« Les Visiteurs 3 » – La polémique autour de l’affiche se rallume

Les réseaux sociaux se questionnent  et agissent IRL -in real life ndlr- à nouveau sur l’absence du nom d’un des comédiens, Pascal Nzonzi, présent à côté des autres comédien.ne.s mais seul à ne pas être mentionné en haut de l’affiche.

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C’est l’affiche de la discorde. Celle qui annonce le retour, ce mercredi 6 avril, de Jacquouille la fripouille, dans Les Visiteurs : La Révolution, troisième opus de la saga lancée il y a 23 ans. Comme il y a 23 ans, Christian Clavier incarne le personnage. A ses côtés, on retrouve, entre autres, Jean Reno, Karin Viard, Sylvie Testud, Marie-Anne Chazel, Alex Lutz, Frank Dubosc, Ary Abittan et… Pascal Nzonzi.

Comme les autres comédien.ne.s, ce dernier figure sur l’affiche du film. Or, son nom y apparaît en bas, au contraire de celui de ses collègues de tournage. Le visuel circule de mur en mur Facebook, comme sur celui de la comédienne Mata Gabin ou encore Paps Touré, et se partage à chaque fois, avec la même interrogation indignée : pourquoi, pourquoi les noms des huit autres comédien.ne.s -blanc.he.s- sont inscrits tout en haut et pas celui de Pascal Nzonzi ?

… Une affiche… Neuf acteurs… Huit noms…

Posté par Mata Claudine Gabin sur mercredi 30 mars 2016

Le photographe Paps Touré, dans une vidéo postée sur Facebook, vue plus de 40 000 fois et partagée plus de 500 fois, a entrepris d’inscrire le nom manquant du comédien à côté de celui des autres au marqueur. Il a encouragé dans le même temps celleux qui trouvent la situation anormale à « faire de même ».

paps touré

Le blogueur Solo Niaré s’est également mis à ajouter le nom de Pascal Nzonzi sur les affiches.

  
  
Une polémique qui a deux mois

Les réseaux sociaux se sont de nouveau emparés du sujet une semaine environ avant la sortie du film. Or, au moment de la diffusion de l’image en février dernier, Gaumont, qui produit et distribue Les Visiteurs 3 : La Révolution, avait déjà dû s’expliquer et répondre à la polémique jugée « démente ». Si le nom de Pascal Nzonzi n’apparaît pas en haut de l’affiche, a expliqué le studio à Challenges en février, au plus fort de la polémique #oscarssowhite, rien à voir le racisme : c’est pour des raisons contractuelles.

Celui de l’acteur d’origine congolaise, au contraire des autres, ne stipulait pas d’obligation d’y figurer, en haut, du moins. Pourquoi ? L’article ne le précise pas. Par contre, il donne l’argument ultime de Gaumont pour se défendre de tout racisme à l’égard de Pascal Nzonzi : ça ne peut pas en être puisque le studio a produit Chocolat ! Ça sonne un peu comme la variante cinématographique de l’amie noire de Nadine Morano

Pas sûr surtout que cela convainc que Pascal Nzonzi, qui a notamment joué dans Lumumba aux côtés de Eriq Ebouaney ou Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu, aux côtés de… Christian Clavier n’ait pas été volontairement zappé du haut de l’affiche. Si une partie du public et Gaumont se sont exprimé, ce n’est pas le cas du principal intéressé. Et sa parole manque encore pour mieux comprendre si son exclusion du haut de l’affiche est consentie comme le présente Gaumont, ou subie. Et donc, raciste.

#Unjourunacteurafrofrancais #8 : Yann Gael

TROMBINOSCOPE – Parce qu’on n’en peut plus d’entendre que les comédien.ne.s noir.e.s en France sont invisibles, qu’on n’en connaît peu, que si, que là… on a décidé d’en présenter un, brièvement, tous les jours. Aujourd’hui : Yann Gael.

Invisibles, les comédien.ne.s afrofrançais.e.s ? Pendant que nous nous demandons si nous sommes capables d’en citer plus de cinq, ces artistes s’affairent sur les plateaux de cinéma, les planches.

Loin de nier la ligne de couleur qui règne au théâtre, au cinéma, à la télévision et malgré des améliorations, nous voulons les mettre en valeur, à la suite d’autres, justement parce qu’il peut être difficile de savoir où et quand illes jouent.

