#Fraicheswomen2017 n°4 : Aïssé N’Diaye, fondatrice d’Afrikanista

Mode – Aïssé N’Diaye et sa marque Afrikanista aux t-shirts floqués de messages afro d’utilité publique et aux légendaires épaulettes à franges, on vous en avait déjà parlé l’an dernier. La volonté de cette afrofrançaise de transmettre la culture héritée de ses parents immigrés d’origine mauritanienne à travers des citations africaines et sa façon de remettre en question les valeurs françaises se voulant républicaines et universelles nous ont interpellé et marqué. Après avoir sorti trois collections fortes, Aïssé N’Diaye est un nom qu’il va vous falloir retenir, une vraie fraiche woman. Si vous en doutez, elle va vous donner de quoi vous décider.
« A travers ma marque de vêtements, je souhaite rendre hommage à ma mère, mes parents, les anciennes générations africaines et plus globalement à la culture subsaharienne de l’Afrique de l’Ouest »
Comment définissez-vous votre travail ?
A travers ma marque de vêtements AFRIKANISTA, je souhaite rendre hommage à ma mère, mes parents, les anciennes générations africaines et plus globalement à la culture subsaharienne de l’Afrique de l’Ouest dont je suis issue (je suis d’origine mauritanienne).
Dans mes collections, je glisse également des questionnements quand à ma condition de française issue de l’immigration -sic- et le rapport entre la culture française dans laquelle je baigne depuis ma naissance et ma couleur de peau, mon ADN, mon héritage et les valeurs que mes parents m’ont inculqué à travers ma culture africaine, mon positionnement dans la société française en tant que citoyenne, le déni de la France à l’égard de l’Afrique à travers l’histoire, l’invisibilisation des noirs dans la société…
A-t-on essayé de vous décourager de faire ce que vous faites, ou vous avez été plutôt encouragée, choyée, portée ?
Mes parents n’ont pas pris au sérieux mon projet dans les débuts, surtout mon père qui n’a pas compris quand j’ai démissionné de mon poste de visuel merchandiser alors que j’étais confortablement installée dans mon métier que je pratiquais dans une boîte où je travaillais depuis onze ans …
Je ne pense pas que c’était en rapport avec le fait que je sois une femme et noire mais plutôt par rapport aux lendemains incertains et à la précarité de ma situation financière que ça pouvait entraîner.
Aujourd’hui ce sont les premiers à m’encourager, mes amis me soutiennent beaucoup également et me motivent à m’accrocher et à continuer l’aventure.
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Crédits photo : Noellal
Quand vous êtes-vous sentie pleinement créatrice de mode ?
Quand j’ai sorti la collection « LIBERTÉ, ÉGALITÉ, AFFAIRE DE PAPIERS », j’étais fière de voir qu’elle plaisait et que les gens comprenaient le message que je voulais faire passer. Cette collection fait référence à l’immigration en France à travers cette notion de « papiers »; la carte nationale d’identité ou le titre de séjour conditionne la situation et la place de chaque personne issue de l’immigration au sein de la société française qui, malheureusement, ne reconnaît pas cette partie de la population comme étant des citoyens à part entière.

La notion de fraternité est biaisé. Quand l’article 1 de la Constitution dit en ces termes :  » la France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances(…) », tu te dis qu’on ne respecte même pas la loi, tant il y a un décalage avec la vie réelle. Je voulais montrer que les immigré.e.s sont des gens lambda et montrer la mixité sociale à travers les quartiers populaires, ces petits bouts d’Afrique qui rendent si belle notre capitale qu’est Paris.

 

« LIBERTÉ, ÉGALITÉ, AFFAIRE DE PAPIERS », c’est cette France multiculturelle qu’on refuse de célébrer, ce sont ces immigré.e.s qu’on pointe toujours du doigt et qui servent toujours de bouc émissaires quand le pays va mal.
Je n’ai pas créé cette collection toute seule : c’était la dernière avec mon ancienne associée, Nadia, qui a quitté l’aventure juste après le lancement. À ce moment-là, elle m’a dit: « Aïssé, cette marque, c’est ton bébé, ton histoire. Tu es la meilleure narratrice de ce projet et il faut que tu laisses parler ta créativité en étant seule aux commandes ». On en a pleuré ensemble….
Je me suis sentie LIBRE et pleinement créatrice de mode à partir de là.
Aujourd’hui, Nadia suit toujours la marque -car c’est ma sœur de cœur- et ses conseils me sont toujours précieux.
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Après ma collection en collaboration avec XARITUFOTO, je travaille sur la prochaine qui sortira au premier trimestre 2018.
Quelle est votre principale source d’inspiration ?
Mes parents sont ma principale source d’inspiration et plus particulièrement, ma mère.

