Awori, Meryl, Leys, Diva : les concerts du Fraiches Women festival sont là !!

Comme lors de la première édition, le Fraîches Women Festival clôture sa journée de discussions et d’ateliers par une soirée présentant le meilleur de la scène afro, locale et internationale.

Talents de la scène rap et dancehall, ambiance soulful et afro… prévoyez vos meilleurs moves, ça va kicker et whiner sec !

Vous pouvez prendre vos billets ici – et retrouver toute la programmation, en scrollant jusqu’en bas- : bit.ly/FraichesWomenfestival2

Awori (FR/Ouganda)

On avait eu la chance de la découvrir et de la voir jouer au sein de Kami Awori. Aujourd’hui, Awori poursuit sa carrière de vocaliste à la voix de velours inspirée en solo. La chanteuse, rappeuse, compositrice, porte en elle des influences diverses allant de l’Afrique de l’Est d’où elle est originaire, jusqu’à la Caraïbe, en passant par les productions des diasporas afros en Europe et aux Etats-Unis. Un véritable panafricanisme musical fait de Soul, R&B, Hip Hop et rythmiques ougandaises, le tout chanté en anglais, luganda ou swahili.

Leys (FR/Reims)

La rappeuse Leys poursuivra l’inauguration de la soirée. Basée à Reims, elle s’est fait remarquer en passant dans le Cercle, l’émission rap du rappeur Fianso ou encore sur OKLM, la radio de Booba, dans l’émission de Jacky.

Depuis, elle a fait la première partie de Kery James. Leys est l’un des espoirs d’une scène rap française qui se diversifie toujours plus !! Venez la (re)découvrir.

L’un de ses derniers titres

Meryl (FR/Martinique)

C’est l’une des révélations musicales de ces derniers mois. Ce sera son premier concert en France hexagonale. Croisée aux côtés de Timal,

mélodiste pour la rappeuse Shay -oui, oui-, son talent et sa musicalité en font l’une des chanteuses/rappeuses les plus agiles et douées de sa génération. Le succès de son dernier titre « Béni » ou de « Band sot » le prouve : elle excelle tant en toastant qu’en chantant. 
Préparez-vous, ça va être le 🔥

Le tout premier clip de Méryl en solo https://www.youtube.com/watch?v=YPvFIdn8E8Q

Diva (DJ set-FR/UK)

Diva vient spécialement de Londres pour distiller ses meilleures tracks, captées des quatre coins de l’espace afrodiasporique. Hip-Hop, soul, afro ou encore latin vibes, elle nous fait l’honneur de clôturer la soirée de cette deuxième édition de festival. Vous ne pourrez pas ne pas danser.


EVENEMENT – Fraîches Women Festival #2 : la programmation complète est là !

La seconde édition du Fraîches Women festival se le samedi 11 mai -RETENEZ BIEN LA DATE !!!- à La Marbrerie à Montreuil, comme l’édition passée, arrive dans un mois et demi ! Nous avons l’immense plaisir de vous communiquer les infos concernant nos intervenantes et les ateliers –vous pouvez choisir ce qui vous intéresse et vous inscrire dès maintenant en cliquant sur le lien ci-contre : https://lafrolesite.wordpress.com/2019/04/26/fraiches-women-festival-2-ateliers-enfants-masterclass-les-inscriptions-sont-ouvertes/


ATTENTION, LES PLACES SONT LIMITEES !!!

Pour l’heure, pour la billetterie, c’est par ici !

Une formule brunch pour les enfants de moins de 12 ans à 8€ de retour comme l’an passé et vous pouvez d’ores et déjà réserver !

Le menu du brunch afro veggie made by cheffe Clarence Kopogo

Autre information importante : le festival est family-friendly, l’entrée du festival est gratuite pour les moins de 15 ans -à retirer dans la billetterie dans la rubrique « tarif moins de 15 ans »- et on aura de nouveau un espace enfants 😉 !

Et voici le programme :

De 13h à 18h, des discussions mais également des speechs façon Ted Talks que nous avons choisi d’appeler « Paroles de Fraîches Women » ponctueront la journée. Les thématiques abordées seront le travail, le genre, le féminisme, la représentation, la santé sexuelle.