Vous trouverez ici chaque semaine le nom et la photo d’un.e comédien.ne noir.e, sa date de naissance, son premier film, les films marquants dans lesquels ille a joué, son dernier rôle. Aujourd’hui : Yann Gael.

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Yann Gael © Adéquat

Yann Gael est né en 1986.

Au cinéma, on a pu le voir notamment en 2015 dans L’Astragale, le film de Brigitte Sy, avec Leïla Bekhti. Il a également joué dans de nombreux courts-métrages, dont Le Retour de Yoann Kouam en 2013, pour lequel il a reçu différents prix.

Le comédien s’épanouit notamment sur les planches, où il a créé le rôle de Chocolat dans une mise en scène de Marcel Bozonnet en 2012, avant le film de Roschdy Zem, donc et Omar Sy dans le rôle-titre.

Pour de nombreux téléspectateurs, depuis 2014, il est Sébastien Le Tallec, un policier dans la série Duel au soleil, aux côtés de Gérard Darmon. Il sera également dans la fiction télé Rose et le soldat, de Jean-Claude Flamand Barny, -Neg Marron, Tropiques Amers-, avec Zita Hanrot, Fred Testot, Pascal Légitimus, et Jocelyne Béroard, sur France 2.  

En mars 2016, le comédien tournait un téléfilm à Rome pour la RAI.

On le retrouve dans le rôle principal du téléfilm en deux parties Le Rêve Français réalisé par Christian Faure aux côtés d’Aïssa Maïga, Firmine Richard, Jocelyne Béroard ou encore Ambroise Michel. Il sera diffusé sur France 2 le 21 et le 28 mars 2018.

Après « Chocolat » : Cinq projets de films initiés par des Afrodescendant.e.s qu’on attend

Oui, on a Chocolat et Adama, un film grand public sur un artiste noir majeur du siècle dernier et de l’animation sur le sujet politique et douloureux des tirailleurs sénégalais. On veut encore d’autres films qui racontent la France noire.

On pourra dire ce qu’on veut : le film Chocolat, sorti dans les salles ce mercredi 2 février, a le mérite de raconter l’histoire dudit « oublié » clown Rafael Padilla de son nom de naissance. La mise en scène classique et plutôt réussie de Roschdy Zem, acteur qui signe sa quatrième réalisation, retrace l’ascension de l’artiste, né à Cuba dans les fers, et incarné par Omar Sy, devenu la coqueluche d’un Paris raciste qui s’éveillait peu à peu aux attraits des saltimbanques venus d’ailleurs, pour résumer.

Les décideurs disaient souvent que le public n’était pas prêt, pour voir enfin d’autres choses. La question peut se poser : Chocolat est-il le signe que d’autres projets d’envergure, pour le grand public sont à l’oeuvre ?  Des oeuvres pas tièdes, actuelles, qui évoqueront des personnalités importantes afrodescendantes, -afrofrançaises et africaines surtout ?-, qui raconteront d’autres histoires, adaptées ou pas d’ouvrages marquants ? De purs témoignages sur la complexité, la beauté de la vie en France, du monde ? Des regards francs et parfois sacrément noirs ? Ces oeuvres-là sont en préparation.

Documentaires, fictions, séries télé… L’Afro vous présente trois projets pensés, écrits, réalisés ou encore produits par des Afrodescendant.e.s qu’il lui tarde de voir sur les écrans.

Une si longue lettre de Mariama Bâ réalisé par Angèle Diabang

Angèle Diabang est la première à avoir consacré un documentaire sur le Dr Mukwege, le médecin congolais qui soigne les femmes victimes de viols en RDC. L’ancienne élève de la Fémis s’est depuis attelée à un nouveau projet : celui d’adapter d’Une si longue lettrele beau et fort roman de l’écrivaine sénégalaise Mariama Bâ publié en 1979, influence importante pour de nombreux.se.s auteur.se.s. De nombreuses questions y sont abordées, l’intime, le mariage, la polygamie, mais Angèle Diabang ne retient pas particulièrement cette dernière thématique comme centrale dans le roman.
La réalisatrice, qui écrit également le scénario, s’est dit particulièrement inspirée par  cette histoire d’amitié forte entre les deux héroïnes, Rama et Aïssatou, à qui est adressée la si longue lettre du titre.  Elle a confié qu’elle allait planter l’intrigue dans « le Sénégal de ces dix dernières années » ; c’est peu de le dire qu’on l’attend de pied ferme.

