Festival des 3 continents 2019 : focus sur le cinéma afro-américain

Foxy Brown, Menace II Society, Daughters of the dust, Get out… des classiques et des exclusivités françaises au menu du cycle « le livre noir du cinéma américain » présenté dès le 19 novembre à Nantes.

Cinéphiles ou simple curieux.ses, si vous vous trouvez à Nantes du 19 au 26 novembre, on a un bon plan pour vous. Pendant ces quelques jours aura lieu la 41ème édition du Festival des 3 continents dédié aux cinémas d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Cette année, une rétrospective axée sur la représentation des afro-américains en présence de certain.es cinéastes. L’Afro vous fait gagner des places pour une des séances!

Spike Lee (source : 3continents.com)

« Le livre noir du cinéma américain », c’est une sélection réunissant plus de 40 oeuvres balayant près d’un siècle de courts métrages et de longs métrages comprenant fictions et documentaires. Le cycle nous plonge dans les années 20 et 30 notamment avec l’incontournable Oscar Micheaux, –à noter pour la première fois en France Birthright– et la multitalentueuse Zora Neale Hurston – avec son documentaire en exclu hexagonal Fieldwork Footage-, les années 60 et 70 avec les grands Gordon Parks et Melvin Van Peebles, en passant par les années 80 avec Haïlé Gérima et Spike Lee, les années 90 avec John Singleton et Julie Dash et des films de ces dernières années signés Jordan Peele, Raoul Peck ou encore George Tillman Jr.

Les rendez-vous à ne pas manquer :

  • les projections de Medea (1973) de Ben Caldwell et de As above, so below (1973) de Larry Clark en présence des réalisateurs dimanche 24 novembre à 20h et mardi 26 novembre à 17h
  • les séances de courts métrages en présence de la réalisatrice Fronza Woods vendredi 22 novembre à 16h et dimanche 24 novembre à 15h45
  • les projections de The horse (1973) et Killer of sheep (1978) de Charles Burnett en sa présence dimanche 24 novembre à 14h et lundi 25 novembre à 19h15
  • la conférence autour de la thématique « le livre NOIR du cinéma américain » avec l’ensemble des cinéastes présents : Charles Burnett, Ben Caldwell, Larry Clark et Fronza Woods. Lundi 25 novembre à 14h au Museum d’histoire naturelle. Le plus : l’entrée est libre.
  • la soirée au Stereolux sous le signe de la soul avec le documentaire Wattstax (1972) de Mel Stuart autour du « Woodstock noir », réunissant des artistes cultes du fameux label Stax (Isaac Hayes, Rufus Thomas, The Bar-Kays…) en hommage aux 34 morts lors des révoltes du quartier Watts en 1965, où la population exprimait sa colère face à la quotidienne violence policière. Le film donne également la parole à ses habitant.es. Il a été nommé au Golden Globes en 1974. La séance sera suivie d’un concert de l’artiste Bilal, l’un de celleux qui a repris le flambeau musical avec brio. ça se passe lundi 25 novembre à 20h30 et on vous fait gagner 6×1 places pour cet événement ! Pour participer et tenter votre chance au tirage au sort, répondez à cette question : quel est le nom du dernier album de Bilal ? Vous avez jusqu’au mercredi 20 novembre 20h pour jouer en nous envoyant un mail à l.afrolesite@gmail.com avec comme objet « jeu concours Wattstax x Bilal ». Bon courage !

EVENT – Sunshyne Harmony, Gerty Dambury, Kitoko Diva… L’Afro fait sa rentrée le 1er septembre 2019 au Petit Bain!

EVENEMENT – Après la seconde édition du Fraîches Women Festival qui s’est tenue le 11 mai dernier, L’Afro réinvestit le Petit Bain pour fêter la fin de l’été pour la deuxième année consécutive! Le concept reste inchangé : talk.live.party. Mais aussi, yoga, brunch, massage… De 11h à 21h, en cette rentrée et avant une troisième édition, l’idée, c’est de se retrouver, de parler, d’échanger, puis de (re)découvrir des artistes afrodescendantes qui montent, de profiter de la terrasse, de bruncher au soleil, de découvrir des initiatives commerciales et associatives #blackbusiness. Tout le monde est bienvenu !