13h : Lancement du festival avec la marraine Leïla Sy -qui nous avait fait l’honneur de l’être également le 6 mai 2018- et les Fraîches Women 2019 qu’on vous fera découvrir tout au long des semaines à venir

13h10-13h20 : Parole de Fraîche Woman avec Sandrine Ngatchou, à l’initiative de la page Facebook Ovocyte moi où elle parle de son parcours, elle qui découvre son infertilité en 2014. Elle est également présidente d’UTASA Infertilité, une association partageant des informations sur l’infertilité auprès des femmes et hommes afrodescendant.es.

13h30 – 15h30 : DISCUSSION
« Et la bienveillance, bordel ? Militer, écrire, parler sur les réseaux sociaux à l’heure du shade et de la cancel culture » , modérée par la journaliste Vanessa Vertus

avec Coumbis Hope Lowie (journaliste), Charline Ouarraki (blogueuse féministe auteure de Mon fils en rose), Jennifer Padjemi (journaliste et créatrice du podcast Miroir Miroir, Laure Salmona (fondatrice et trésorière de l’association « Féministes contre le cyberharcèlement » , une membre du collectif « Nta Rajel » (collectif militant de féministes issues de la diaspora nord-africaine)

15h30-15h45 : Pause

15h45-15h55 : Parole de Fraîche Woman avec My, membre du Collectif Asiatique Décolonial

15h55-16h05 : Parole de Fraîche Woman avec Ndèye Fatou Kane autrice sénégalaise qui signe l’ouvrage Vous avez dit féministe ? et instigratrice du mouvement #balancetonSaïSaï (« balance ton pervers ») en 2018

16h05-17h35 : Cours détonnant afrobeats avec Wawa L’asso 

En parallèle de ces échanges, nous proposons des ateliers pour échanger de manière intimiste sur différentes thématiques. (Sur inscription uniquement, tous les liens ici.)

SALLE 1

13h-15h : Book Club enfants animé par Wendie Zahibo, créatrice du concept « Reines des temps modernes »

15h30-17h30 : yoga enfants avec Aurélie, co-fondatrice de Flawless Yoga

SALLE 2

13h30 – 15h : coaching session in English « how to get away from the pressure of reaching excellence by any means necessary ? Keys to embrace imperfection », hosted by Shanon Bobinger, Berlin-based systemic life and business coach

15h-16h  : masterclass capillaire #Kinkyhairmatter avec Gisèle Mergey, Fraîche Woman 2019, fondatrice de la Body Academy première école européenne qui apprend à s’occuper des cheveux crépus, frisés …

16h-17h : masterclass « discriminations au travail, comment les prouver devant la justice ? » par Paule Ekibat, Fraîche Woman 2019, avocate au barreau de Paris

17h-18h : masterclass « assigné.e métis.se, comment trouver sa place? » par Jessica Gérondal Mwiza, Fraîche Woman 2019, militante afroféministe et panafricaniste franco-rwandaise

18h-19h : masterclass « comment le sport m’a permis d’acquérir des compétences en management » par Laura Georges, Fraîche Woman 2019, ex-footballeuse et actuelle Secrétaire Générale de la Fédération Française de Football (FFF)

Des stands commerciaux, associatifs et espace dédicaces seront également présents tout au long de l’après-midi. Voici la liste complète ici.

Le soir, dès 20h, place aux concerts ! La soirée sera animée par Juliette Fievet, journaliste et animatrice de l’émission radio « Légendes urbaines » avec la chanteuse soulful Awori, la rappeuse Leys, la rappeuse Meryl -tête d’affiche de cette seconde édition pour sa première hexagonale!– pour finir avec un dj set de Diva. Plus d’infos par .

Et si vous avez des questions sur qui peut venir, l’accessibilité de La Marbrerie, l’achat de billets etc vous pouvez trouver certaines réponses ici.

Au 11 mai 😉 !

PORTRAIT – La nuit… de DJ Miss Mak

SOIREE – DJ Miss Mak interviendra ce vendredi dès 18H30 à l’occasion d’un débat autour du hip hop au féminin dans le cadre du Festival de la Banlieue à Villeneuve-Saint-Georges (L’Afro team y sera également). Après plus de dix ans à évoluer dans le milieu de la nuit à mixer aux platines, DJ Miss Mak a accepté de partager son expérience en tant que femme afrodescendante dans le milieu.

