#Molièrestousblancs : Décoloniser les arts interpelle le monde du théâtre

MOBILISATION – Il n’y a pas que les Oscars qui sont si blancs. Lundi soir, au cours des Molières, des artistes, dont des membres de l’association Décoloniser les arts sont venu.e.s interroger la cérémonie. Les #Molierestousblancs, what’s good ?

Décoloniser les arts a signé sa première action. sur le terrain. Le collectif réunissant des comédien.ne.s , plasticien.nes non-blanc.he.s  s’était retrouvé devant les Folies Bergères, pendant l’enregistrement de la cérémonie des Molières lundi 23 mai. Pacifiquement, un peu après 19 heures, les militant.e.s ont levé des pancartes, interrogeant la sélection, qui n’incluait pas de comédien.ne.s non-blanc.he.s exception faite de Sophia Aram.

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Sans interpeller les personnalités entrant dans le théâtre, sans scander de slogans autres que ceux qu’ils avaient inscrit sur leurs pancartes, elleux ont fait face aux badauds, séparé.e.s de l’entrée des Folies-Bergères, et aux policiers déployés pour assurer la sécurité durant la cérémonie. Parmi eux, David Bobée, directeur du Centre Dramatique National de Normandie, auteur d’une lettre ouverte sur son compte Facebook, où il disait qu’il ne voterait pas pour une cérémonie qui exclut les non-banc.he.s en permanence. Il avait ensuite co-signé avec le comédien Yann Gael Les Molières de la honte, un texte sourcé et chiffré dans Télérama.

Oui, le théâtre continue d’invisibiliser les comédien.ne.s non blanc.he.s. Yasmine Modestine, présente lors de l’action avait rappelé lors du débat de Causette sur la place des comédien.ne.s noir.e.s que le théâtre était un vivier de comédien.ne.s, un lieu de passage indispensable pour les répérer pour bon nombre de professionnel.le.s. C’est dire si l’enjeu est important.

Dans le bar face au théâtre, d’autres comédien.ne.s se restaurent et boivent un verre avant d’accéder à la cérémonie. Certain.e.s, visiblement effaré.e.s par la présence forte de la CGT devant les Folies-Bergères, reprenaient leurs esprits devant un repas et un verre de vin. D’autres se sont laissés approcher pour répondre à quelques questions, sur leur ressenti face à la mobilisation. Voici les propos bruts que nous avons recueilli en discutant avec deux femmes et deux hommes – blanc.he.s- du métier, dont l’un d’eux est le comédien François Marthouret.

Le débat n’est donc pas que les comédien.ne.s blanc.he.s ne savent pas. Ils reconnaissent tou.te.s qu’il y a un problème. Ce qui nous frappe dans l’échange c’est que les femmes, blanches, pour qui cela reste difficile aussi d’être aussi bien servies en rôles et en exposition que les hommes blancs, reconnaissent plus aisément qu’il y a des blocages, du racisme et qu’il est nécessaire de continuer de se battre.

Mais à l’instar de Catherine Frot, quand il s’agit d’aller plus loin que le simple constat qui n’est pas inscrit dans une tribune, argumenté et public, à l’instar de celle de David Bobée, que ce soit de brandir une pancarte ou de s’engager plus avant, le retrait est immédiat : hors de question d’être un porte-drapeau politique.

Reconnaître c’est déjà quelque chose, penseront certain.e.s. Mais la situation ne date pas de cette mobilisation, le constat que rien ne bouge et que c’est injuste non plus. Le statu quo est de mise, pour un milieu qui tarde à faire les choses. Parce qu’en attendant ceux qui prennent position se font insulter, ceux qui militent, railler. La « diversité » dans le théâtre n’est pas encore une cause à la mode dont il faut s’emparer pour pouvoir dire qu’on en a été.

Pourtant, ça urge car les stéréotypes ont la peau dure. Le seul Noir qui a été vu sur scène lors des Molières n’avait pas de nom ou plutôt si : Touchi-Toucha. Sa mission : débarquer en Segway pour interrompre les discours des nommé.e.s victorieux.se.s trop longs, en les touchant du bout de l’index à plusieurs reprises. Drôle ? Non. Bien cliché dans le genre homme baraqué, mutique, venu pour faire régner l’ordre…

L’avancée, réelle, ne viendra pas des phrases de soutien lancés en toute bonne foi par Charles Berling pour plus d’ouverture. Il le sait, lui qui diriqe le théâtre de la Liberté à Toulon. De la visibilité pour cette cause, sans devoir carjacker des événements ou manifester à côté, des textes, des rôles, des conditions expurgés de racisme pour travailler sereinement.

Une fois de plus, des paroles ET des actes.

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