, franco-sénégalaise, noire, peu importe ce qu’on utilise comme terme. Ça ne devrait pas être une raison, mais on sait que c’en est une.
Un festival comme Cannes est forcément
politique, c’est difficile d’échapper à ça, on comprend que dans
la balance il y a à la fois des enjeux cinématographiques,
politiques et de représentation.
Ce qui est le plus significatif pour moi, c’est que le film a finalement touché un groupe de cinéastes confirmés, qui viennent d’horizons différents, du réalisateur Alfonso Cuarón à l’acteur Thierry Frémont pour ce qu’il est. Ils l’ont choisi parce qu’ils y ont vu un cinéma à défendre.
J’ai l’impression d’être reconnue par
mes pairs et que c’est de mon cinéma dont il est question. Il
représente aussi le Sénégal, un certain cinéma africain et un
certain cinéma d’auteur.
Je suis contente que le film incarne tout ça et qu’il montre peut-être à certaines femmes, à certaines femmes de couleur et peut-être à une génération de cinéastes sénégalais.es que c’est possible.
C’est aussi le résultat d’un travail collectif fait notamment par des femmes noires pour dire aux institutions qu’on ne peut plus faire sans nous.
Vous parlez du départ en mer, un
drame traité régulièrement dans les médias souvent de façon
misérabiliste. Comment avez-vous réussi à en parler autrement que
sous cet angle ?
Dans le film, la situation socio-économique est donné d’emblée ; on comprend pourquoi ces hommes partent en mer. Une fois que le départ a eu lieu, le film commence vraiment. J’ai voulu dépeindre les femmes, en particulier Ada et son amie Dior, comme des survivantes, des jeunes filles qui survivent à la disparition, à la perte de l’être aimé, et qui survivant à tout ça, se transcendent, se dépassent. L’idée était non pas de filmer la traversée mais plutôt l’odyssée d’Ada. L’Histoire est souvent écrite du point de vue des hommes, des soit-disant gagnants de l’Histoire, des blancs, alors j’ai voulu écrire un film qui se place du point de vue d’une femme.
Effectivement,
cette situation a été extrêmement traitée médiatiquement, et
très mal traitée, de façon misérabiliste, abstraite, économique,
à travers des statistiques.
En tant que cinéaste, mon rôle est de rendre intelligible et sensible ce que les journalistes analysent ou retranscrivent à travers des chiffres. Et ce à travers l’expérience humaine et des tensions existentielles. C’est aussi le rôle du cinéma d’apporter un regard personnel et subjectif. Je trouve que le cinéma africain dans son ensemble a connu un âge d’or. Il y a évidemment des cinéastes qui proposent des choses intéressantes régulièrement aujourd’hui mais il y a un grand travail à faire encore pour redonner au continent le droit à la fiction, le sortir de l’approche misérabiliste, colonial. La question de la décolonisation du regard revient beaucoup en ce moment dans la communauté afro entre autres. Les noir.es n’échappent pas à cette façon de regarder l’Afrique ; il y a des noir.es qui véhiculent une image du continent qui est totalement sous l’emprise du regard colonial. Que ce soit l’oeil d’un blanc, d’une métisse ou d’un noir, l’exigence de questionner de quoi est fait son regard dépasse la question de la couleur de la peau. Le film est aussi le regard d’une Africaine sur l’Afrique, bien que je ne suis pas seulement africaine mais franco-sénégalaise.
Les femmes dans le film sont en lutte. Vous êtes-vous inspirée de l’histoire, de l’actualité ?
Ce n’est que récemment que j’ai fait le lien entre le combat des héroïnes de mon film qui sont possédées par l’esprit des garçons qu’elles ont aimé pour revendiquer leurs droits, à savoir leurs salaires non payés et Assa Traoré. A travers la vulnérabilité de son frère, étant un homme noir d’une banlieue française puis sa mort provoqué par la violence des policiers a fait basculer sa vie et a fait d’elle une militante, à donner un sens différent à la vie qu’elle menait jusqu’à présent. La justice pour Adama est devenue sa raison d’être, son quotidien. Ce drame autour d’Adama Traoré m’a révolté. Je ne connais pas Assa Traoré mais j’ai beaucoup pensé à elle ces dernières années.
Une correspondance que je trouve intéressante, c’est le dernier album de Fatima Al Qadiri, qui signe la bande originale de film.Brute est une réaction à la violence policière à Ferguson aux Etats-Unis.
