CINEMA – « Dope » de Rick Famuwiya : l’avis de L’Afro

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On a aimé


*Le parcours d’un « street smart »


Rick Famiyuwa s’est inspiré de sa vie pour écrire le film. Celle d’un jeune homme qui a grandi dans un quartier pauvre en proie à la violence où dealer, faire partie d’un gang et trainer dans les mêmes rues toute sa vie semblent être les seules horizons qui s’offrent à lui. Alors qu’il aspire à étudier dans l’une des plus prestigieuses universités du monde, Harvard. Il raconte comment décrypter les codes de la rue et y zigzaguer pour trouver élargir son champ des possibles. En d’autres termes, avec de l’intelligence voire de la ruse, on peut défier la fatalité et s’en sortir.


*Dénoncer sans moraliser


Le réalisateur a essayé de balayer certaines problématiques qui persistent. Notamment l’homosexualité vue comme un mal avec le personnage de Jib qui est lesbienne et que la famille religieuse essaie de remettre sur le droit chemin pour illustrer le poids d’une pensée traditionaliste et religieuse au sein de la communauté. Il y a aussi le bon vieux débat concernant l’utilisation du mot « nigga » : est-ce que les blancs, amis avec des noirs qui les désignent par ce terme, peuvent en retour l’utiliser avec ces mêmes amis noirs, même « par amour » ? Ou encore la question de l’exotisation du corps noir avec Will, l’ami blanc du groupe qui «réalise son fantasme : celui de coucher avec une femme noire». On sourit, on rit parfois même, on hoche la tête, bref on apprécie !

Dire nigga, la représentation de la communauté LGBTQI au cinéma…les acteur.ice.s de Dope s’expriment


*La bande-son


Si vous aimez le bon son, vous allez adorer la bande originale du film. De Public Enemy à A Tribe Called Quest en passant par Gil Scott Heron, Pharrell nous a gâté. Il a su rythmer le récit des trois amis geekos que sont Jib, Diggy et Malcolm et capter l’univers dans lequel ils évoluent : Inglewood, quartier chaud de Los Angeles entre désespoir, rêves et rage de vivre.


On a moins aimé


*Des clichés qui collent à la peau


Malgré les tentatives de déconstruire un certain nombre de clichés, on en retrouve pas mal. On reste politiquement correct l’air de rien et on joue sur des idées reçues. Quelques exemples. Les femmes sont relayées au second plan. La seule qui transgresse un peu les codes est Jib qui est lesbienne et qui se conduit un peu comme la société l’attendrait de la part d’un jeune homme. Car toutes les lesbiennes sont des garçons manqués. Cliché. L’ami blanc du groupe est un hippie accro aux drogues en tous genres et conspirationniste. Cliché. Austin Jacoby, mentor de Malcolm, a fait fortune en trempant dans des affaires illégales… liées à la drogue. Cliché.

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*L’ambiance clip de rap


Les plans limite au ralenti des femmes accessoires/fantasmes au regard évocateur font partie intégrante de Dope. Le long-métrage comprend également son lot de « racailles » qui s’en prennent aux petits geekos pour de la came, sans oublier le visuel bling-bling et une ambiance à base de « pan pan pan pan ». On se croirait parfois dans un clip de rap sur une chaîne urbaine mainstream. On en a presque mal aux yeux. Ou comment reprendre les composantes classiques du street movie. Pas très original ou révolutionnaire.


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