Dans le civil, qui es-tu, DJ Miss Mak ? 

Je suis Makamoussou Traoré et j’ai 37 ans.

D’où viens-tu en France ? D’où sont tes parents ?

J’ai grandi dans un village du 77, à Oissery, et j’ai vécu plus de 10 ans à Paris avant de déménager, assez récemment en banlieue, dans le 94.
Mes deux parents sont maliens et vivent en France.

Comment as-tu commencé dans la musique ?

Je suis dans la musique depuis plus de 10 ans maintenant… ça passe vite !!!
Ma passion première était la danse hiphop/jazz puis j’ai découvert la culture hip-hop et tout ce qui va avec.
J’ai débuté dans la musique via l’événementiel et le premier festival que j’ai monté à 19 ans lorsque j’étais encore à la fac. J’ai adoré ! C’était un tremplin de jeunes talents hip hop en plein milieu de l’université de Villetaneuse, une révolution à l’époque. J’ai ensuite bifurqué vers le djing, poussée à mixer en soirée par mes ami.e.s. Pendant ma période à la fac, je sortais beaucoup avec mes amies. On enchaînait les soirées toute la semaine, notamment au Slow Club avec les DJs du B.O.S.S. J’adorais voir les DJs arriver avec leurs vinyles, faire leur sélection, mixer, nous faire kiffer, nous faire danser. C’est ça que je voulais faire. J’ai donc demandé à un pote DJ de m’apprendre. A l’époque, c’était tellement rare de voir des femmes derrière les platines !

Tu mixes depuis un moment, mais ce n’est pas ton activité principale. Pourquoi ?

Le milieu de la musique est assez aléatoire. Parfois, je mixe tous les week-ends pendant trois mois puis ça va être une fois par mois.
Je suis mère d’un enfant que j’élève toute seule, je préfère avoir une certaine stabilité.
J’aime également ce que je fais à côté. J’ai un diplôme supérieur de gestion (bac+4) et j’ai également une formation sur l’industrie musicale. Ces deux formations me permettent de travailler sur différents projets très intéressants.
J’ai été chargée de projet et de communication sur des événements tels que les 20 ans de carrière de Jean-Michel Rotin au Bataclan, le Prix Les Voix Urbaines au Casino de Paris, j’ai travaillé avec K-reen, Gage, Brasco…
Aujourd’hui, je prépare un projet professionnel orienté événementiel qui me permettra vraiment d’allier ma passion pour la musique et mes compétences en gestion et marketing.

Quelles musiques garnissent tes mixes principalement ?

Principalement le hip hop et le R’n’b. Mais en ce moment, je suis aussi à fond afrobeat, future beat ou baile funk. Je sais, ce sont des styles musicaux éloignés mais je trouve qu’il y a une nouvelle vague de producteurs vraiment talentueux qui insuffle une nouvelle énergie musicale qui se ressent même en soirée.

Est-il facile de jouer partout ? Dans quel réseau évolues-tu ?

Je joue particulièrement dans le réseau hip hop parisien. On vient souvent à moi. Facile non, car quoiqu’il en soit dans ce milieu on est de plus en plus nombreux. Les organisateurs ont le choix entre une multitude de DJs ! On est parfois en concurrence avec des DJs qui proposent des prix extrêmement bas… -mais ça, c’est un autre sujet…- Donc il faut réussir à se placer. Les gens de ce milieu savent ce que je joue et ceux qui font appel à moi le font car ils ont confiance et aime ce que je propose.
Ça n’a pas été facile au début, étant presque seule face à cette horde d’hommes (rires) mais il faut s’imposer.
J’aimerais beaucoup aller mixer en Afrique et aux Etats-Unis, me confronter à un autre public.

As-tu un œil sur la scène musicale africaine ? Si oui, mixes-tu des morceaux de là-bas ?

Oui, les deux yeux même ! Wizkid, Davido et consorts. J’aime aussi passer des classiques de la musique africaine !
Depuis peu, je m’intéresse à la scène hip-hop africaine, qui est très intéressante.

