EVENEMENT – L’Afro x Le Hasard Ludique n°4 : de quoi R. Kelly est-il le nom ? ( vendredi 22 février)

EVENT – C’est le retour de nos soirées « Talk Live Party » ! Pour cette quatrième au Hasard Ludique et première de l’année 2019 qui aura lieu vendredi 22 février dès 20h, on parlera de l’affaire R. Kelly avant d’écouter un live de la chanteuse Jeannie pour finir sur la piste avec les Zouz Machine.

Vous pouvez prendre vos billets par ici.

Tarifs : 10€ de prévente/13€ sur place

Et voici le détail du programme.

TALK : de quoi R. Kelly est-il le nom ?

Teaser du documentaire Surviving R. Kelly

Il y a une vingtaine d’années, le chanteur, producteur et compositeur R Kelly s’est fait connaître pour autre chose que pour sa musique : ses relations avec des adolescentes, la plus connue étant la chanteuse Aaliyah. Mais cela va plus loin : découverte de vidéos et photos pédopornographiques qui mèneront à des procès entre fin 90 et les années 2000, accusations de manipulations sur des jeunes femmes similaires à celles que l’on peut porter à un gourou de secte … des accusations graves que le grand public semblait avoir oublié jusqu’à la diffusion en janvier dernier sur la chaîne américaine Lifetime du documentaire « Surviving R Kelly » réalisée par la journaliste Dream Hampton. Que retenir de cette affaire parfois mal comprise en France ? Vous avez peut-être du mal à suivre toute l’affaire, vous n’en avez peut-être pas du tout entendu parler, peut-être qu’elle vous révolte, ou qu’elle vous indiffère mais vous intéresse quand même ? Venez en parler avec la chercheuse Maboula Soumahoro, Essimi Mévégué, producteur, journaliste pour la chaîne Ubiznews et pour le magazine cinéma de Canal plus Afrique, Sindanu Kasongo, directeur des programmes chez BET France, auteur du blog Le Black et la plume, et Sarah Kouaka, rédactrice en cheffe du journal Negus.

LIVE : Jeannie

Jeannie
©Erin G. Wesley

La chanteuse fortement inspirée par le r&B des années 2000 nous avait enjailler peu de temps après la sortie de son premier EP Ninja en octobre dernier lors de notre soirée de rentrée. Pour celleux qui l’ont manqué ou qui souhaitent la revoir sur scène, ce sera l’occasion d’apprécier en live
les productions ciselées pour sa voix captivante qui lui permettent de s’exprimer avec conviction sur l’estime de soi, la séduction, les relations amoureuses et la singularité des femmes noires. En attendant, vous pouvez l’écouter ici.


PARTY : Zouz Machine

Zouz Machine
©Cyrill Durigon

Zouz Machine est un duo de DJ français composé de deux amies d’enfance parisiennes originaires de Caen. Elles débutent la musique par une formation classique, pourtant c’est le rap qui leur fera écumer toutes les clubs de la capitale. Leur rencontre avec Cuizinier (TTC) leur permet de découvrir l’univers du deejaying et c’est naturellement qu’elles passent derrière les platines. On les retrouve au Fantôme, au Wanderlust, à la Maison Sage, avec des sets rythmés de rap français, de grime, de dancehall et d’afropop, qui ne cessent d’évoluer vers des sonorités du monde entier. A découvrir ici.

Venez seul.e ou avec qui vous voulez 😉 !


SERIE – « Sonia la benguiste » ou le journal de bord d’une étudiante ivoirienne à Paris

RECIT – Sonia Guiza, blogueuse cinéma abidjanaise, connue pour sa plume pimentée -vous pouvez la lire ici https://lagozi.com/-  a décidé à l’âge de 24 ans de se perfectionner dans son domaine en étudiant le cinéma dans une école parisienne. En quittant son pays, la Côte d’Ivoire, pour s’installer pendant deux ans en France, elle devient une nouvelle benguiste. Les cours, les problématiques administratives, le métro, le climat, les proches, le mal du pays … Chaque mois, elle partagera avec nous ses expériences, son ressenti et se fixera un objectif sur lequel elle fera un bilan le mois suivant.