EDITO – #Fraicheswomen : Black girls rock in France !

À quand une marque, un média, des entreprises FUBU ? La question revient souvent. Des femmes afrofrançaises qui font des choses, il y en a. Dans le milieu associatif, en politique, dans la mode, au théâtre … Certaines sont même totalement dans l’ombre, quand leur métier le requiert ou parce que ce qu’elles font, ce qu’elles sont, n’existe financièrement, politiquement, médiatiquement, que difficilement dans notre bonne société française.

2017 a été une année particulièrement riche en événements : la deuxième édition du festival Black(s) to the future, l’arrivée du média nothingbutthewax, d’Ouvrir La Voix, le film choral d’Amandine Gay, en salles -qui va cartonner-, le documentaire Mariannes Noires de Mame-Fatou Niang,  la diffusion toujours plus importante du guide de l’Afrique à Paris Little Africa par Jacqueline Ngo Mpii, la création par la journaliste Cathy Thiam et l’artiste Serge Kponton de Sheroes TV, 30 Nuances de Noir.e.s, le beau projet de fanfare afroféministe de la chorégraphe Sandra Sainte Rose…

Bonne nouvelle : ces initiatives, pensées, portées par des femmes ou autour des femmes, sont loin d’être les seules à exister.

Non, elles ne brossent pas toujours dans le sens du poil. Oui, elles sont importantes et contribuent à changer les choses.

Nous avons donc décidé de réunir neuf femmes, aux parcours et personnalités différents. On suit leur travail, on nous en a parlé en DM, on les a vu à la télé, sur la toile, en étant de sortie à Paris… Nous avons fini par les contacter, elles étaient disponibles, ont bien voulu nous faire confiance, avaient juste envie d’en être.

Et les voilà, toutes réunies.

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De gauche à droite, en hauteur : Maroussia Pourpoint, Penda Diouf, Anaïs Durand Munyankindi, Aset Malanda, Clarence Kopogo et Aïssé N’diaye. De gauche à droite, par terre : Marina Wilson, Manon Ahanda et Danièle Obono / crédits : Noella L IG : @noellal

On a voulu cette photo de famille, ce cliché façon rentrée pour célébrer ces femmes qui font plus que « représenter » dans leurs domaines respectifs. Que ce soit en politique -Danièle Obono-, dans le monde de la gastronomie- Clarence Kopogo-, dans l’industrie créative -Marina Wilson-… Des femmes afrodescendantes aux talents et savoirs -(faire) multiples qu’il faudra suivre, parce qu’elles sont là pour longtemps.

Maroussia, Aïssé, Penda … certaines se connaissaient, d’autres se sont rencontrées pour la première fois le jour de la séance photo. Le shooting a été aussi l’occasion pour elles de se parler, de nouer des liens -enfin elles pourront mieux le dire que nous-, en quelques heures de sororité et de simplicité.

Nous vous proposons de découvrir tous les jours dès mardi le portrait d’une d’entre elles. Oui, on espère que suite à cette première édition, d’autres suivront pour vous présenter de nouvelles #fraicheswomen, très bientôt.

Adiaratou et Dolores, L’Afro team

Pourquoi L’Afro ? 

Merci à elles de nous avoir fait confiance  :

Manon Ahanda

Penda Diouf

Anaïs Durand Munyankindi

Aset Malanda

Aïssé N’diaye

Danièle Obono

Maroussia Pourpoint

Clarence Joséphine Volta

Marina Wilson

Un grand merci à Noëllal la photographe qui a permis de donner forme à ce projet que nous avions en tête (à suivre sur son Instagram) et au bar Monsieur Zinc à Odéon qui nous a chaleureusement accueilli et laissé utiliser son bel espace (à retrouver sur Instagram et Facebook).

Afrikanista, La Machine Avalée… : notre sélection du meilleur à ne pas rater au Black Movies Summer !

Black Movies Summer n’est pas seulement LE festival estival du cinéma afro à Paris depuis près de huit ans. C’est aussi le moment de l’année où on peut découvrir des nouveautés car les afrodescendant.e.s de France . L’Afro a sélectionné trois temps forts à ne pas rater.