As-tu des relations avec le pays d’où tu es originaire ?

J’ai de la famille au Mali. J’y suis allée pour la première fois extrêmement tard. Je viens d’une famille nombreuse et mes parents n’avaient pas les moyens de nous envoyer tous là-bas.
Je ne connais pas bien mais je prévois d’y aller mixer et en même temps de faire un petit tour de plusieurs pays d’Afrique.

Penses-tu que le fait d’être noir.e est un frein / un plus dans le milieu dans lequel tu évolues ?

Je ne pense pas que ce soit un frein. Par contre, comme dans tous les secteurs, il ne faut pas se leurrer : sans le savoir, parfois, le « white privilège » est présent…
Il faut donc travailler plus car je suis une femme et que je dois continuellement faire mes preuves mais 10 fois plus encore étant une femme noire.

As-tu déjà eu des expériences désagréables dans ton activité de DJ dûes au fait que tu es une femme ? Une femme noire ?

Plutôt des expériences marrantes en tant que femme.
Je me souviendrai toute ma vie d’une soirée où je mixais sur les Champs.
A l’époque, il n’y avait pas de serato, pas de contrôleur… si tu voulais mixer, il FALLAIT savoir mixer…. et il n’y avait quasiment pas de femmes DJ.
J’arrive dans la boîte avec mon sac de vinyles, je commence à préparer mon set derrière le DJ qui passait avant moi. Ma soeur, venue avec moi, était à quelques pas, sur un fauteuil.
Elle m’a raconté, après la soirée, qu’il y avait une bande de mecs assis à côté d’elle qui disaient des choses du genre : « Qu’est ce qu’elle fait là, elle ? C’est une potiche, une copine du DJ, elle ne va pas mixer quand même ? blablabla blablabla ». Et quand j’ai commencé à mixer, ce sont ces mêmes personnes qui dansaient, sautaient même, sur les fauteuils de la boîte de nuit.
J’ai dû faire mes preuves, puis tout a roulé.

Tu mixes depuis un moment. Comment le monde de la nuit a évolué selon toi ?

Oh oui, il a sacrément évolué. Déjà en tant que DJ, comme je disais, avant si tu ne savais pas mixer, tu ne t’aventurais pas à mixer en soirée !
Aujourd’hui, ça s’est tellement démocratisé, c’est incroyable. Tout le monde mixe. Tu appuies sur une touche, les morceaux se synchronisent. Il faut vivre avec son temps tu me diras. Il y a de bons côtés à l’évolution comme le fait de ne plus devoir se déplacer avec des centaines de vinyles et se casser le dos.
Je trouve que le DJ a perdu de la valeur aux yeux des gens.
Ensuite, les organisateurs de soirées ne sont pas assez créatifs pour moi, on retrouve partout la même proposition, les mêmes DJs, la même population, c’est ennuyeux parfois.

Mixeras-tu quelque chose en particulier pour ta prochaine soirée ?

Je fais beaucoup de freestyle en soirée donc ça sera au feeling. Je peux passer du hip hop, de la dance des années 90, de l’afro, du funk, de l’électro, de la varièt’, tout quoi !

Décris-nous ta nuit idéale.

Quelque chose de très simple où j’allie potes, rigolade et musique.
Par exemple : après avoir couché mon fils, on se prépare et rejoint nos potes au Schwartz pour manger un bon burger, ensuite on se fait un before au Mama Shelter pour y prendre un verre de vin blanc et on finit au Djoon pour une Reunion Party avec les copains DJ Jp et Sly Jonhson. Et je mixe, bien sûr !

Des projets en cours, une prochaine soirée ?

Oui, pas mal de choses se passent pour moi en 2017-2018 !

* un nouveau mix diffusé sur mixcloud au moins une fois par mois.

* je fais également partie des DJs officiels de la nouvelle plateforme de musique panafricaine DEEDO-start up qui a remporté le premier Prix MaMA Invent Crédit Mutuel– où des playlists variés de DJs du monde entier seront proposés chaque mois.

* Courant novembre, j’organise avec l’association que j’ai monté la 3ème édition du FAME DAY (FAME : Femme Ambition Motivation Education).