On vous attend le dimanche 1er septembre dès 11h au Petit Bain (Paris 13ème) pour démarrer une nouvelle année sous le signe de la discussion et de l’enjaillement!

C’est gratuit mais vos donations sont bienvenues ! Réservez vos places en cliquant ici !

Et voici le programme !

🧘🏿‍♂️ 11h-12h30 : Patricia vous accueille pour un cours de kundalini yoga.
Sur inscription : 12 euros

OUVERT À TOU.TE.S // PLACES LIMITEES

Si vous êtes intéressé.e.s, écrivez-nous pour réserver votre place : lafrolesite@gmail.com

🍱12h-15h : Le brunch est ouvert ! et dès 14h, vous pourrez retrouver des stands jusque 20h (on vous en dit plus très vite!)

🗣️ 16h-17h TALK : Rebecca Amsellem (Les Glorieuses) et Gerty Dambury (Décoloniser les arts)

Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses et Gerty Dambury, autrice, poète et militante historique de la Coordination des femmes noires s’étaient rencontrées lors de la première édition. On les avait réunies pour parler de sororité mais surtout de l’urgence de connaître les luttes passée, présentes et à venir, de tout.e.s et de s’unir parce que les femmes sont loin d’être TOUTES libérées. Elles se retrouvent pour revenir sur l’édition à laquelle elles ont participé, parler de leurs combats, de leurs écueils. L’échange aura lieu sur la petite terrasse près du bar et sera enregistré.

Les places seront réduites, venez tôt !!

Pour retrouver le travail de Rebecca Amsellem https://lesglorieuses.fr/

Pour retrouver le travail de Gerty Dambury https://twitter.com/gdambury

🧘🏿‍♂️ 17h-18h BIEN-ÊTRE : Pour cette session, sur le mini rooftop, Patricia de We Are Yogis vous propose un atelier de massage. Vous serez en binôme. Après quelques étirements à deux, vous vous masserez selon un protocole précis (plusieurs protocoles possibles selon le type de massage) – l’un masse, l’autre reçoit et inversement. L’atelier proposé peut être vu comme de la méditation.

Et toujours PLACES LIMITEES

Pour réserver : écrivez-nous sur lafrolesite@gmail.com

🎶 18h15-19h LIVE : Sunshyne Harmony (concert)

Elle a été le coup de coeur du magazine Be. Trace TV a aussi flashé sur son talent. À 22 ans, Sunshyne Harmony est une autrice-compositrice-interprète qui commence à faire parler d’elle.

Elle présentera les titres de son premier EP « Type Shit », un super projet aux influences nu soul, hip-hop et électro.

Venez la découvrir sur le rooftop principal !

Pour l’écouter avant l’heure :

🎛️ 19h-22h : Kitoko Diva (DJ set)

Venue de Londres, où elle fait danser Peckham et ses environs, Kitoko Diva nous a fait l’honneur de conclure la deuxième édition du festival Fraîches Women.

Elle reviendra tout juste du festival Afronation, batteries, platines bien rechargées et pleine d’inspi.

Au programme : le meilleur des sons afrobeats, hip-hop, des latin vibes.

On vous recommande de préparer vos meilleurs pas de shaku shaku, vraiment.

Pour avoir un avant-goût, c’est par là :


Retrouvez l’événement sur Facebook !

INTERVIEW – Shayden, fondatrice du Lili Women Festival : « les plus belles pépites artistiques brillent souvent dans l’ombre »

Partout dans le monde, les initiatives pour rendre les femmes plus audibles et plus visibles se multiplient. A Abidjan, Shayden, chanteuse originaire de l’ouest du pays, s’apprête à lancer du 20 au 22 juin la troisième édition de son festival 100% féminin et artistique Lili Women Festival avec au programme concerts, ateliers, remise de prix. Un événement annuel créé à travers son agence de promotion culturelle Léliai & Company. Cette année, elle a décidé de faire un focus sur les violences faites aux femmes et organise en amont du le festival une marche « Speak for her » à Abidjan samedi 25 mai à 9h au départ du Carrefour de la Vie (Cocody) pour éveiller les consciences des citoyen.nes et de l’Etat à ce sujet. Elle a accepté de répondre aux questions de L’Afro.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Shayden, chanteuse. J’ai participé à la première édition The Voice Afrique francophone avec Singuila. Avant ça, j’ai présenté des émissions culturelles et artistiques sur la chaîne VoxAfrica. Après The Voice, j’ai voulu réunir des artistes sur la même plateforme car il y a peu de place pour la scène underground en Côte d’Ivoire, or je suis persuadée que les plus belles pépites brillent souvent dans l’ombre.

