MISE AU POINT – Et pour lui, ce n’est visiblement pas juste « une polémique démente »…
Ce mercredi 6 avril, sort le troisième opus des Visiteurs, accompagné d’une polémique autour de l’affiche. Y figurent tous les acteur.ice.s principaux.ales et leurs noms en haut, tous sauf celui de Pascal Nzonzi, seul comédien noir. La toile s’est fait l’écho de ce qui lui est apparu comme une injustice raciste.
Quelques personnes, comme le blogueur et activiste Solo Niaré sont même allées s’activer dans le métro pour inscrire le nom manquant du comédien, récemment au casting de Paulette, Le Crocodile du Botswanga ou Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?. Gaumont, le studio producteur distributeur et responsable de l’affiche, avait démenti cela, et insisté dans un article de Challenges sur des raisons contractuelles les ayant conduit à inscrire le nom de l’acteur plutôt en bas ; pour le studio, la polémique est « démente ».
Si Pascal Nzonzi n’a pas tenu à s’exprimer, son fils lui a posté un message sur Facebook mardi, pour évoquer la polémique et remercier « tous ceux qui se mobilisent pour son père » en soulignant et saluant « le pouvoir du net ». Et bien loin des déclarations formelles et policées, notamment émises par Gaumont, il indique que son père a reçu « des excuses » et que son agent a été « remercié ».
La meilleure nouvelle du post : son père va bien et « est déjà sur autre chose ».
TROMBINOSCOPE – Parce qu’on n’en peut plus d’entendre que les comédien.ne.s noir.e.s en France sont invisibles, qu’on n’en connaît peu, que si, que là… on a décidé d’en présenter un, brièvement, tous les jours. Aujourd’hui : Pascal Nzonzi.
Invisibles, les comédien.ne.s afrofrançais.e.s ? Pendant que nous nous demandons si nous sommes capables d’en citer plus de cinq, ces artistes s’affairent sur les plateaux de cinéma, les planches.
Loin de nier la ligne de couleur qui règne au théâtre, au cinéma, à la télévision et malgré des améliorations, nous voulons les mettre en valeur, à la suite d’autres, justement parce qu’il peut être difficile de savoir où et quand illes jouent.
Vous trouverez ici chaque semaine le nom et la photo d’un.e comédien.ne noir.e, sa date de naissance, son premier film, les films marquants dans lesquels ille a joué, son dernier rôle. Aujourd’hui : Pascal Nzonzi.
Pascal Nzonzi
Pascal Nzonzi est né en 1950.
Il a débuté sa carrière au cinéma en 1971 dans Le Lion à sept têtes de Galuber Roscha, après avoir été formé au Théâtre National Congolais et au Centre de Formation et de Recherche d’Art Dramatique de Brazzaville, à la Maison de la Culture du Havre et au Conservatoire Supérieur National d’Art Dramatique de Paris.
Sa filmographie témoigne de sa présence dans bon nombre de comédies populaires françaises, pas toujours du meilleur goût. Elles dessinent pour bonne part une certain idée d’un cinéma français au casting « divers », comme en 1986 dans Black Mic-Mac de Thomas Gilou, Romuald et Juliette de Coline Serreau en 1989 ou Les Trois Frères de Didier Bourdon et Bernard Campan en 1995, Le Crocodile du Botswanga de Fabrice Eboué et Lionel Steketee en 2012 ou encore Paulette de Jérôme Enrico en 2013. Elles suscitent parfois la controverse comme Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu de Philippe de Chauveron sorti en 2014 ou Les Visiteurs : La Révolution dans lequel il est à l’affiche le 7 avril 2016. Les papiers disant du bien du film sont rares, quand ils ne le tournent pas carrément en dérision. La polémique a commencé avant le film, les réseaux sociaux ayant noté que Pascal Nzonzi, qui apparaît sur l’affiche comme les huit autres comédien.ne.s principaux.les, a son nom inscrit en bas au contraire de ses collègues.
L’acteur a développé une carrière internationale dès le début, jouant dans Night on earth de Jim Jarmusch en 1990, dans Lumumba : Retour au Congo en 2002, de Raoul Peck aux côtés d’Eriq Ebouaney.
A la télévision, il a joué dans Fatou la Malienne en 2001 et Fatou l’espoir, la suite, en 2003. Il a eu aussi des rôles dans Navarro, PJ. Il a joué dans Quand la ville mord de Dominique Cabrera ou encore Duo en 2012, un téléfilm de Patrick Volson.
Pascal Nzonzi a beaucoup joué au théâtre dans des pièces du répertoire congolais, notamment dans celles mises en scène par Pascal Mayenga, – La Marmite de Koka Mballa, l’un des classiques du théâtre congolais écrit par Guy Menga-, celles de Gabriel Garran ou de Pierre Debauche, qui fut son professeur au CSNAD, entre de nombreuses autres.
Il a lui-même mis des pièces en scène, comme l’adaptation d’Une si longue lettre de Mariama Bâ, La rue des mouches de Sony Labou Tansi, entre de nombreuses autres, tout en enregistrant des pièces radiophoniques pour France Culture, et en enseignant l’art dramatique.