Dans ce premier épisode, Sonia nous fait part de ses découvertes, bonnes et mauvaises -le sourire des gens dans les transports (ou pas), être la seule noire de sa classe, la paperasse- et évoque son premier objectif depuis son arrivée dans la capitale parisienne depuis octobre 2018.

CULTURE – Cinq bonnes raisons d’acheter le city guide de Little Africa

ENTREPRENARIAT – Jacqueline Ngo Mpii a enfin sorti son city guide de L’Afrique à Paris. On a pu l’acheter et -bien- le feuilleter. On valide et on vous dit pourquoi.

Grâce à des années de crapahutage dans Paris à la recherche de bonnes adresses afroparisiennes, un crowdfunding réussi et beaucoup de persévérance, Jacqueline Ngo Mpii a pu sortir le city guide de l’Afrique à Paris. En vente en avant-première lors de la foire AKAA au Carreau du Temple, il est disponible sur une boutique en ligne dédiée depuis dimanche. On vous donne cinq bonnes raisons de vous le procurer le plus vite possible.

1) Si on ne parle que de la forme, c’est déjà top !

On s’attendait à un pavé, un genre de beau livre, à couverture épaisse. Le guide est un livre de poche qu’on peut facilement emporter partout, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une jolie couverture et d’être bien fourni. Le tout, bien écrit, se lit facilement, les informations sont bien claires, les photos soignées. Pour de l’auto-édition, c’est un quasi-sans fautes : on dit juste BRAVO !

2) Un ouvrage de référence de ce genre manquait

C’est important de dire que Paris ne se résume pas qu’à aller voir la Tour Eiffel ou le Louvre. Que nos vies dans cette capitale ne se passent  pas uniquement entre les Champs-Elysées -pour le shopping, évidemment- et Saint-Michel -pour les études à la Sorbonne et le patrimoine culturel-. Que les Africain.e.s de Paris ne consomment, ne bougent, ne vont danser, ne se font pas coiffer qu’à Château d’Eau ou Gare du Nord.  Difficile de trouver une mine d’informations aussi précieuses dans les guides traditionnels tels que le Routard ou encore Lonely Planet ; La Goutte-d’Or ou Château-Rouge n’y sont pas forcément des zones parisiennes de référence à visiter. L’intérêt de ce petit manuel est de concentrer toutes les adresses, testées et approuvées par Jacqueline et son équipe. Et sur ce point, il n’a rien à envier aux guides historiques.

3) Le Paris afro politique, topographique et culturel est bien mis en valeur

Un vrai travail éditorial a été fait pour permettre de mettre les traces africaines à Paris en perspective de plusieurs manières, en pensant au confort des lecteur.ice.s. Il est utile même -et surtout- quand on se dit qu’on connaît déjà. Une carte permet d’avoir une vision globale de l’étendue du Paris afro (page 22). On peut se perdre dans les rues de la capitale et en apprendre un peu plus sur la colonisation et les grands hommes politiques noirs et invisibilisés par l’histoire (page 40). Si on a moins de temps, Jacqueline, qui organise des visites régulières dans la capitale selon des thématiques, a concocté un programme pour les touristes qui font un séjour parisien de 3 jours (page 50). Mention spéciale à la rubrique qui délivre « 10 bonnes manières pour déconstruire les préjugés », (page 13) utiles au voyageur de longue ou courte durée, comme aux travailleur.se.s ou aux habitant.e.s de la ville. C’est toujours bon de rappeler à tout le monde qu’il ne faut pas « demander à toucher les cheveux crépus d’un africain », ou que l’on peut « utiliser le mot noire pas black pour désigner une personne noire » ou encore que « Les Africains ne sont pas tous noirs » -c’est aussi vrai dans l’autre sens ;)- !

4) La présence d’artistes ajoute un plus

C’est important de montrer que la ville reste dynamique et créative. Le guide met en avant des artistes afro comme Alif King ou Fred Ebami qui donnent leur vision de Paris. Une bonne idée, surtout que leurs travaux sont divers. C’est une excellente manière de faire découvrir leur travail et de sortir des images d’Épinal d’un Paris dessiné uniquement par les peintres de Montmartre ou de Beaubourg. Cela laisse augurer de nombreuses possibilités pour la suite et les nombreuses rééditions de ce guide – oui, on est sûr de ça 😉 -, car la ville regorge d’artistes et d’autant de manières de voir et de vivre Paris.