Shayden, chanteuse et fondatrice du Lili Women Festival

Pouvez-vous nous en dire plus sur le concept Lili Women Festival ?

J’ai décidé de me centrer sur les femmes. Je trouve que depuis Nayanka Bell, la scène musicale ivoirienne du côté des chanteuses a perdu en valeur sauf en ce qui concerne Josey qui sait vraiment chanter. C’est dommage car la Côte d’Ivoire est connue pour être la plaque tournante de la musique africaine. Il est donc paradoxal de ne pas avoir de plateforme pour la valoriser. Le festival a été conçu pour montrer les femmes artistes mais aussi pour les former car être chanteuse, ce n’est pas uniquement être devant un micro. D’ailleurs, il n’y a pas que le chant, il y a aussi la danse, le stylisme … les femmes sont peu représentées dans les domaines artistiques en général. C’est pourquoi depuis la première édition axée sur la musique, quatre autres disciplines se sont ajoutés à partir de la seconde incluant les arts visuels comme la peinture ou la photographie et les arts de la scène comme la danse et le théâtre.

Comment les femmes sont-elles formées durant le festival ?

Par le biais d’ateliers qui auront lieu les 15 et 16 juin. Il y aura notamment Edith Brou, qui gourou du web et blogging, fondatrice de la start-up Africa Contents Group et qui n’est plus à présenter à Abidjan qui expliquera aux artistes comment valoriser leur travail sur les réseaux sociaux. Il y aura aussi Paule-Marie Assandre, (créatrice de l’atelier de danse Body Acceptance ndlr) qui donnera des conseils aux femmes pour s’accepter avec leurs défauts et leurs qualités, qu’elles soient foncées de peau, claires de peau, chevelue ou non … Qu’elles acceptent ce qu’elles sont à l’intérieur pour que cette beauté éclate à l’extérieur. Enfin, Amie Kouamé et son concept « Superwoman » confronte l’ancienne génération avec la nouvelle pour développer le côté mentorat. Ces ateliers s’adressent avant tout aux artistes mais sont ouverts à tout le monde.

Le Lili Women Festival est soutenu par la Commission Nationale Ivoirienne pour l’UNESCO. De quelle nature est ce soutien ? Financier ? Logistique ?

Dès que j’ai lancé le festival, la Commission a répondu favorablement et mis à disposition des rapports avec des chiffres notamment sur les violences faites aux femmes ou m’a guidé quant au choix des intervenantes pour les ateliers. Je leur suis reconnaissante. Il n’y a pas d’aide financière pour le moment ; le fonctionnement du festival dépend à 99% de mes fonds propres et de ce que j’appelle la « love money », c’est-à-dire de l’argent venant des gens de ma famille et de celles soutenant mon travail. Ici à Abidjan, aucune entreprise ou structure ne veut accompagner un projet nouveau, il faut un projet bien installé, depuis 6 ou 7 ans. Chose que je trouve paradoxale car si on est déjà bien développé, on n’a pas besoin d’aides mais je le fais sans ça. Je regarde surtout ce que ça apporte aux chanteuses car beaucoup ont voulu abandonner et sont motivées à nouveau grâce au festival.

La première édition était un test pour voir si elles voulaient travailler ensemble. Ce qui m’importe, c’est la notion de communauté. Il n’y avait pas de thème sur la première édition. C’est à la seconde que j’ai décidé de centrer le festival sur une thématique, celle de la recherche d’identité en tant que femme artiste.

Qu’est-ce que la campagne « Speak for her » ?