REPONSE – Le comédien, dont le nom ne figure pas en haut de l’affiche, a fait savoir qu’il ne parlera pas à la presse.
L’Afro a suivi la polémique initiée par les internautes de l’affiche des Visiteurs : La Révolution, en haut de laquelle elleux avaient remarqué l’absence du nom du comédien Pascal Nzonzi. Ceux de Jean Reno, Christian Clavier, Karin Viard ou encore Sylvie Testud, entre autres, autres comédien.ne.s présent.e.s au casting, y sont inscrits ; la toile crie au racisme.
Pascal Nzonzi
Le studio Gaumont qui produit et distribue le film et qualifie la polémique de « démente »s’était défendu de tout racisme, évoquant des raisons contractuelles. Rien du côté de l’acteur, à la carrière démarrée dans les années 70, n’avait filtré.
Contactée par L’Afro, l’équipe du comédien a fait savoir que Pascal Nzonzi « ne souhait[ait] pas s’entretenir sur le sujet de l’affiche des Visiteurs« , tout en constatant qu’il est « dommage que la presse ne s’intéresse à ce grand acteur que sur un sujet dit polémiqueux (sic) ».
Claire Diao, journaliste cinéma
Le travail inlassable de festivals, de journalistes, comme celui de Claire Diao, le récent débat autour des Oscars marqué par le hashtag #oscarssowhite, que nous avons prolongé en organisant une discussion publique autour de la place des comédien.ne.s noir.e.s en France en parallèle de notre série de posts #unjouruneactriceafrofrançaise #unjourunacteurafrofrançais, mettant en valeur les parcours des actrices et acteurs noir.e.s travaillant en France… Cette polémique montre que toutes ces contributions, -la notre étant la plus récente et ô combien bien plus modeste en regard de celle des autres personnes /organisations citées-, restent salutaires, sinon nécessaires.
Les réseaux sociaux se questionnent et agissent IRL -in real life ndlr- à nouveau sur l’absence du nom d’un des comédiens, Pascal Nzonzi, présent à côté des autres comédien.ne.s mais seul à ne pas être mentionné en haut de l’affiche.
C’est l’affiche de la discorde. Celle qui annonce le retour, ce mercredi 6 avril, de Jacquouille la fripouille, dans LesVisiteurs : La Révolution, troisième opus de la saga lancée il y a 23 ans. Comme il y a 23 ans, Christian Clavier incarne le personnage. A ses côtés, on retrouve, entre autres, Jean Reno, Karin Viard, Sylvie Testud, Marie-Anne Chazel, Alex Lutz, Frank Dubosc, Ary Abittan et… Pascal Nzonzi.
Comme les autres comédien.ne.s, ce dernier figure sur l’affiche du film. Or, son nom y apparaît en bas, au contraire de celui de ses collègues de tournage. Le visuel circule de mur en mur Facebook, comme sur celui de la comédienne Mata Gabin ou encore Paps Touré, et se partage à chaque fois, avec la même interrogation indignée : pourquoi, pourquoi les noms des huit autres comédien.ne.s -blanc.he.s- sont inscrits tout en haut et pas celui de Pascal Nzonzi ?
Le photographe Paps Touré, dans une vidéo postée sur Facebook, vue plus de 40 000 fois et partagée plus de 500 fois, a entrepris d’inscrire le nom manquant du comédien à côté de celui des autres au marqueur. Il a encouragé dans le même temps celleux qui trouvent la situation anormale à « faire de même ».
Le blogueur Solo Niaré s’est également mis à ajouter le nom de Pascal Nzonzi sur les affiches.
Une polémique qui a deux mois
Les réseaux sociaux se sont de nouveau emparés du sujet une semaine environ avant la sortie du film. Or, au moment de la diffusion de l’image en février dernier, Gaumont, qui produit et distribue Les Visiteurs 3 : La Révolution, avait déjà dû s’expliquer et répondre à la polémique jugée « démente ». Si le nom de Pascal Nzonzi n’apparaît pas en haut de l’affiche, a expliqué le studio à Challengesen février, au plus fort de la polémique #oscarssowhite, rien à voir le racisme : c’est pour des raisons contractuelles.
Celui de l’acteur d’origine congolaise, au contraire des autres, ne stipulait pas d’obligation d’y figurer, en haut, du moins. Pourquoi ? L’article ne le précise pas. Par contre, il donne l’argument ultime de Gaumont pour se défendre de tout racisme à l’égard de Pascal Nzonzi : ça ne peut pas en être puisque le studio a produit Chocolat! Ça sonne un peu comme la variante cinématographique de l’amie noire de Nadine Morano…
Pas sûr surtout que cela convainc que Pascal Nzonzi, qui a notamment joué dans Lumumba aux côtés de Eriq Ebouaney ou Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu, aux côtés de… Christian Clavier n’ait pas été volontairement zappé du haut de l’affiche. Si une partie du public et Gaumont se sont exprimé, ce n’est pas le cas du principal intéressé. Et sa parole manque encore pour mieux comprendre si son exclusion du haut de l’affiche est consentie comme le présente Gaumont, ou subie. Et donc, raciste.