* Le vendredi 24 novembre, j’organise à l’Etage Club la 2ème édition de la soirée DRÔLES DE DAMES : j’ai réuni toutes mes potes djs pour faire une soirée avec uniquement des femmes derrière les platines, avec notamment Emii, Ayane, Mayah Level et moi-même.

* Je me remets également sur mon site beautefemmenoire.com

Pour suivre la DJ sur ses réseaux, il y a Facebook.
Sur Instagram , Snapchat et Twitter où  elle a le même nom : @djmissmak
Et pour le site pro, c’est par ici.

POLITIQUE – Donald Trump, un (ancien) proche du milieu hip-hop

ANALYSE – C’est officiel, le républicain Donald Trump, businessman milliardaire, ancienne star de téléréalité,  que l’on connait également pour ses propos xénophobes et sexistes et pour avoir été accusé d’agressions sexuelles par une dizaine de femmes, est devenu ce mercredi 9 novembre le 45ème -et le plus vieux -président des États-Unis d’Amérique. Le journaliste Essimi Mevegue propose de se pencher sur un aspect peut-être moins connu du personnage : celui de son lien aux rappeurs et de la fascination qu’il a pu susciter chez eux.

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« Pendant près de 30 ans, tu as été un ami incroyable ; à soutenir mes livres, à venir à mes spectacles, à me faire monter à bord des tes avions, tes hélicoptères et même à permettre aux membres de ma famille et moi-même de séjourner dans ta maison en Floride plusieurs fois. Donc, ça me fait un peu mal de savoir que mes déclarations publiques au sujet de ta candidature ont tendu ou ruiné notre amitié. Mais, le fait est que ce qui est en jeu est plus grand que nous. » Cette déclaration est extraite d’une lettre ouverte intitulée « Mon vieil ami Donald Trump, arrête les conneries » et écrite par Russell Simmons, parrain de la culture hip-hop, producteur et co-fondateur du plus grand label de l’histoire du rap, Def Jam Recordings. Publiée sur le site internet de Simmons GlobalGrind, elle donne une idée de la proximité de Trump avec la culture hip-hop qui remonte à 1989 quand il fait une apparition dans le clip « On Our Own » (coucou à 1:02 !) de Bobby Brown, chanteur de new jack et ex-mari de feu la chanteuse Whitney Houston.

À cette époque, le magnat de l’immobilier suscitait une vraie fascination chez les rappeurs en raison de sa fortune et de sa réussite en tant qu’homme d’affaires . Et pourtant, son discours ultra-conservateur était le même qu’aujourd’hui. Il était déjà engagé politiquement dans le parti républicain et songeait aussi à se présenter aux primaires républicaines de 1988. Le journaliste et écrivain Ta-Nehisi Coates auteur du livre Une Colère Noire a rappelé sur Médiapart qu’en 1989, cinq jeunes noirs avaient été accusés de viol d’une jeune femme blanche qui faisait son jogging dans Central Park et que Donald Trump avait demandé la peine de mort pour ces garçons, finalement innocentés 14 ans après les faits. Mais cela n’aura eu aucun effet dans le milieu du rap où Trump aura eu une vraie influence durant près de 20 ans. Des artistes tels que Lil Wayne, Kanye West, T.I, Gucci Mane, Mac Miller, Nelly, Young Jeezy, Ludacris et beaucoup d’autres ont mentionné Trump dans leurs chansons comme un symbole de richesse. Le rappeur Method Man l’invitera même sur son album Tical 2000 : Judgement Day  pour une dédicace.  « Avant l’idée d’un Trump populaire dans les médias modernes et sa course à la présidence des États-Unis, j’avais déjà senti qu’il avait gagné quelque chose qu’il ne méritait pas. C’était l’état d’esprit d’un grand nombre de jeunes rappeurs qui étaient comme, vous savez, les gens pauvres d’un côté, les gens riches de l’autre, je suis avec du côté des gens riches, je suis le Donald Trump. » constatait le poète et rappeur Saul Williams dans l’émission de TV Larry King Now de Larry King au sujet de la candidature de Trump.