Il est important d’avoir un impact réel. Or, les artistes en Côte d’Ivoire sont très loin de la vie sociale, ne sont pas impliqué.es dans la vie des gens qui la font. Pourtant, un.e artiste sans public, ça n’existe pas. Utiliser la force de la communication pour sensibiliser sur la question des violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire face au déni de la population et la non-prise en charge par l’Etat, les artistes ont une responsabilité, un rôle d’éducat.eur.ices de la société. J’ai donc pensé à lancer la campagne « Speak for her ». Ce qui a motivé au départ cette action, c’est que je connais une femme qui en a été victime. J’ai ensuite été scandalisée en découvrant que la loi ivoirienne ne défend pas les femmes. Le viol est considéré comme un délit, plutôt que comme un crime. Le harcèlement n’est défini dans aucun texte de loi. Rien n’est fait. J’ai rencontré des juges, juristes, avocats, tout le monde a conscience qu’il y a un problème mais personne ne les pousse à réviser les lois, c’est donc à nous les femmes de le faire. Il n’y a pas d’endroit en Côte d’Ivoire pour que les victimes puissent se retrouver. Alors en général, elles restent dans leurs foyers pour les enfants. Certaines, dans le pire des cas, y perdent la vie. Non, cela n’arrive pas qu’ailleurs. Les chiffres de l’ONU-femmes et de l’OMS sur les violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire dévoilés en 2018 m’ont indigné : 52% des filles et femmes excisées, entre 60 et 70% de femmes victimes de violences physique et sexuellesdes chiffres qui sont par ailleurs inexacts car des femmes se terrent dans le silence, par honte ou peur de représailles.

La marche « Speak for her » est donc une façon pour moi d’apporter ma pierre à cette cause. J’ai réuni des artistes comme Josey et d’autres issu.es de la jeune génération mais aussi des personnalités politiques comme Yasmina Ouegnin, députée de la commune de Cocody qui a accepté de participer à la marche. On sera tou.tes vêtu.es de blanc, symbole de la paix. C’est la première fois à Abidjan qu’une marche de ce genre a lieu. On attend 300 personnes.

Les femmes ne demandent pas à être supérieures aux hommes mais juste à avoir la même place qu’eux.

Pourquoi le nom « Speak for her »  ?

Le nom « Speak for her » (parler pour elle ndlr) est partie d’une discussion avec cette femme de mon entourage qui a vécu des violences et m’a dit « je souffre mais je vais le dire à qui ? Qui va parler pour moi ? ». Elle cherche une personne qui va être garant.e de cette douleur. Cette phrase m’a marquée. Une autre phrase bien connue en Afrique dit que « les grandes douleurs sont muettes ». Je veux donc parler pour elle et je veux que les gens le fassent aussi mais aussi pour les jeunes filles mariées trop tôt, excisées, pour celles pour qui la scolarisation reste un combat. J’ai choisi une formulation en anglais car c’est l’une des langues les plus utilisées dans le monde. Mon objectif à long terme : créer une plateforme voire une fondation où ces femmes pourraient se réunir, se retrouver et où on puisse leur apporter toute l’aide nécessaire.

Il est important pour moi qu’il y ait aussi des hommes dans la campagne débutée en ligne et le jour de la marche, car bien que les violences soient exercées par les hommes, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Il y a aussi ce que j’appelle des vrais hommes, des défenseurs des femmes, qui leur donnent la valeur qu’elles doivent avoir, qui se comportent de façon noble avec elles. Les gens ont tendance à oublier que cela devrait être normal. C’est aussi une façon de remercier ces hommes.

Qui est-ce que vous attendez à la marche du 25 mai?

En plus des artistes, toutes les personnes qui se sentent concernées par la question : on pense à son enfant qui peut être violé, victime de harcèlement etc.

Pour en revenir au festival, vous avez déclaré en 2017 : « C’est l’occasion de venir découvrir ces talents qui brillent dans l’ombre, un univers autre que le coupé-décalé. Il est temps d’ouvrir les yeux et les oreilles un peu plus grand pour découvrir les merveilles dont regorge la Côte d’Ivoire. » Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Le public ivoirien est un public difficile, a tendance à plus accepter ce qui vient de l’extérieur. Aujourd’hui, on dirait que si tu fais pas de coupé-décalé, tu n’as pas ta place sur la scène musicale. Ici, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de place pour des vrais mélomanes avec des paroles, de la musique, de la recherche. Il y a d’autres choses qu’on doit exploiter, on n’a pas véritablement une coloration musicale, je trouve que notre musique s’exporte très mal comparée aux Naijas dont Wizkid programmé à Coachella l’an passé, à quel moment nos artistes pourront prétendre y être à l’affiche? Je n’ai rien contre le coupé-décalé mais je pense notamment aux médias qui ne prêtent pas attention à des artistes qui font autre chose que ça.