Pourquoi aller, une fois de plus,  au Black Movies Summer, dont le visuel est aussi beau et alléchant que le programme cette année ? Pour la nouvelle configuration de l’événement, concentré sur tous les week-ends du mois d’août dès le 5 au 88, la friche de la Bellevilloise. Pour le talent des organisatrices, défricheuses dans tous les domaines -ciné, musique, mode…- mais pas que. 

Pour trouver les nouveaux t-shirts en exclusivité d’Afrikanista

On ne vous présente plus Afrikanista alias Aïssé N’Diaye, dont on adore les t-shirts sérigraphiés, destinés aussi bien à être portés qu’à être lus. Pour sa nouvelle collection, elle continue d’articuler la mode et des questionnements identitaires panafricains, elle qui est née en France de parents mauritaniens et a grandi en cité. Cette fois, elle a fait cap sur le Sénégal. Avril 2016, elle découvre Roger Da Silva, photographe béninois installé toute sa vie au Sénégal. Alors qu’on ne parle souvent que de Seydou Keïta ou encore Malick Sidibé, il est aussi l’un des témoins qui a fixé l’histoire urbaine sur argentique. Dans son studio du quartier de Gueule Tapée, Roger Da Silva qui était aussi danseur de claquettes et comédien a aussi bien pris des Dakarois.e.s anonymes ou de la haute société que des figures du show business de l’époque, comme Miles Davis, Louis Armstrong ou encore Juliette Gréco.
Aïssé, passionnée de photographie africaine vintage comme en témoigne une précédente collection, débarque dans la capitale en septembre 2016, déterminée à faire connaître le travail du photographe à travers le sien. La collaboration est lancée avec l’association Xaritufoto – les ami.e.s de la photo en wolof-, créée par le fils de l’artiste, Luc Da Silva ; cette dernière se donne pour mission de promouvoir le patrimoine photographique africain et d’encadrer, d’accompagner les photographes actuels.

 

Une série de quatre t-shirts voient le jour, où la question de la double identité -africaine et française est au coeur de son discours. Avec des noms comme Mariama, référence à la Marianne nationale ou Kissima, qui fait référence aux combattants engagés dans l’armée française, qui sont ensuite rentrés chez eux sans honneurs, ni place dans les livres d’histoire.  Vous pourrez vous procurer uniquement tous les week-ends lors de la Black Movies Summer. S’ils vous plaisent, n’hésitez pas trop : les t-shirts sont en édition limitée 😉

A LIRE AUSSI : Notre portrait d’AÏSSE N’DIAYE , la créatrice derrière AFRIKANISTA, à retrouver ci-dessous en cliquant sur l’image

Afrikanista

Pour voir La Machine avalée, le film de Stéphane Gérard

« Elle avalé, la machine avalé ». Si comme à nous, cette chanson de Dorothée , c’était surtout un pan de votre enfance et un gros malaise, le film de Stéphane Gérard, disponible gratuitement entre le 5 et le 27 août, soit tout au long du festival, rappelle la charge de clichés coloniaux qu’elle charri(ait)e allègrement. « Je suis un peu plus jeune que la génération Dorothée, donc très petit quand elle passait à la télé. Par contre, j’avais des cassettes vidéo de ses clips et concerts et j’adorais ça. Mon souvenir de cette période avec tous les chœurs noirs est en fait plutôt joyeux : c’était une des rares présences noires de mon environnement », nous a-t-il confié par mail.

Dorothée et le mythe du cannibale

Ete 2014, la chanson lui revient en mémoire et déclenche l’envie de faire un film qui s’ouvre par l’énigmatique et entêtante phrase taguée « Même ces deux frères ont aimé le club Dorothée ». 2014 est aussi l’année où Exhibit B mobilise les afrodescendant.e.s ; La Machine avalée questionne les images qu’on donne à voir aux noir.e.s de France,  ce bain culturel, qui de la publicité -Bamboula, Danette, Vahiné…- à l’Art avec un grand A, les montre les plus souvent habitant.e.s de la jungle et prisonnier.e.s de l’imaginaire colonial français. « Le fait de les revoir et de réaliser tout le bagage historique qu’ils amenaient avec eux, c’était violent pour moi aussi », a indiqué Stéphane Gérard. Quinze minutes implacables qui devraient faire réfléchir les publicitaires et autres programmateur.ice.s des institutions culturelles…

Pour faire l’atelier avec NOUMBISSI DESIGN

On avait craqué sur les poupées de Simon Noumbissi, designer d’objets de bien-être inspirants et innovants. Loin d’être des jouets, ses bonnes femmes en coton étaient un mélange du meilleur du Japon et du Ghana. Après avoir proposé des enceintes made in Cameroun, financées par crowdfunding, Simon propose cette fois un atelier d’origami pour ce premier week-end de Black Movies Entertainment. Le thème du 5 au 6 c’est Rois et Reines d’Afrique : let us be !

