2017, l’espace est aux femmes noires ? : la conquête de Jeanette Epps et Fatoumata Kebe

PARCOURS – « Hidden Figures » est sorti aux Etats-Unis et raconte l’histoire de mathématiciennes noires dont on a effacé le rôle prédominant dans la conquête de l’espace. L’occasion de parler de Jeanette Epps et de Fatoumata Kebe, deux figures qui ont aussi la tête dans les chiffres et les étoiles.

Pour la première fois, Jeanette Epps, scientifique afro-américaine va rejoindre l’ISS (la station spatiale internationale). 40 ans après la sélection de Sally Ride, la première femme à avoir embarqué à bord de l’ISS, la NASA a choisi de faire appel à cette physicienne de 46 ans, détentrice d’un doctorat en ingénierie aérospatiale. Elle sera ingénieure de vol lors de sa mission de 6 mois.
Si on peut saluer cette nouvelle, on ne peut s’empêcher de se rappeler que la NASA n’a pas toujours mis en valeur ce qui revenait de droit aux femmes noires qui l’ont intégré. Le film Hidden Figures sorti aux Etats-Unis, sort le 8 mars en France et rappelle comment l’agence a invisibilisé les mathématiciennes qui ont travaillé au service de l’Administration américaine de l’aéronautique et de l’espace. Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, interprétées respectivement par Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monáe ont permis aux Etats-Unis de planter le drapeau dans l’espace avant la Russie, pas moins !- et leur rôle a été totalement occulté, enterré, oublié.

C’est le cinéma qui fait aujourd’hui connaître l’importance de ces femmes. D’ailleurs, outre une nomination dans la catégorie de meilleure actrice dans un second rôle pour Octavia Spencer, le film concourt dans la catégorie meilleur film et meilleur scenario de l’année.

« Beaucoup de gens veulent devenir astronaute, la plupart ne poursuivent pas ce rêve » Jeanette Epps

Une nomination liée à l’effet Obama ?

Avant de rejoindre la 20e promotion de l’ISS, Jeanette Epps, qui a vu le jour à Syracuse, a travaillé pour Ford Motor, puis pour la CIA. En 2009, elle est sélectionnée pour rejoindre la station spatiale internationale. La même année, Barack Obama nommait Charles Bolden à la tête de la NASA, un poste jamais occupé par un.e noir.e auparavant. À noter que depuis sa création en 1958, sur 321 astronautes, la NASA a recruté 16 afro-américains, parmi lesquels  5 femmes.

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Quand Jeanette Epps a appris sa nomination, elle a déclaré : « Beaucoup de gens rêvent de devenir astronaute, la plupart néanmoins, ne poursuivent pas ce rêve ». Après avoir passé sept années à s’entraîner à la marche dans l’espace, et à l’utilisation d’un bras robotique, Jeanette Epps semble prête à prendre part aux expéditions 56 et 57 de l’ISS.
Départ prévu au printemps 2018, au Kazakhstan.

En France, Fatoumata Kebe a la tête dans les étoiles

Décider de travailler dans l’univers spatial ou de l’astronomie, n’est pas aisé quand on est une femme. Aujourd’hui encore, elles ne sont que 17% à évoluer dans ce milieu. Et qu’en est-il lorsque l’on est une femme noire, ayant grandi en banlieue ? Fatoumata Kebe, 30 ans, raconte : « Quand je suis arrivée à l’Observatoire de Paris, même au bout de plusieurs mois, on me prenait pour la standardiste. Pour eux, c’était impossible que je puisse être doctorante. » Pourtant, les faits sont là.
Fatoumata Kebe a obtenu un master en mécanique des fluides et s’est lancée dans une thèse. Son sujet d’étude : les débris spatiaux, les morceaux de fusées, de vaisseaux, ou encore les satellites polluant l’espace. Le 10 janvier à l’Institut d’Astrophysique de Paris, elle a présenté les résultats des 4 années qu’elle a dédiée à la recherche. Malgré le fait que son travail s’appuie largement sur des équations, des courbes, et des modélisations, Fatoumata Kebe a réussi a rendre intelligible son propos au plus grand nombre.

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Jeanette Epps et Fatoumata Kebe, fortes de leur réussite dans le milieu académique, n’en oublient pas néanmoins de s’investir auprès des plus jeunes, afin de leur transmettre leur goût de la science. La scientifique française, qui a fondé l’association Ephémérides, partage son savoir avec des collégiens qui n’ont pas forcément la possibilité d’accéder à ces enseignements.