Je me souviens, après avoir fait mon album, j’ai démarché une grande radio nationale afin que mes chansons puissent y être passées et on m’a dit que pour que ça marche, il faudrait que je me mettre à faire du coupé-décalé. Mais les auditeurs n’écoutent que ce qu’on leur donne. Si on leur met aussi du zouglou, du jazz et autres, ils auront un choix plus éclectique.

Vous organisez également en clôture du festival une remise de prix.

La remise de prix est apparue à la seconde édition. Je suis très à l’écoute de ce que les gens disent pour améliorer le festival. Quelqu’un a dit après la première édition « si j’avais de l’argent, je t’aurais donné un prix » à l’adresse d’une des artistes qui venaient de faire une prestation exceptionnelle. Cette soirée est pour moi la partie la plus stimulante car quand on est artistes indépendant.es, on se sent aller à contre-courant et le découragement nous frappe souvent. Il est important de récompenser ces artistes qui, avec très peu de moyens, font des albums de meilleure qualité que d’autres plus visibles. Mais attention, il s’agit de récompenser sur le mérite et pas par copinage, contrairement à beaucoup d’événements qui ont lieu en Côte d’Ivoire. J’aimerais en faire un événement à part entière sur le long terme.

Je ne suis pas contre les artistes qui ont déjà de la notoriété, certain.es bossent dur mais je recherche une certaine équité entre les undergrounds et les plus commerciaux.

Je sais ce qu’on peut vivre quand on est artiste underground. On me demande parfois pourquoi je ne mets pas cet argent pour produire mes propres albums. Kajeem, artiste reggae ivoirien, m’a tendu la main à un moment où j’ai voulu tout laisser tomber et je trouve donc qu’il est primordial de se soutenir. Je veux aussi qu’on puisse se dire qu’on peut rêver grand, c’est aussi le message que j’envoie aux jeunes ou moins connues artistes qui partageront la scène avec Nayanka Bell, tête d’affiche, après ne pas être montée sur scène depuis de nombreuses années. Pour cette troisième édition, elle jouera ses classiques et défendra ses nouveaux titres. C’est tout de même une de nos divas, elle a contribué à placer très haut la musique ivoirienne.

J’aimerais qu’on puisse être récompensé.e aux Grammys. La seule ivoirienne à l’avoir été, c’est Dobet Gnahoré et ça fait longtemps ! (en 2010 ndlr)

Dobet Gnahoré a été marraine de la première édition, elle donne énormément pour les jeunes talents, je ne la remercierai jamais assez, elle est exceptionnelle ! Cette année, notre marraine est la directrice des Beaux-Arts d’Abidjan Mathilde Moraux.

Deux choses à voir absolument pendant le festival ?

L’exposition qui est un des temps forts, le 20 juin, lors de la première journée du festival. On abordera la question des violences faites aux femmes, de façon artistique en reprenant une des traditions liées à mes origines -je suis Bété de l’ouest de la Côte d’Ivoire. -J’en profite par ailleurs pour souligner que la jeunesse perd les traditions et comme dit Kajeem : « il faut avoir les pieds dans la tradition, la tête dans les satellites ».

Pour cette exposition, on se réunira autour d’un feu pour trouver une solution à un problème comme la tradition Bété l’exige. Ce sera un moment particulier et je dirais même que rater ce moment sera rater le cœur du festival. Egalement la cérémonie de récompense, qui me fait oublier toutes les difficultés quand je vois les femmes artistes émues aux larmes.

Un mot de la fin ?


Merci toutes les personnes qui m’aident avec peu de moyens et m’accompagnent depuis Culture Riche, Iris Medias, médias dirigés par des femmes comme Ayana Webzine aussi depuis le départ. Dire merci à tous les festivaliers venus aux deux dernière éditions et reviendront j’espère à la 3ème.

Awori, Meryl, Leys, Diva : les concerts du Fraiches Women festival sont là !!

Comme lors de la première édition, le Fraîches Women Festival clôture sa journée de discussions et d’ateliers par une soirée présentant le meilleur de la scène afro, locale et internationale.

Talents de la scène rap et dancehall, ambiance soulful et afro… prévoyez vos meilleurs moves, ça va kicker et whiner sec !