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(Source : thegatewaypundit.com)

Le rappeur qui symbolise la proximité entre le milieu du rap et Donald Trump est Diddy. Durant les années 90 avec son label Bad Boy Records, il a amené le rap dans les clubs branchés et dans la jet-set en véhiculant une image du « ghetto fabulous » et de la « glamorous life. » Ses soirées étaient très prisées par le gratin du showbiz, où l’on pouvait croiser l’ex-femme de Donald Trump, Ivana. Une complicité va se développer au fil des années entre le rappeur et l’homme d’affaires. »Donald Trump est un ami à moi.J’ai toujours aimé le style de Donald. J’ai une cravate qu’il m’a offert, et je la porte, a déclaré le rappeur, producteur et homme d’affaires au New York Post avant d’ajouter « pour ce qui est de voter pour lui, c’est encore à voir. » Le candidat à l’élection présidentielle américaine s’est mis, en effet, à dos le milieu du rap en raison de ses attaques racistes envers Obama, les musulmans, les minorités et son refus de prendre ses distances avec l’ancien dirigeant du Ku Klux Klan, David Duke, qui lui avait officiellement apporté son soutien.

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(Source : deadstate.org)

« Ce qui se passe avec Trump n’est pas une surprise », affirme Ta-Nehisi Coates sur Médiapart. « À la limite c’était même prévisible. C’est la conséquence directe de l’élection d’un président noir. » analyse-t-il. « Une grande partie de l’Amérique blanche n’a toujours pas supporté de voir un Noir à la maison blanche pendant 8 ans et Donald Trump l’a très bien compris en faisant une campagne populiste et raciste. » L’ex-ami du milliardaire Russell Simmons affirmait  de son côté en décembre 2015, avant que Donald Trump ne devienne le candidat républicain à la présidence, que « ce qu’a fait Donald Trump, c’est qu’il a permis aux américains de dire des choses qui se sont envenimées au plus profond de leur cœur. (…)  Des choses que vous ne pourriez jamais dire, Trump les a pensé et dites. Des choses qui sont si haineuses. » Et le nabab du rap de conclure : « je pense que ce qu’il dit est dangereux pour les États-Unis parce que ces propos anéantissent les valeurs qui ont fait de ce pays ce qu’il est. »

(Source photo : vulture.com)

Citation

INTERVIEW – Leïla Sy :  » Même si c’est un grand jeu de dupes, il faut absolument voter »

Leïla Sy ©Lorent KostarENTRETIEN – Elle nous avait parlé musique et images lors d’une première interview. Leïla Sy, réalisatrice de clips, passe devant la caméra jeudi 28 janvier pour rencontrer les lecteur.ice.s du blog. Entre engagement artistique et citoyen, elle se raconte.
Leïla Sy, réalisatrice de clips passionnée pour quelques-unes des plumes les plus exigeantes du rap français, est une citoyenne engagée et une activiste du hip-hop. Avant de rencontrer les lecteur.ice.s du blog, celle qui dit avec humour et lucidité « remplir deux quotas en étant une femme noire » est revenue pour L’Afro sur son action au sein de l’association Devoirs de Mémoires et son implication dans le centre hip-hop à venir, La Place.

Femme et noire

« Je remplis deux quotas : je suis une femme et je suis noire. Deux sacrés dossiers. Oui, je suis métisse, c’est ma différence. J’ai pu faire des photos pour Benetton. Oui, je suis une femme, qui bosse dans un milieu d’hommes. Mais j’ai aussi cette empathie que les femmes qui sont devenues mères ont ; travailler avec moi du coup rend les choses différentes. Pour le moment, je représente pour moi, les miens, mes engagements et ça fait déjà beaucoup. Essayer de créer des images de qualité et mettre en valeur le travail d’artistes que je respecte, c’est déjà une sacrée mission, je ne vais pas mentir. Cela m’importe de prendre plus le temps de réfléchir afin de représenter pour les femmes.  »