5) L’esprit qui anime la team little africa est positif et inspirant

Celle qui disait partir d’un échec a bien rebondi. Jacqueline Ngo Mpii a mené cette aventure de bout en bout, de la conception à l’édition accompagné d’une équipe. Si on peut la retrouver tout au long du guide, parée de vêtements ou d’accessoires, c’est avant tout une manière de mettre en avant la richesse des créateurs afro que ce soit Afrikanista (page 19), Babatunde (page 156) et bien d’autres. Car le guide est un travail de groupe mené en partie en famille et avec des collaborateur.ice.s fidèles et surtout compétent.e.s, comme Stéphane Aissa Bandassak, graphiste ou Guilain Richard, photographe. Et ça, on aime particulièrement ! Allez, payez votre billet de 20 euros, vous ne le regretterez pas 😉

Ce qu’on aimerait voir dans la deuxième édition : encore plus de nouveaux lieux, de nouvelles personnalités, un autre visage qui mette en avant les marques et créateurs afro qu’on aime porter dans la capitale et dans le monde. Et pourquoi pas une édition indépendante sur tou.te.s les entreprises, lieux culturels, de mémoire, acteur.ice.s afro en dehors de Paris ? Le potentiel de cette première édition est juste sans limite.

Les cinq adresses préférées de Jacqueline Ngo Mpii

pour manger…

au Ô Petit club africain « Le brunch de 25€ avec buffet à volonté, c’est du jamais vu ! Découvert il y a 2 ans, j’y vais souvent le samedi. »

http://opetitclub.fr/

pour danser… au VRP Vendôme « J’y suis allée une fois et j’ai trouvé ça pas mal. »
http://vrp-paris.com/

pour se balader, se cultiverau Jardin tropical de Vincennes. « Je l’ai découvert il y a 3 ans. Je n’y vais pas autant que je souhaiterais, juste l’été quand il fait beau mais ce lieu a un charme fou. Je vais au Musée de l’histoire de l’immigration. L’édifice est majestueux et j’y vais parce que ça parle de l’histoire de l’immigration en France, de la colonisation. »
http://www.vincennes-tourisme.fr/Decouvrir/Bois-de-Vincennes-et-ses-alentours/Le-Jardin-d-Agronomie-Tropicale
http://www.histoire-immigration.fr/

pour s’habiller Sakina M’sa « On peut trouver les vêtements de la créatrice d’origine comorienne dans le 18e et dans le 3e au Front de mode. »
http://www.sakinamsa.com/concept-store/

pour kiffer, tout court... « C’est plutôt un arrondissement de Paris : le 18ème. J’ai vécu du côté chic-Anvers-, je travaille du côté populaire -la Goutte d’Or-. Il est parfaitement à l’image de ce Paris africain : ce sont deux mondes différents qui se juxtaposent, cohabitent ensemble, se mixent parfois et qui pourtant s’ignorent totalement. »

AUDIO – La Minute Daron #1 : Ronald à Nuit Debout Paris

CHRONIQUE – On entend/lit beaucoup de vérités générales sur les daron.ne.s africain.e.s , caribéen.ne.s. Pourtant, ils ont tou.t.e.s des parcours, des croyances, des bagages différents.

 

Nos grands-mères, grands-pères, mères, pères, tantes, oncles, originaires de pays d’Afrique ou des Caraïbes, ont roulé leur bosse jusqu’en France quand ils n’y sont pas tout simplement né.e.s et/ou n’y ont pas grandi. Ils lisent Le Parisien, regardent les débats de l’Assemblée nationale de façon assidue, pratiquent la religion que leurs parents leur ont inculqué, ou pas, ont poursuivi des études, ou pas. Peu importe leur vécu, ils ont des choses à partager, à transmettre, que ce soit des anecdotes drôles ou touchantes, des leçons tirées, des convictions, des espoirs ou des craintes quant à notre avenir. Aujourd’hui, rencontre avec notre premier daron, Ronald.