Il y a aussi Fatou Diome qui a écrit Le ventre de l’Atlantique avant Celles qui attendent que j’ai découvert en parallèle de la conception de mon film. Je trouve également beau que sans se connaître, elle à travers la littérature et moi à travers le cinéma, on se soit d’abord intéressé de la question des départs en mer avant d’avoir parlé des femmes qui sont restées.
Avez-vous de l’espoir pour la
jeunesse sénégalaise ?
Je ne peux qu’espérer que le film
pousse par exemple une jeune fille qui a envie de faire des films,
qui se décide à en faire un qui aura plus d’impact sur les
Sénégalais.es que le mien en a eu.
Le fait que cet été à Dakar le film est sorti et que des Sénégalais.es ont dit y reconnaître leurs réalités, avoir le sentiment d’exister au monde, me rend déjà très heureuse. Que des Américain.es aussi, de façon très différentes, puissent se reconnaître dans un personnage noir, c’est aussi beaucoup. Mais l’espoir est difficile à trouver aujourd’hui. Le cinéma est essentiel, il contribue à bouger les lignes, déplace le regard, insuffle du désir, inspire mais c’est à la fois beaucoup et pas grand-chose. Il ne faut pas oublier que c’est un domaine de privilégié.es même si à travers le Grand Prix, on voit l’intérêt de Netflix et que le Sénégal sera peut-être représenté aux Oscars 2020 ce qui rend le film accessible et visible à un public plus large. C’est important mais ça ne fait pas tout.
Quel.les cinéastes vous inspirent ?
Abderrahmane Sissako et notamment ses films En attendant le bonheur et Bamako ont été très importants pour moi.J’aime aussi beaucoup Tey d’Alain Gomis et les films de Jean-Pierre Bekolo. Ce sont des oeuvres avec un vrai langage cinématographique que j’ai pu regarder comme j’ai pu regarder du cinéma asiatique.
Quel lien entretenez-vous avec le
Sénégal aujourd’hui ?
Quand j’étais enfant, j’allais passer l’été au Sénégal pour voir ma famille, suffisamment régulièrement pour me sentir chez moi. Mais entre mes 12 ans et mes 25 ans, je n’y suis plus du tout retournée. A partir de 25 ans, j’ai tout remis en question. Je vivais en France, j’évoluais dans un milieu assez blancs, j’avais très peu d’ami.es noir.es. Je ne me rendais pas compte et à cette époque-là, il n’y avait pas tous ces forums de discussion afroféministes, j’étais donc toute seule avec ces questions. Je ne subissais pas le racisme mais il y avait une certaine aliénation, une forme de trouble identitaire. J’avais perdue un peu contact avec mes origines africaines. Et surtout à force de vivre dans un monde où le blanc, la blondeur, sont valorisés et la couleur noire est dépréciée, on intègre ces échelles de valeur. On fait la lecture plus tard, après avoir lu un livre, fait une rencontre, regardé un film…
Vous avez eu un déclic ?
Oui, Frantz Fanon, ma rencontre avec Claire Denis, les films de mon oncle, (Djibril Diop Mambéty, ndlr) James Baldwin… A partir du moment où j’ai fait le film, le Sénégal a pris une plus grande place dans ma vie.
SEPTIEME ART – Le Festival International des Films de la Diaspora Africaine revient à Paris pour sa huitième édition. Au programme, une douzaine de projections de fictions et de documentaires, de France, des Etats-Unis ou du Cameroun sans oublier des tables rondes. Le tout démarre dès ce vendredi 7 septembre au cinéma CGR Paris Lilas. L’Afro vous propose sa sélection de moments à ne rater sous aucun prétexte.
(Re)voir Le Rêve Français
Réalisé par Christian Faure, Le Rêve Français avait été diffusé sur France Télévisions en mars dernier. Avec Yann Gael et Aïssa Maïga dans les rôles principaux de ce téléfilm en deux parties qui évoque les révoltes de mai 67 en Guadeloupe violemment réprimées par l’Etat Français, le BUMIDOM, les désillusions qui ont suivi, traversant les décennies jusqu’aux années 2000.
La projection sera suivie d’un débat avec notamment la productrice France Zobda et l’actrice Firmine Richard.