Vous pouvez aussi (re)voir Les Misérables de Ladj Ly, qui nous avait parlé en exclusivité par , apprendre à piloter un drone (!!) pour vos prochains tournages de clips ou de vidéos de mariages -sait-on jamais- ou écouter le set énergique et forcément trap de la DJ parisienne Andy 4000 qu’on avait interviewée également ici ! Plus d’infos par ici : festivalblackmoviesummer.com

#unandubloglafro : Chrysogone Diangouaya, Mélissa Laveaux, Afrikanista, Dj set #teamBuzzFeed à l’affiche

SAVE THE DATE – Si vous n’êtes pas déjà abonné.e à notre newsletter, on vous donne toutes les infos pour l’événement du 29 octobre à la Bellevilloise.

En octobre dernier, L’Afro naissait. Un jour pas comme les autres. Pour certain.e.s, c’est Halloween. Pour d’autres, le 31 octobre, c’était la Marche pour la dignité et contre le racisme, initiée par le collectif de femmes MAFED.

Nous, comme beaucoup de militant.e.s, acteur.ice.s de la société civile, simples citoyen.ne.s étions dans la rue, à la rencontre de celleux qui marchent. Ça a été notre premier papier sur ce blog ; depuis nous ne nous sommes pas arrêtées.

On a décidé de fêter nos un an d’existence, en lieu et place de nos discussions bimestrielles. L’occasion de vous rencontrer une fois de plus, de parler journalisme, vies d’afrodescendant.e.s, collectivités, communautés dans tous les sens du terme.

Voici le programme et les horaires. On sera entourées comme jamain.

magali-fontaine

18h15-19h50

Magali Fontaine du blog Ode à l’ethnic sera présente pour parler de militantisme, de mobilisations et des Afrodescendant.e.s avec d’autres témoins privilégiés.

20h-20h20

Chrysogone Diangouaya, grand danseur du Congo à la tête de son propre centre de danse à Paris présentera dix minutes de son nouveau spectacle Tina ! Tina !.

20h30-20h55

Dem Charles, repéré dans l’émission « Music Explorer » sur France Ô, présentera quelques titres avec son groupe.

21h-22h

Jen&Jul, journalistes  chez BuzzFeed et amateur.ice.s de bon son vont s’emparer des platines pour nous faire danser.


La chanteuse Mélissa Laveaux tirera les cartes avec son tarot vintage et féministe. À NE PAS MANQUER ! Pour s’inscrire : lafrolesite@gmail.com ATTENTION : PLACES LIMITÉES

Aïssé N’Diaye d’Afrikanista, Ouafa Mamèche de la maison d’édition Faces Cachées et Aicha Diallo du magasin Diyananko seront parmi nous pour présenter les créations mode et /ou littéraires qu’elles créent et/ou soutiennent !

 

On vous attend donc le 29 pour débattre, guincher, boire, rire. Bon week-end !

RENDEZ – VOUS / L’Afro fête ses un an à la Bellevilloise le 29 octobre

SAVE THE DATE – Le 29 octobre, on fête nos un an à la Bellevilloise, entourées comme jamain. 

  

  

On est heureuses et fières de fêter la première année de ce blog, nous, vos bien humbles servitrices.

Pour vous remercier de nous lire, pour vos échanges, pour nous avoir aidé à grandir,

on vous invite à nous retrouver
le 29 octobre à la Bellevilloise

de 18h à 22h

L’entrée est libre !

avec

le danseur Chrysogone Diangouaya (écoutez à partir de 2h20, c’est passionnant !)

Afrikanista,

FacesCachées,

Mélissa Laveaux, comme vous nous ne l’attendez pas !,

la team #BuzzFeed…

Stay tuned, on vous donne plus d’infos bientôt 😉