Pourquoi L’Afro ?

Nous sommes deux jeunes femmes noires, journalistes, résidant à Paris. C’est en travaillant pour Afriscope que nous nous sommes rencontrées et avons eu l’envie et l’idée de créer une série centrée autour des soirées afroparisiennes, avec ce constat : les Noir.e.s sortent, mangent, dépensent, organisent mais on ne les voit pas « vraiment » dans les publications « mainstream ».

En allant à l’étranger, en y grandissant, travaillant, étudiant, passant, ou en y connaissant des gens, on s’est rendu compte combien la France garde l’image d’un pays monochrome. Si nous sommes des citoyennes du monde, nous sommes dans la représentation de certain.e.s des Afroaméricaines, des Africaines, mais pas des ressortissantes françaises, voire européennes.

Ce constat s’est étendu à tous les domaines et nous nous sommes bêtement dit que nous voulions raconter les histoires (afro)françaises que nous aimerions lire, pouvoir parler de gens, d’initiatives qui pourraient intéresser des lecteurs et qui plairaient à nos proches.

Nous voulons poser notre regard critique et curieux sur une partie de la population qu’on dit invisibilisée, repliée sur elle-même ou agressive, toujours dans des discours victimaires mais dont on ne parle jamais dans le fond : les Afrofrançais.es, afrodescendant.e.s, noir.e.s de France, peu importe le label, un genre de quotidien qui s’intéresse à tout et particulièrement à elleux.

Nées en France de parents africains, ouvertes au monde comme eux, qui sont venus jusqu’ici, nous n’avons pas la prétention de parler au nom de qui que ce soit, pour la communauté noire ou le continent africain. Nous voulons nous centrer sur ce qui se passe d’où vous/nous parlez/parlons, Paris, la région parisienne, la France, les Internets, là où vous/nous allez/allons, en Turquie, en Allemagne, en Afrique, aux Etats-Unis…

C’est pourquoi c’est aussi un blog participatif, donc on espère que nous serons plus que deux plumes et que vous aurez envie de contribuer, que ce soit en donnant de la voix, par écrit, en dessinant ou toute autre expression qui vous plaira.

Voilà pourquoi nous avons décidé de créer L’Afro : exercer notre métier bien-aimé, difficile, mal-compris et mal-aimé parfois à raison, à coups de reportages, d’enquêtes et tout autre format qu’il nous/vous plaira d’investir. Ce projet n’aurait sans doute pas existé sans le travail qu’ont débuté et poursuivent des journalistes qui nous ont inspiré, par leur volonté entrepreneuriale, leur envie de rencontrer et de raconter les gens, Hortense Assaga en tête.

Le travail des médias comme Negro News, Noir et Fier, pour ne citer qu’eux, les forums auquels on a participé, qu’on a assidûment fréquenté et une certaine blogosphère, souvent féministe, dont nous nous sentons proches, à la cybermine de crayon souvent très affûtée et ses figures telles qu’Amandine Gay, Joao Gabriell, -la liste est longue- ont largement contribué à renouveler le discours sur la société dans laquelle on vit.

Merci à elleux et merci à vous de lire nos contributions !

Adiaratou Diarrassouba et Dolores Bakèla.