Où ? Cinéma Saint-André des Arts, 30 rue Saint-André des Arts, 75006 Paris
Quand ? Samedi 8 septembre à 14h
Découvrir Minga et la cuillère cassée, premier film d’animation 100% camerounais
Le festival est family friendly ; vous pourrez donc vous y rendre avec vos enfants, nièces, neveux, cousin.e.s, petit.es sœurs et frères pour regarder Minga et la cuillère cassée, premier long métrage d’animation réalisé au Cameroun par un enfant du pays, le réalisateur Claye Edou. Inspiré du conte populaire La cuillère cassée, le film raconte l’histoire de Minga, orpheline, chassée de la maison familiale par sa belle-mère pour avoir cassé une cuillère. Sur son chemin, elle fera toute sorte de rencontres, le tout sur fond de chant et de musique.
Où ? Cinéma Saint-André des Arts, 30 rue Saint-André des Arts, 75006 Paris
Quand ? Dimanche 9 septembre à 14h
Echanger autour de Noire n’est pas mon métier
La question de la place des comédiennes noires en France est un sujet prégnant depuis de nombreuses années. L’actrice Aïssa Maïga, a d’ailleurs décidé de diriger un ouvrage à ce sujet dans lequel elle s’exprime, ainsi que 15 autres comédiennes, paru en mai dernier. Trois des autrices seront présentes pour échanger avec le public : Firmine Richard, Mata Gabin et Sabine Pakora
Rendre hommage à Lorraine Hansberry avec le documentaire Sighting eyes/Feeling heart
Réalisée par l’américaine Tracy Heather Strain, professeure de cinéma, qui a remporté des prix pour son travail avec près de 30 ans de carrière au compteur, le film retrace la vie de la dramaturge Lorraine Hansberry. Connue avant tout pour sa pièce Un raison au soleil, elle était aussi une militante pour les droits civiques, décédée en 1965 à l’âge de 34 ans. Une exclu européenne.
Où ? Cinéma Saint-André des Arts, 30 rue Saint-André des Arts, 75006 Paris
Quand ? Samedi 8 septembre à 20h30
Célébrer Jocelyne Béroard avec Jocelyne, Mi Tche Mwen de
Le documentaire signé Maharaki sur la vie de la chanteuse et comédienne Jocelyne Béroard sera diffusée en clôture du festival … en sa présence ! Oui, la figure emblématique du groupe Kassav, instigateur du zouk, sera bien là pour la première parisienne. Comment rater ça …
Où ? Cinéma 7 Parnassiens, 98 boulevard de Montparnasse, 75014 Paris
Quand ? Dimanche 9 septembre à 20h15
Pour découvrir le reste du programme et réserver vos billets :
ENTRETIEN- Vous l’avez peut-être vu dans l’émission Le Cercle sur Canal + ou sur TV5 Monde dans le Journal Afrique avec sa chronique cinéma. Vous l’aurez compris, Claire Diao est une journaliste cinéphile. Elle lance d’ailleurs ce vendredi soir à 20h au Ciné 104 de Pantin le coup d’envoi de la saison 5 de Quartiers Lointains, le cycle de courts métrages entre l’hémisphère nord et le sud qui revient cette fois avec quatre productions françaises. Cette cinquième édition, qui a pour thème « l’image de soi », est parrainé par le comédien et réalisateur Lucien Jean Baptiste. L’Afro, partenaire de l’événement, a proposé à la journaliste de se plier à l’intense exercice des humeurs cinématographiques.
Elle se souvient encore de son tout premier article, en 2002, paru dans la revue du Festival du court-métrage de Villeurbanne. Sept ans plus tard, Claire Diao se lance pleinement dans le journalisme et écrit pour Courrier International, le Bondy Blog ou encore So Film. Mais la franco-burkinabè a d’autres ambitions : contribuer à une meilleure diffusion des cinémas africains et français moins privilégiés. C’est ainsi que naît Quartiers Lointains en 2013 ; une sélection de courts métrages où, d’une année à l’autre, sont présentés tantôt des productions africaines tantôt des films français, tous bien différents mais réunis autour d’un thème. Cette année, il s’agit de quatre réalisations françaises mettant en scène l’ « image de soi », avec notamment Le bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe.
Mais Claire Diao, ne s’arrête pas là puisqu’en 2015, elle co-fonde Awotele, revue de critiques de cinéma panafricain, dont le quatrième numéro a été financé par une campagne de crowdfunding. L’année suivante, elle monte Sudu Connexion, société de distribution de films d’Afrique & Diaspora. Elle publie ensuite en 2017 son premier livre Double Vague, la nouvelle vague du cinéma français où elle parle de cette génération de cinéastes français.e.s aux doubles cultures, ayant grandi en province, en banlieue ou dans des quartiers populaires, loin du monde bourgeois et parisien du septième art en hexagone.