Ouvrir la voix d’Amandine Gay

La comédienne, militante, tient un des comptes les plus suivis de la twittosphère afroféministe. Quand elle n’écrit pas seule des articles parlant de l’occultation de la blanchité dans le débat public, ou du problème de manque de représentation des acteur.ice.s non-blanc.he.s, qu’elle ne tient pas son blog ou cosigne des tribunes, ni ne rédige des préfaces à des ouvrages de référence du black feminism, tels le Ne Suis-je pas une femme de Bell Hooks récemment traduit en français, Amandine Gay fait des documentaires.
Elle travaille actuellement sur Ouvrir la voix,  un film « sur les femmes noires issues de l’histoire coloniale européenne en Afrique et aux Antilles (…) centré sur l’expérience de la différence en tant que femme noire et des clichés spécifiques liés [à cela] », comme l’explique un mot de la réalisatrice sur la page Facebook du documentaire.
Il y sera « notamment question des intersections de discriminations (racisme, sexisme, homophobie, identité de genre, islamophobie, validisme, etc.) ». Pour préparer l’arrivée du documentaire sur les écrans et popularisé un peu plus les thématiques abordées, Amandine Gay avait organisé une conférence, avec quelques-unes des personnes qui figurent dans le film, à voir ci-dessous.

Le Rêve français produit par France Zobda
La comédienne et productrice française France Zobda, dans une interview pour ce blog, avait évoqué le projet d’une saga centrée sur le BUMIDOM. Elle avait justifié la création de ce 2 x90, destiné à la télévision, par le besoin que tous les Français.e.s ont de connaître toute l’histoire de France et notamment celle de ce bureau créé en 1963 par Michel Debré, sous De Gaulle, spécialement pour permettre l’immigration des Français d’Outre-mer vers la France métropolitaine. L’un des scénaristes est Alain Agat, qui avait déjà co-écrit le film Neg Marron. 

On s’est permis d’y ajouter deux propositions ; à l’heure où l’on parle, il se peut que les notes d’intention soient déjà sur des bureaux de boîtes de productions…

Un film sur les révoltes urbaines de 2005
Ladj Li, entre autres a réalisé un documentaire au plus près des événements survenus lors de nuits qui ont vu de nombreux véhicules brûler suite à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, tué par des policiers à Clichy-sous-Bois en 2005.

Il n’y aura jamais trop d’initiatives pour raconter cette partie de l’histoire.

Un film sur le Paris Noir des années 20-30-40
Paulette Nardal, Aimé Césaire, l’arrivée de Présence Africaine, le congrès des écrivains noirs… On est sûres qu’un film historique, une série, une saga, bref une fiction avec une bonne intrigue, de beaux costumes pour rappeler le rôle fondateur des femmes, montrer la face cachée et un peu plus humaine des acteur.ice.s de ces périodes fondatrices pour penser la politique, les idées, la place des noir.e.s dans l’art, en France, dans le monde remporterait tous les suffrages.

On a encore plein d’idées, et vous ?

« Chocolat » : Faut-il voir « Une histoire du rire » sur France Ô ?

crédits : Julian Torres / Mandarin Cinéma - Gaumont
crédits : Julian Torres / Mandarin Cinéma – Gaumont
À l ‘occasion de la sortie du film Chocolat, le premier clown noir, mercredi 3 février, un documentaire, diffusé sur France Ô samedi 6 février, retrace un siècle de rire noir en France. L’Afro l’a vu et vous dit si ça vaut le coup.

« Un humoriste de couleur (sic) est-il condamné à n’être qu’un noir qui fait rire les blancs ou peut-il faire de son art l’outil d’une vraie liberté ? ». C’est l’une des questions qui ouvre le documentaire Chocolat : Une histoire du rire, diffusé ce samedi sur France Ô à 18h40, et réalisé par la journaliste Judith Sibony. Le point de départ, c’est la trajectoire et la trace laissée par le clown Chocolat, qu’interprète Omar Sy dans le film, le premier artiste noir le plus aimé au début des années 1900.
Résumer en moins d’une heure un peu plus d’un siècle de rire, du duo Footit et Chocolat aux comiques de stand-up du Comedy Club est un pari ambitieux ; le documentaire demande si l’on peut « dynamiter les préjugés dans un éclat de rire » aidé par des intervenant.e.s divers.e.s tel.le.s que Gérard Noiriel, Shirley Souagnon, Omar Sy évidemment, Pascal Légitimus ou encore Lucien Jean-Baptiste, des archives avec le clown Chocolat, Joséphine Baker ou encore Henri Salvador, des extraits du Comedy Club mais aussi Michel Leeb, connu pour son sketch « L’Africain », qui pour lui « n’avait pas une once de racisme ».