Vous pouvez prendre vos billets ici – et retrouver toute la programmation, en scrollant jusqu’en bas- : bit.ly/FraichesWomenfestival2

Awori (FR/Ouganda)

On avait eu la chance de la découvrir et de la voir jouer au sein de Kami Awori. Aujourd’hui, Awori poursuit sa carrière de vocaliste à la voix de velours inspirée en solo. La chanteuse, rappeuse, compositrice, porte en elle des influences diverses allant de l’Afrique de l’Est d’où elle est originaire, jusqu’à la Caraïbe, en passant par les productions des diasporas afros en Europe et aux Etats-Unis. Un véritable panafricanisme musical fait de Soul, R&B, Hip Hop et rythmiques ougandaises, le tout chanté en anglais, luganda ou swahili.

Leys (FR/Reims)

La rappeuse Leys poursuivra l’inauguration de la soirée. Basée à Reims, elle s’est fait remarquer en passant dans le Cercle, l’émission rap du rappeur Fianso ou encore sur OKLM, la radio de Booba, dans l’émission de Jacky.

Depuis, elle a fait la première partie de Kery James. Leys est l’un des espoirs d’une scène rap française qui se diversifie toujours plus !! Venez la (re)découvrir.

L’un de ses derniers titres

Meryl (FR/Martinique)

C’est l’une des révélations musicales de ces derniers mois. Ce sera son premier concert en France hexagonale. Croisée aux côtés de Timal,

mélodiste pour la rappeuse Shay -oui, oui-, son talent et sa musicalité en font l’une des chanteuses/rappeuses les plus agiles et douées de sa génération. Le succès de son dernier titre « Béni » ou de « Band sot » le prouve : elle excelle tant en toastant qu’en chantant. 
Préparez-vous, ça va être le 🔥

Le tout premier clip de Méryl en solo https://www.youtube.com/watch?v=YPvFIdn8E8Q

Diva (DJ set-FR/UK)

Diva vient spécialement de Londres pour distiller ses meilleures tracks, captées des quatre coins de l’espace afrodiasporique. Hip-Hop, soul, afro ou encore latin vibes, elle nous fait l’honneur de clôturer la soirée de cette deuxième édition de festival. Vous ne pourrez pas ne pas danser.


EDITO : #FraichesWomen2019 Noire, femme, créative : l’éternelle injonction à l’excellence?

2018 s’est terminée sur des notes plutôt positives pour L’Afro. L’un des points d’orgue de cette année écoulée a été d’organiser la première édition du festival Fraîches Women le 6 mai 2018. Une nouvelle expérience pour nous, dont nous avons appris beaucoup -des réussites, comme des choses à améliorer- et pour laquelle on a eu besoin de temps pour se remettre. On remercie d’ailleurs toutes celles et ceux qui ont pris le temps de nous faire leur retour, de nous donner des conseils précieux qui nous ont permis de préparer l’édition 2.

Elle se tient samedi 11 mai, toujours à La Marbrerie à Montreuil.

A travers la première série de portraits qui a donné le nom à notre festival, il s’agissait de dire que les voix de la moitié de la planète méritent d’être vues et surtout entendues, dans son ensemble. Un peu comme lorsqu’au cours de la marche #NousToutes le 24 novembre dernier, une manifestation pacifique et silencieuse pour adresser les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, des voix se sont élevées pour dire #NousAussi et pointer que ces violences « sont [aussi]une expérience inséparable du racisme, du validisme, de la précarité ». Les retours que vous nous avez faits, les réactions aux articles ici et sur nos réseaux sociaux nous ont donné envie de reprendre, pour une seconde fois, cette série de portraits de femmes « diverses dans leurs diversités ». D’enfoncer le clou. Pour cette deuxième édition, on a décidé de questionner la « black excellence ».