Les humeurs cinématographiques de Claire Diao se trouvent à la croisée de tous ces univers, éclectiques.
Le film qui t’a fait tomber amoureuse du cinéma et donner envie de t’y dédier
J’ai toujours aimé le cinéma donc je ne pense pas qu’il y ait un film plus qu’un autre qui m’ait fait tomber « en amour ». Le cinéma a toujours été un échappatoire pour vivre d’autres vies, découvrir d’autres mondes, ressentir des émotions… En revanche, je me souviens précisément que c’est en 2005, à l’occasion d’une projection du film Le pianiste de Roman Polanski au Centre Culturel Français Georges Méliès de Ouagadougou devant 400 lycéens burkinabè, que j’ai eu la révélation de vouloir transmettre le cinéma.
Le film que tu ne te lasses pas de regarder
Étonnamment, je n’aime pas regarder mille fois un film car j’ai souvent mille films à regarder ! Certainement les films de Quartiers Lointains que j’accompagne durant une année ? J’ai beau les voir et les revoir, je découvre toujours une nouvelle séquence, une nouvelle tirade, un nouveau plan qui m’avait échappé.
Le film qui te bouleverse
Récemment, le documentaireMaman Colonelle de Dieudo Hamadi. Pour la ténacité de cette femme gendarme qui tente de réhabiliter des femmes violées, élève plusieurs enfants adoptés, affronte les critiques de la population et fait bouger les lignes d’une République Démocratique du Congo déchirée depuis tant d’années.
Le film qui t’a appris des choses
J’apprends tout le temps et énormément à travers le cinéma. Mais s’il ne faut en citer qu’un, ce serait sans hésiterLa bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, l’une des plus belles reconstitutions cinématographiques sur la guerre d’Algérie, la colonisation française et la révolte d’un peuple en quête d’indépendance.
Le film que tu es particulièrement fière d’avoir fait découvrir au public
Vers la tendresse d’Alice Diop, dans la 3e saison de Quartiers Lointains. Un documentaire d’utilité publique qui met des mots sur des maux que beaucoup de gens connaissent mais dont très peu parlent. Son César a été un immense plaisir car il a permis de révéler un travail d’orfèvre qu’elle mène depuis des années.
LE film classique
La Noire de... de Sembène Ousmane. Pour son propos politique, son approche esthétique et parce qu’il offre un premier grand rôle à une actrice sénégalaise, Thérèse M’Bissine Diop, qui n’a même pas été payée. Voir et revoir ce film, c’est se rappeler qu’il était possible, dans les années 60, de s’élever contre l’ancien colonisateur avec ses armes culturelles et d’être respecté des deux côtés de la Méditerranée.
Le film qui te fait rire
Pee-WeeBig Adventure de Tim Burton, un régal d’humour décalé et de situations rocambolesques (spéciale dédicace à mon beau-frère qui le déteste 😉 ! )
Le film que tu ne peux pas/plus voir
Requiem for a dream de Darren Arronofsky qui a pendant longtemps été mon film préféré. Il m’a tellement secouée que je n’ai pas besoin de le revoir. C’était la première fois, en sortant d’une salle, que je ressentais le besoin de me mettre au soleil pour revenir à la réalité. Il m’a littéralement hantée.
Le film qui symbolise le mieux le Burkina Faso
Buud Yam de Gaston Kaboré, une épopée à travers la variété des paysages burkinabè et la pluralité des peuples qui l’habitent. C’est le deuxième volet d’un diptyque (Wend Kuuni en 1983 puis Buud Yam en 1997) tourné avec les mêmes acteurs. Un grand film qui m’a révélé en images la beauté d’un pays que mon père m’a transmis par les mots.
Le film qui symbolise le mieux la France
Les 400 coups de François Truffaut. Parce qu’il nous parle de la France de la débrouille, celle d’un autre temps, en noir et blanc, où Antoine Doisnel parle comme un adulte, fait l’école buissonnière et se débrouille sans ses parents. Les vieux films français ont souvent été pour moi un moyen d’imaginer la France de mes grands-parents.
Ton dernier coup de coeur
Get Out de Jordan Peele m’a tout à la fois effrayée, amusée, épatée. Beaucoup de sentiments à la fois. J’étais scotchée.