 

Place de la République, nous avons passé une soirée à NuitDebout à la date du #54mars en compagnie de Ronald, un daron d’origine haïtienne, fraîchement naturalisé après avoir vécu 25 ans en France. Fortement imprégné de valeurs « socio-politiques », il passe toutes ses nuits en « observateur » au sein du mouvement lancé le 31 mars à Paris, dès la première semaine.
Tout en nous faisant visiter, il en a profité pour nous parler de son parcours, d’éducation, de politique, de lutte antiraciste, de religion, de son histoire, d’actualité et de sa vision son du mouvement Nuit Debout.

 

Ronald explique les raisons pour lesquelles il se rend chaque soir Place de la République.

Son intérêt pour les questions politiques et sociales ne datent pas d’aujourd’hui puisqu’il s’en souciait déjà lorsqu’il vivait en Haïti.

 

 

Ronald, un grand curieux, a décidé de nourrir encore plus sa réflexion et d’approfondir sa culture en entamant des études en France.

Il retient des choses positives concernant Nuit Debout …

… mais

 


Ronald s’intéresse également aux luttes antiracistes. Il partage son avis sur le Peuple des Indigènes de la République (PIR) et sa porte-parole, Houria Bouteldja.

Ronald retrace également son parcours religieux.

Babylon Bis, cantine intemporelle des noctambules initiés

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Dans l’antre du Babylon Bis

Qu’ont en commun Dany Brillant, Rihanna, Beyoncé, Snoop Dogg ou encore Laurent Voulzy ? D’avoir mangé, au moins une fois, au Babylon Bis. Non averti(e), on peut risquer de rater la porte de ce restaurant afro-caribéen, lumière tamisée sur fond de Bob Marley et de musique nigériane, déco aux imprimés zèbre et léopard, tapi dans la rue Tiquetonne (Paris 2e). « Un restau tenu par des Blacks (sic) et qui sert des plats africains et antillais si tard, c’est devenu rare », note Christiane, la gérante, bientôt 50 ans, qui contribue à sa réputation mais qui n’aime pas se raconter. Les murs parlent pour elle : tout le show showbusiness s’y trouve en photo. Claude Nougaro y vint se délecter d’un poulet braisé, « notre spécialité ». Serena Williams, comme Lenny Kravitz, y ont leur rond de serviette. Lupita Nyongo s’y est restaurée une semaine.

Christiane, la gérante du Babylon Bis
Christiane, la gérante du Babylon Bis

Une affaire de famille

Le Babylon Bis, adresse appréciée et recommandée jadis par Marvin Gaye, attire un public varié d’anonymes, « des étrangers, surtout des Américains et des Asiatiques mais peu de Noirs finalement qui trouvent que c’est trop cher ». Quant à Almamy Sylla, autre pilier du lieu, il déplore que les clients, surtout les jeunes, sont devenus difficiles. Arrivé de Guinée pour devenir footballeur, l’homme est cuisinier, serveur, physio… « Je sens si une personne va créer des problèmes. On ne veut pas risquer la fermeture à cause de ça. » Une affaire de famille « C’est mon mari, Faze, qui a monté l’affaire il y a 35 ans. Je poursuis son oeuvre », explique Christiane, qui travaille avec son cousin et ses deux frères et soeurs.

Une vie de nuit

Finalement, elle se met à table. Née en Martinique, arrivée à Paris à 13 ans, elle étudie la gestion ; à 22 ans, rencontre Faze, d’origine guinéenne. Et ne s’imaginait alors pas diriger l’établissement. « Je tenais le salon Idriss Coiffure. J’ai vendu et rejoint l’équipe à plein-temps », se souvient-elle. Fini le Balisier à deux pas, le Copacabana, le Baby Antilles et autres boîtes où Christiane partait en plein service danser deux heures et revenait travailler ! Debout de 20h à 5h, le couple a été victime de surmenage. « J’ai arrêté l’alcool, maintenant c’est sport et repos ! Mais j’aime la nuit », dit Christiane. On part, laissant derrière nous un fond de sauce chien, le papier tigré, Beyoncé et les autres. Et la sensation d’avoir été dans l’un des derniers bastions d’un Paris afro et fun. On reviendra, c’est sûr.

Paru initialement sur le magazine Afriscope