Hassoul, comme on dit, mais la gestuelle du singe, le cannibalisme, l’accent abusé, la mention du sexe rose, des grosses narines… tous les clichés racistes y sont.

Pourquoi ça vaut le coup… Pour un historique succinct mais bien ramassé de l’humour, tels que les Noir.e.s ont pu l’incarner, sur scène et dans les sketches. Le rappel de l’origine du symbole souriant et caricatural de Banania, un dévoiement de la figure des tirailleurs sénégalais, morts pour la France reste salutaire. Voir des acteurs et actrices noir.e.s s’exprimer sur leur métier, les freins, les stéréotypes auxquels les confrontent leur peau non-blanche et comment l’humour a pu pour bon nombre d’entre eux, être la porte d’entrée pour faciliter leur arrivée dans l’actorat et jouer sans déranger. Lucien Jean-Baptiste, le réalisateur de La Première Etoile entre autres, rappelle des anecdotes et parle du besoin de représentativité, Pascal Légitimus, la difficulté de faire cavalier seul dans les années 80 en tant que comédien noir. On revoit avec plaisir très brièvement le duo Elie et Dieudonné.
Shirley Souagnon, humoriste, qui a connu un succès grand public en passant dans une émission sur France 2, est souvent très juste, surtout quand elle rappelle que les comiques noir.e.s ne sont pas juste là pour faire sourire. Quand Michel Leeb passe à la postérité pour avoir « croqué » les Noir.e.s, Eric Blanc se fait plus que rare dans les bêtisiers et les rétrospectives annuels d’humour. Rien que pour retrouver le comique aux dons d’imitateur, qui depuis s’est relancé sur scène, évoquer avec pudeur comment le sketch où il a à son tour imité Henri Chapier a été mal reçu, voir ce documentaire vaut le coup.

Il était revenu plus longuement sur le sketch, dont le sujet a été soumis par le directeur des variétés de France 2 de l’époque et validé avant qu’il ne soit joué lors des Césars, dans Tout le monde en a parlé, l’émission de Thierry Ardisson.

Le contexte historique est le fil conducteur du documentaire montrant l’évolution de la société en parallèle de la scène culturelle. On pourrait croire que plus on avance et aborde la fin du XXe siècle, plus la scène se colore. Or, comme l’un des intervenants le dit, les humoristes noir.e.s ne sont pas si nombreux.ses dans les années 2000.
Le succès de Joséphine Baker, qui fascinait en dansant, seins nus avec une ceinture de bananes autour des hanches, et voir entre autres, Amou Tati, jeune comédienne qui a écrit son seule en scène, rappeler que le côté sexuel ou la danse restent des attributions qu’on confère aux comédien.ne.s noir.e.s, lorsqu’elleux passent à la télé, que la route est encore longue pour ne pas avoir à passer par la case humour pour être légitimes.

 

On regrette… Que le documentaire, comme bon nombre d’articles, présente le film Chocolat comme étant la première œuvre de réhabilitation du premier acteur noir oublié. Les images de la pièce du même nom, qui s’est produite aux Bouffes du nord notamment en 2012 l’illustrent à plein d’endroits. Mais jamais on ne nous fait faire les présentations avec Yann-Gaël Ellouet, qui incarne Chocolat et est donc techniquement le premier à l’avoir incarné en France.
Si vous n’avez pas pu voir la mise en scène de Marcel Bozonnet, et raté le documentaire diffusé sur France 3 Picardie, regardez  l’extrait ci-dessous qui raconte la création du spectacle jusqu’avant sa première à Amiens, réalisé par Judith Sibony également pour Ma Vie d’artiste, une émission diffusée sur France 5.

Ci-dessous, un extrait de la pièce.