La radicalisation dans les quartiers

(On avait rencontré Leïla peu de temps après les attentats du 13 novembre) « Tant qu’il n’y aura pas de modèles, ni de tremplin, ni de but à atteindre plus lumineux pour les enfants et petits-enfants de déraciné.e.s qui ont la peau plus pigmentée et de manière plus globale pour les jeunes issues d’un environnement modeste, ils vont là où on leur tend une main et où on leur fait une place. Je travaille sur ces thèmes, à ma façon, aux côtés de nombreux artistes talentueux. Dans Fautes de français, le clip que j’ai réalisé pour Lino, on a écrit sur des écriteaux des extraits de son texte, malheureusement tristement prémonitoires. On laisse pourrir les choses, on attend que ‘ça crame’. Ces attentats, ce sont dix, quinze ans de travail qui sont partis en fumée. »

lino YT

Devoirs de Mémoires, l’expérience associative en sommeil

« Il y avait d’autres associations engagées comme AC le feu ou les Indigènes de la République, qui faisaient bien plus que nous sur le terrain et à qui je tire mon chapeau. Devoirs de Mémoires, c’était la réunion d’un groupe d’ami.e.s ; on voulait travailler sur des questions d’histoire, on se demandait d’où venait le rejet de la France chez certains et surtout ce sentiment étrange de ne pas se sentir français. On a rencontré des spécialistes, organisé des conférences / débats avec des historiens comme Benjamin Stora. Malheureusement, les événements*, comme la mort de Zyed et Bouna notamment nous ont rattrapé.
Devoirs de Mémoires est devenue Devoirs de Réagir. On organisait des réunions hebdomadaires. Lors de l’une d’elles, une jeune femme, Madeleine, a eu l’intelligence de dire qu’il fallait proposer des solutions concrètes pour contrer le manque de respect qui avait cours dans les médias à l’époque, alors beaucoup moins libéralisés, et comme les élections pointaient leurs nez, .  On s’est regardé : sur les vingt, on était au moins la moitié à ne pas avoir notre carte d’électeur. Si nous ne l’avions pas, alors qu’on était des adultes responsables, on s’est dit qu’on devait encourager les plus jeunes à l’avoir et surtout aller nous inscrire également ;))) « 

Sur le droit de vote

« On a mobilisé notre réseau et lancé cet appel à s’inscrire sur les listes électorales. On a été médiatisé, ce qu’on recherchait, car on voulait se faire entendre, on avait envie qu’il y ait un peu d’espoir mais on était la face visible de l’iceberg. On a été beaucoup décrié, comme étant le « collectif de people » appelant au vote, –et a suscité de nombreux débats sur la toile, ndlr-. Cela m’a beaucoup peiné et a sans doute contribué à ce qu’on mette l’association en sommeil. Aujourd’hui, par rapport au droit de vote, je suis assez radicale. Même si c’est un grand jeu de dupes, il faut absolument voter : d’autres ne s’en privent pas. Ma grand-mère n’avait pas le droit de vote dans sa jeunesse, moi si. Comme disait Guillaume Depardieu, qui nous a malheureusement quitté, si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupera de toi. L’acte de voter, c’est aussi l’acte de s’approprier son pays. Déjà que certains ne veulent pas qu’on se sente chez nous, si nous n’essayons pas de faire en sorte de l’être, on ne va pas s’en sortir. »

Son expertise sollicitée pour le centre hip-hop La Place

« La Place est gérée par une association, présidée par Agnès B., une grande dame qui a un vrai attachement au hip-hop. Elle soutient les graffiti artistes, a également une renommée qui dépasse notre milieu. Je suis membre qualifiée et bénévole au sein du conseil d’administration ; on est en charge de conseiller l’équipe qui gère le lieu au quotidien, de faire la place à toutes les disciplines, de crédibiliser le projet. C’est un idéal qui prend jour, après un travail de longue haleine, qui, j’espère, rayonnera, une fois mis en place. Enfin une reconnaissance concrète et juste de notre culture, de ma culture, le hip-hop.
C’est une évolution logique, importante et vitale pour notre pays. La France reconnaît la puissance, la richesse et l’énergie de tous ses enfants. Je suis extrêmement honorée d’avoir été contactée, même si je suis plutôt discrète. »

*A ce sujet, un article publié sur Regards dresse un bilan des actions diverses initiées nées suite aux événements de 2005

Pour lire la première partie de notre entretien : Leïla Sy, portrait musical