« L’excellence noire », un concept tout droit venu des États-Unis consiste à prôner la réussite, à mettre en avant des modèles aux parcours jugés exemplaires et la promotion d’une élite noire, rendant fière toute une communauté. Le rappeur, producteur et
désormais avant tout businessman Diddy s’en est fait le fer de lance depuis un an. Rihanna, Naomi Campbell, Spike Lee, Jay-Z -avec qui il avait annoncé en mars 2018 vouloir lancer une application pour promouvoir les entreprises dont les propriétaires sont noir.es-, autant de figures noires ayant atteint des sommets dans leurs domaines respectifs, pour bon nombre parti.es de loin et parfois présenté.es comme « self-made », inspirant potentiellement des millions d’autres, illustrent son compte Instagram. Le storytelling sur papier et dans les esprits fait rêver …

Mais ce club de la « black excellence » semble quelque peu fermé ; qui juge qui peut y entrer ? Quels sont les critères pour y accéder ? Y a-t-il de la place pour des erreurs de parcours ? Et si on n’en est pas, est-on finalement médiocres ? A-t-on même le droit à la médiocrité ? Quid de la méritocratie ? Ces questions méritent d’être posées. Qui plus est quand on parle de femmes noires. La charge mentale, le syndrôme de la femme potomitan se devant de toujours supporter plus, sans jamais se plaindre, de toujours tout bien gérer, de rester au top niveau  et encore mieux, avec le sourire. Difficile de laisser de la place pour la vulnérabilité qui demeure encore dans certains esprits un signe de faiblesse.

Les 8 Fraîches Women 2019 De gauche à droite : Laura Georges, Gisèle Mergey, Annie Melza Tiburce, Paule Ekibat, Jeannine Fischer Siewe, Jessica Gerondal Mwiza, Anne Sanogo, Laurie Pézeron.

Si au coeur du projet photo et événementiel Fraîches Women, réside l’idée d’entrelacer des récits de vie, de réussites, le but, nous tenons à le rappeler, n’est en aucun cas de présenter des parcours exceptionnels et inspirants pour les mettre en opposition à d’autres qui le seraient moins. Ce n’est pas non plus de remplacer le patriarcat par un pendant féminin. Le pouvoir reste le pouvoir.

Les 8 #FraîchesWomen que nous avons réuni pour cette seconde édition sont africaines, caribéennes, ou sont nées et ont grandi en France. Avocate, militante, entrepreneure, ex-footballeuse. Certaines étaient familières avec le concept de l’excellence noire, d’autres n’en avaient jamais entendu parler. Nous leur avons demandé de nous faire part de leur point de vue à ce sujet et avons retracé leurs parcours. En les lisant, vous découvrirez 8 femmes aux carrières bien distinctes, qui ont fait beaucoup de chemin et ne manquent ni de ressources ni de projets.

Un merci tout particulier à Ozal Emier, la photographe qui a mis sa touche si particulière et a produit cette belle salve de portraits.

Un grand merci également au bar Monsieur Zinc à Odéon qui nous a permis d’investir son beau sous-sol une fois de plus le temps d’un shooting et nous a mis bien !

Nous vous donnons rendez-vous les prochains lundi, mercredi et vendredi pour vous laisser faire connaissance avec Anne, Annie, Gisèle, Jeannine, Jessica, Laura, Laurie et Paule que l’on tient à remercier pour avoir accepté de jouer le jeu de la pose et des questions/réponses.

Bonne lecture et vivement que l’on puisse poursuivre cette conversation sur les internets et IRL !

Adiaratou et Dolores, L’Afro team

A propos de la photographe Ozal Emier

« Ozal Emier est née en 1986 à Paris, par un froid matin de février. Après une première vie de journaliste, elle bascule dans le cinéma et la réalisation. En 2015, elle co-écrit et co-réalise son premier court-métrage, Métropole – récit de l’exil d’un Antillais en métropole -, puis réalise en 2018 La Nuit d’Ismael, errance nocturne d’un immigré marocain et de deux Parisiens. En parallèle, elle travaille comme assistante à la mise en scène sur des tournages. Son intérêt pour l’image et le cadre l’ont amenée à aussi pratiquer la photographie, nourrie par des photographes tels que Saul Leiter, Harry Gruyaert ou encore Vivian Sassen. Dans son écriture, ses films et ses photos, la question de l’entre-deux, social, culturel et identitaire est prépondérante. Depuis 2016, elle poursuit un travail photographique autour de son jeune frère, «La vie d’Emmett ».Une partie de ce projet a été exposée en janvier 2017 au Théâtre El Duende à Ivry-sur-Seine dans le cadre du festival Traits d’Union. » A découvrir sur Vimeo et Instagram